Painlevé (Paul) (suite)
L’homme politique
Consulté en 1910 par le Parlement, Painlevé obtient le premier vote de crédits pour l’aviation. La même année, il est élu député de la Seine, département qu’il représentera jusqu’en 1928 ; à cette date, il deviendra député de l’Ain. Il s’inscrit à la Chambre au groupe républicain socialiste et montre, à la tribune, ses qualités de savant : puissance de travail et assimilation. Dès octobre 1915, son ami Briand*, formant son cinquième cabinet, l’appelle à l’Instruction publique, ministère qui comporte alors les « inventions concernant la défense nationale » ; pendant quatorze mois (chute de Briand, 12 déc. 1916), Painlevé organise une véritable mobilisation des savants et des laboratoires ; grâce à lui, les fabrications de guerre bénéficient de l’apport d’inventions multiples. Alexandre Ribot, en mars 1917, l’appelle au ministère de la Guerre. Painlevé n’a pas confiance en l’offensive de Nivelle ; il le dit ! Cependant, certains, plus tard, lui reprocheront de l’avoir « couverte » ; il se défendra en précisant que ce fut lui qui remit à Foch et à Pétain les rênes du commandement. Ribot tombé (7 sept. 1917), Painlevé le remplace à la présidence du Conseil tout en gardant le portefeuille de la Guerre ; mais l’autorité de son gouvernement est trop faible pour triompher de la grave crise que traverse alors la France ; dès le 16 novembre, Clemenceau* remplace Painlevé. Celui-ci contribue activement, en 1924, au triomphe du Cartel* des gauches, dont il est, avec Édouard Herriot*, le chef. Cette action lui vaut même d’être élu président de la Chambre (juin 1924 - avr. 1925), mais le Congrès lui préfère Gaston Doumergue lors de l’élection à la présidence de la République (13 juin 1924).
Le 17 avril 1925, Painlevé revient au pouvoir. On compte beaucoup, au lendemain de la chute d’Herriot, sur ce deuxième cabinet Painlevé : le président du Conseil est connu pour sa hardiesse ; il en donne une nouvelle preuve en appelant Joseph Caillaux* aux Finances ; mais le « miracle Caillaux » n’a pas lieu, et Painlevé démissionne le 27 octobre 1925. Il se succède à lui-même (29 oct.), troquant le portefeuille de la Guerre contre celui des Finances ; un mois après, il passe le pouvoir à Briand, qui, en matière financière, va, lui aussi, en être réduit aux expédients. Dans ce huitième cabinet Briand (nov. 1925 - mars 1926), Painlevé assume encore la Guerre, comme dans les neuvième et dixième cabinets Briand (9 mars - 15 juin 1926 et 23 juin - 17 juill. 1926), le deuxième cabinet Herriot (19-21 juill. 1926), le « grand » ministère Poincaré — celui des « présidents » — (23 juill. 1926 - 6 nov. 1928), le cinquième cabinet Poincaré (11 nov. 1928 - 27 juill. 1929) et le onzième cabinet Briand (29 juill. - 22 oct. 1929).
Ce long séjour rue Saint-Dominique lui permet d’accomplir plusieurs réformes importantes dans l’armée française ; en 1928, le service militaire est réduit à un an. En mars 1927, sous l’égide de Painlevé, est votée la loi Paul-Boncour, sur l’organisation de la nation en temps de guerre, loi qui restera dix ans en instance devant le Sénat. Ministre de l’Air dans le cabinet Steeg (déc. 1930 - janv. 1931), Painlevé l’est de nouveau dans le troisième cabinet Herriot (3 juin - 14 déc. 1932) et le cabinet Paul-Boncour (18 déc. 1932 - 28 janv. 1933). À la chute de ce dernier ministère, l’état de santé de Painlevé le contraint à se retirer complètement des affaires publiques ; il préside alors l’Institut international de coopération intellectuelle. Le 4 novembre 1933, Painlevé aura des obsèques nationales, qui seront suivies de son inhumation au Panthéon.
P. P.