Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Paris (suite)

La troisième phase est celle que vit Paris depuis 1950 environ. La construction a totalement répudié le répertoire du passé et s’engage sur la voie du verticalisme. Parmi les créations les plus typiques figurent le palais de l’Unesco, la maison de la Radio, les immeubles-tours du Front de Seine, dans le XVe arrondissement (logements), l’ensemble Maine-Montparnasse (bureaux et logements) et, surtout, l’ensemble formé par le « forum » correspondant aux anciennes Halles et par le Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou.

B. de M.

➙ France [l’art français] / Île-de-France / Louvre.

 G. Huisman, Pour comprendre les Monuments de Paris (Hachette, 1925). / J. Hillairet, Évocation du vieux Paris (Éd. de Minuit, 1952 ; nouv. éd., 1953-54, 3 vol.) ; Dictionnaire historique des rues de Paris (Éd. de Minuit, 1963-1972 ; 3 vol.). / Y. Christ, Églises de Paris (Éd. des Deux Mondes, 1956). / A. Boinet, Les Églises parisiennes (Éd. de Minuit, 1958-1964 ; 3 vol.). / P. M. Duval, Paris antique, des origines au iiie siècle (Hermann, 1961). / J. Wilhelm, Paris au cours des siècles (Hachette, 1962). / M.-L. Biver, le Paris de Napoléon (Éd. d’histoire et d’art, 1963). / M. Gallet, Demeures parisiennes. L’époque de Louis XVI (Éd. du Temps, 1964). / P. Lavedan, Nous partons pour Paris (P. U. F., 1964). / J.-P. Babelon, Demeures parisiennes sous Henri IV et Louis XIII (Éd. du Temps, 1965). / G. Huisman et G. Poisson, les Monuments de Paris (Hachette, 1966). / J. Silvestre de Sacy, Y. Christ et P. Siguret, le Faubourg Saint-Germain (Éd. des Deux Mondes, 1966). / B. Champigneulle, Paris, architectures, sites et jardins (Éd. du Seuil, 1973). / P. et M.-L. Biver, Abbayes, monastères et couvents de Paris des origines à la fin du xviiie s. (Éd. d’histoire et d’art, 1970). / A. Chastel, Paris (A. Michel, 1971). / M. Cornu, la Conquête de Paris (Mercure de France, 1972). / L. Hautecœur, Paris, (Nathan, 1972 ; 2 vol.). / M. Fleury, A. Erlande-Brandenbourg et J.-P. Babelon, Paris monumental (Flammarion, 1974). / G. Wilander, Paris (Larousse, 1974).

Paris (école de)

Groupe de compositeurs étrangers, en majorité originaires d’Europe centrale, fixés à Paris après la Première Guerre mondiale.


Attirés par la France et son esthétique, ces compositeurs ont contribué en beauté au rayonnement de la vie musicale de l’entre-deux-guerres, et certains d’entre eux ont continué à œuvrer à Paris jusqu’à nos jours. Un premier groupe de quatre musiciens, comprenant le Tchèque Bohuslav Martinů*, le Roumain Marcel Mihalovici, le Hongrois Tibor Harsányi et le Suisse Conrad Beck, se réunit aux environs de 1927-28. Albert Roussel* les surnomma « les Constructeurs », soulignant ainsi leur esthétique d’alors, d’essence néo-classique. Par la suite, d’autres compositeurs se joignirent à ce noyau : le Russe Aleksandr Nikolaïevitch Tcherepnine, l’Autrichien Alexander Spitzmüller et le Polonais Alexandre Tansman.

L’association de concerts « le Triton » fut, jusqu’en 1940, la tribune privilégiée de l’école de Paris, qui se disloqua peu à peu : Beck était rentré en Suisse dès 1933, Martinů et Tansman émigrèrent aux États-Unis en 1940, suivis par Tcherepnine en 1946. Trois d’entre eux sont morts : Harsányi, Martinů et Spitzmüller. Mihalovici et Tansman ont acquis la nationalité française, qu’un fonctionnaire peu mélomane avait en son temps refusée à Harsányi sous prétexte qu’il exerçait une profession « socialement inutile » (!). Martinů domine de toute la hauteur de son génie cette première école de Paris, dont il était du reste l’aîné. Si la musique d’Harsányi (1898-1954) est tombée fort injustement dans l’oubli, Marcel Mihalovici (né en 1898) jouit d’une notoriété mondiale, justifiée par une œuvre de haute tenue, abordant tous les genres. Les influences de Brahms* et de Reger se mêlèrent chez lui à celle de d’Indy*, dont il fut l’élève, mais ce contrapuntiste solide et parfois austère a su corriger son intellectualisme par le sourire de mainte inflexion mélodique empruntée à sa Roumanie natale. Surtout, il a su évoluer avec son temps, écrire une musique qui n’a rien de passéiste. Cinq symphonies, plusieurs opéras, une abondante production de musique de chambre illustrent sa fécondité. Celle d’Alexandre Tansman (né en 1897) est plus considérable encore, et ses œuvres se comptent par centaines : ici aussi ce sont les symphonies (huit à ce jour) et la musique de chambre qui dominent, mais Tansman a également écrit de nombreuses œuvres vocales et chorales d’inspiration religieuse (Isaïe le prophète, Sabbataï Zévi, le faux Messie, etc.). Dès ses premiers ouvrages révélés à Paris vers 1930, il s’était fait remarquer par un langage harmonique d’une originalité et d’un raffinement exceptionnels, et s’il n’a pas toujours su éviter l’influence de Stravinski*, qu’il a bien connu en Amérique et dont il a écrit une excellente biographie, il échappe toujours à la sécheresse inhérente au néo-classicisme grâce à un chaleureux lyrisme. Conrad Beck (né en 1901), quant à lui, est foncièrement un Alémanique, qui a surtout subi à Paris l’ascendant de son aîné et compatriote Arthur Honegger*, lequel a heureusement corrigé ce que le germanisme de Beck pouvait avoir d’exagérément touffu. Les sept symphonies, les innombrables pages concertantes et de musique de chambre, les deux grands oratorios (dont l’un d’après Angelus Silesius et l’autre intitulé la Mort à Bâle) placent Beck au premier rang des compositeurs helvétiques. Parisien occasionnel, Aleksandr Nikolaïevitch Tcherepnine (né en 1899), fils et père de compositeurs, éminent pianiste, est avant tout un citoyen du monde, et si l’on retrouve dans son œuvre le souvenir de la liturgie orthodoxe et du folklore géorgien, il a aussi intégré à son langage des éléments chinois (il a vécu en Chine, pays de son épouse). Des procédés comme l’échelle de neuf sons ou l’« interpoint » assurent l’originalité d’un langage qu’illustrent une centaine de partitions, dont six concertos pour piano, quatre symphonies et trois opéras. Quant au Viennois Alexander Spitzmüller (1894-1962), ce fut un musicien tout de finesse et d’esprit.