Embranchement d’animaux marins fixés, filiformes, pourvus de nombreux tentacules.
Les Pogonophores sont des Invertébrés marins, deutérostomiens et épithélioneuriens, à système nerveux dorsal, dont le corps est divisé en trois parties : le protosome, le mésosome et le métasome. D’allure filiforme, ils sont sédentaires et vivent dans des tubes qu’ils sécrètent ; ils sont dépourvus d’appareil digestif, mais ont des tentacules qui assurent la prise des aliments et la digestion.
Description
Les Pogonophores (du gr. pôgôn, barbe, et phorein, porter, allusion aux tentacules nombreux chez beaucoup d’espèces) forment un embranchement de découverte récente. Le Français Maurice Caullery (1868-1958) en décrivit la première espèce en 1914 ; de nouvelles récoltes permirent d’établir l’embranchement dès 1937, mais l’élude moderne du groupe est due essentiellement au Russe A. V. Ivanov (né en 1906), qui, depuis 1949, a décrit les récoltes du navire océanographique Vitiaz.
La taille des Pogonophores varie de 5 à 25 cm, et leur diamètre de 0,1 à 2,5 mm. Tous vivent dans un tube formé de lamelles concentriques, constitué soit par un mélange d’une substance voisine de la chitine et de scléroprotéines chez certaines espèces, soit par de la tunicine, substance voisine de la cellulose, chez d’autres espèces. Leur corps comprend : le protosome antérieur, ou lobe céphalique, qui porte les tentacules, au nombre de 1 (chez Siboglinum) à 200 ; le mésosome, muni de côtes saillantes, ou frenulum, qui permettent à l’animal de s’accrocher dans son tube ; le métasome, très long, avec des rangées régulières de papilles adhésives qui donnent une fausse impression de segmentation. En réalité, l’étude anatomique et embryologique des Pogonophores montre que ceux-ci possèdent trois métamères munis chacun d’un cœlome. L’œuf donne une larve qui se développe dans le tube maternel ; très tôt, cette larve présente une subdivision en trois parties, correspondant au corps de l’animal adulte. Cette structure correspond tout à fait au type Stomocordé. Le cœlome du protosome est impair ; celui du mésosome et celui du métasome sont pairs.
Le système nerveux est entièrement situé sous l’épithélium, et le cerveau est en position dorsale : les Pogonophores sont des épithélioneuriens, comme les Stomocordés et les Échinodermes. L’appareil circulatoire est clos, et les sexes sont séparés. Le caractère le plus original est sans doute l’absence de tube digestif, ce qui est unique chez les animaux non parasites. La bouche et l’anus font totalement défaut. Les besoins en nourriture semblent pourtant très grands ; en effet, les œufs sont très riches en vitellus, les glandes qui fabriquent le tube ont une activité intense, et la croissance semble se continuer même chez l’adulte. Les tentacules, en se plaçant les uns à côté des autres (le tentacule unique de Siboglinum s’enroule en hélice), forment un tube. Chaque tentacule est un prolongement de la paroi du corps, qui contient un canal cœlomique en relation avec le cœlome du premier segment. Sur la face interne des tentacules se trouvent des rangées de pinnules, chaque pinnule étant constituée par le prolongement d’une cellule et parcourue par deux vaisseaux sanguins. Étant fixes, les Pogonophores se nourrissent des petits animaux du plancton et des détritus amenés par le courant d’eau créé par les gouttières ciliées des tentacules. Les pinnules jouent le rôle d’un filtre qui retient les particules alimentaires, et les enzymes digestives sont sécrétées par des cellules glandulaires. Les tentacules et leurs pinnules rappellent ainsi beaucoup l’intestin et ses villosités.
Affinités
Les Pogonophores, par leur anatomie et leur développement, sont des deutérostomiens ; leur cœlome tri-segmenté et leur système nerveux sous-épithélial en font des animaux apparentés aux Stomocordés et aux Échinodermes. La possession de tentacules, la disparition du tube digestif, l’absence de fentes branchiales et de stomocorde sont des caractères suffisamment originaux pour que ces animaux soient isolés dans un embranchement spécial.
Les Pogonophores sont connus à l’état fossile dès le Cambrien et le Silurien ; dans les roches des environs de Leningrad, on a pu dégager des tubes de Sabellidites et de Hyolithellus qui sont des Pogonophores incontestables.