En gr. Aristophanês, poète comique grec (Athènes v. 445 - † v. 386 av. J.-C.).
La vie privée des écrivains anciens est souvent voilée d’ombre, et celle du plus grand poète comique grec, Aristophane, nous échappe presque entièrement. On sait qu’il est Athénien de naissance, fils de Philippos, du dème de Kydathénée, de la tribu Pandionis, et de Zénodora. Sans doute passe-t-il une bonne partie de sa jeunesse à la campagne (à Égine ?), où il puise ce goût du terroir et des choses rustiques qui transparaît dans toutes ses pièces. Peut-être fréquente-t-il la jeunesse dorée d’Athènes, dont les Cavaliers se font l’écho. En 427, à quelque dix-huit ans, il donne sa première comédie, aujourd’hui perdue, les Convives.
Si la vie d’Aristophane ne permet pas d’éclairer son œuvre, cette œuvre même est riche en précisions. Un vers de la Paix nous apprend que le poète était chauve à trente ans. Les Cavaliers mettent en scène son principal adversaire, Cléon : on connaît ainsi ses options politiques. L’année suivante, Aristophane brise des lances contre Socrate et les sophistes (les Nuées) : s’il les raille, il faut en déduire qu’il connaît trop bien leurs procédés pour avoir toujours échappé à leur ascendant. N’étant inféodé à aucun parti, ayant en horreur les démagogues, il est avant tout partisan de la paix (les Acharniens, la Paix, Lysistrata) et respectueux de la tradition. On peut se représenter le poète, par-delà les traits acérés de son théâtre, comme un conservateur résolu, amoureux de l’ancien ordre de choses.
L’image d’Aristophane ne serait pas complète sans une référence au Banquet de Platon. Ce dernier le représente joyeux convive et charmant causeur, uniquement occupé de Dionysos et d’Aphrodite.
L’œuvre
Les Anciens attribuaient quarante-quatre comédies à Aristophane, mais la plupart ne nous sont connues que par des fragments. Onze seulement nous sont parvenues intégralement — chiffre notable en comparaison de ce que nous avons conservé de la production des tragiques. En 425, les Acharniens sont un plaidoyer pour la paix. L’année suivante, le poète donne une autre pièce politique, les Cavaliers, considérée comme son chef-d’œuvre. Les Nuées, avec leur charge caricaturale de Socrate, datent de 423, et sont suivies des Guêpes, satire de l’organisation judiciaire d’Athènes. La Paix (421) est le tableau enthousiaste de la fraternité entre les peuples et des bienfaits qui en résultent. À la fantaisie des Oiseaux (414) succède, trois ans plus tard, une comédie au sujet scabreux, Lysistrata, contre la guerre. Aux deux comédies littéraires, les Thesmophories (411) et les Grenouilles (405), font suite l’Assemblée des femmes (392) et Plutus (388), qui s’attarde sur l’injuste répartition des richesses. Toutes ces pièces furent jouées lors des fêtes religieuses des Lénéennes ou des Dionysies. Leur auteur, pour autant qu’on le sache, remporta le plus souvent le premier ou le second prix, exception faite pour les Nuées, qui n’eurent aucun succès.