aigle royal
Tournoyant très haut dans le ciel, l'aigle royal explore son vaste domaine. Parmi plus de 300 espèces de rapaces diurnes, il est sans doute celui qui incarne le mieux l'oiseau de proie. L'homme, qui l'a longtemps pourchassé, cherche maintenant à préserver ce superbe oiseau au regard fier et à l'envergure impressionnante.
Introduction
Il est plus courant de découvrir des restes de mammifères ou des coquilles de mollusques que des traces fossiles, même fragmentaires, d'oiseaux. Car la structure délicate de leur squelette, leurs os creux et la fragilité de leurs plumes ne permettent pas une bonne fossilisation. Cela explique pourquoi l'étude phylogénétique, c'est-à-dire la détermination des modalités de l'évolution des oiseaux, n'est pas aisée. Toutefois, certains des matériaux fossiles existants ont conduit les paléontologues à établir des affinités entre les rapaces et les cigognes, ibis et hérons (ciconiiformes) et, de façon plus éloignée, avec les pélicans (pélécaniformes).
Les ancêtres primitifs des rapaces font leur apparition entre 63 et 36 millions d'années avant notre ère. En ces temps reculés vivent des rapaces d'une taille impressionnante, parfois inaptes au vol, tel Diatryma, dont l'aspect rappelle celui d'une autruche et qui habite les plaines d'Amérique voici 60 millions d'années. Avec son énorme bec, crochu et acéré, et sa taille (2,10 m), il est sans doute un prédateur redoutable. De l'oligocène au pliocène (de - 36 à - 2 millions d'années), de nombreuses espèces d'oiseaux existant encore voient le jour. Parmi celles-ci des rapaces, et peut-être l'aigle royal, ou du moins une forme voisine de celle que nous connaissons. Résultat d'une longue évolution, l'aigle royal, après avoir traversé avec succès les bouleversements climatiques du pléistocène (de - 2 millions d'années à - 10 000 ans), a été confronté, à notre époque, à des dangers qui l'ont mis en péril.
Présent sur quatre continents, l'aigle royal a longtemps été chassé par l'homme. Il a dû supporter et il subit encore les ravages de l'agriculture intensive et de ses moyens chimiques (dont le DDT, qui s'accumule dans les tissus, provoquant une baisse dramatique de la fécondité) ; ces produits ont causé des dégâts considérables sur les populations de rapaces. De nombreux pays ont adopté une législation interdisant les pesticides les plus nocifs. Ces mesures seront-elles suffisantes pour que l'aigle continue à tracer ses orbes superbes dans le ciel ?
La vie de l'aigle royal
Soudain, tel un projectile, l'aigle fond sur sa proie
Comme tous les rapaces, l'aigle sait économiser ses forces et son énergie. Il ne passe pas plus de temps qu'il nest nécessaire à chasser. Tout d'abord, il attend que les rayons du Soleil aient suffisamment réchauffé le sol ; l'augmentation de la température provoque alors l'apparition de courants d'air chaud ascendants qui lui permettent de s'élever en planant, ailes largement étendues.
L'exploration méthodique du territoire peut commencer. Ayant choisi un secteur propice, l'aigle amorce une descente en spirale, guettant le moindre mouvement qui trahirait une proie, grâce à une acuité visuelle remarquable. En montagne, il profite au mieux des escarpements du relief pour surgir à l'improviste. Dans la taïga, il apparaît brutalement au détour d'une clairière, comptant sur l'effet de surprise, gage du succès. S'il lui arrive de se lancer sur un oiseau en plein vol, il préfère la capture à terre. Il est rare que l'aigle pique directement du haut du ciel, peu fréquent qu'il fonde depuis un arbre après être resté à l'affût.
Quand les aigles chassent en couple, l'un des deux effraye les proies pour que l'autre, prêt à l'attaque à 100 ou 200 m en arrière, profite de la panique que son rabatteur aura su créer. En l'absence d'ascendances thermiques, la prospection se limite à un vol battu plus près du sol.
Un frémissement imperceptible vient de trahir la présence d'un lapin ou d'une marmotte : l'aigle accélère ses battements d'ailes, abaisse sa trajectoire, vole en rase-mottes. La future victime tente une fuite éperdue. Trop tard ! Les pattes puissantes, munies de formidables serres acérées ont frappé en un éclair... L'aigle victorieux trône sur sa proie, ailes écartées, bec ouvert.
Quand il pleut ou quand il neige, la chasse est intermittente ou, même, cesse totalement. Elle s'intensifie, au contraire, durant l'élevage des jeunes. Mais cet accroissement des besoins correspond à la belle saison, lorsque les victimes abondent. L'aigle chasse de préférence les mammifères et les oiseaux. Les mammifères – lapins, lièvres, rats, marmottes, hérissons, sousliks (petits rongeurs des steppes orientales) ou chevreuils – représentent tantôt près de 95 % des proies, tantôt un peu plus de 20 % à peine, selon les saisons ; ces pourcentages varient de près de 80 % à environ 19 % en ce qui concerne les tétraonidés, c'est-à-dire les lagopèdes et les coqs de bruyère. Les proportions de ces gibiers varient également, de façon notable, selon les régions. Les tétraonidés, par exemple, représentent environ 26 % du total des proies en Écosse, et plus de 60 % en Finlande.
L'aigle royal capture parfois des passereaux, des canards, des grues. Mais il ne se contente pas de ces proies vivantes. Dans les massifs montagneux, au printemps, les aigles explorent les couloirs d'avalanches où le dégel dégage les carcasses de chamois ou de bouquetins tués au cours de l'hiver. À ces charognes (38 % du poids de la nourriture en Écosse) s'ajoutent les prises de poissons, de lézards, de vipères ou même de tortues. L'aigle royal enlève ces dernières dans les airs avant de les lâcher au-dessus de rochers où leur carapace se brise.
L'aigle ne peut emporter une victime dont le poids est supérieur au sien, soit 6,350 kg pour les femelles les plus lourdes. L'enlèvement d'enfants ou de moutons appartient donc à la légende.
Plus d'échecs que de réussites
Il est fréquent que les animaux qu'il poursuit le déroutent et, pour ne pas gaspiller ses forces, il abandonne alors sa traque. Sa robustesse lui permet heureusement de jeûner sans danger plusieurs jours de suite.
En temps normal, l'aigle royal consomme, chaque jour, une moyenne de 230 g de nourriture ; soit un total annuel de 84 kg, ce qui correspond à 214 kg de captures.
Un territoire pour la vie
Le choix et l'occupation d'un territoire sont pour l'aigle essentiels. De sa possession dépendent ses ressources alimentaires et la possibilité de se reproduire, l'aigle ne choisissant une compagne, généralement, qu'après avoir trouvé ce territoire.
Des études menées en Europe et aux États-Unis ont montré que l'étendue du territoire varie en fonction de la richesse locale en proies et, dans les zones montagneuses, des sites de nidification disponibles. Elle est ainsi de 43 à 94 km2 en Écosse, de 49 à 153 km2 en Californie, mais de 73 km2 dans l'Idaho, de 172 km2 dans le Montana et de 300 km2 dans les Alpes suisses ; dans les Alpes françaises, elle varie de 225 à 625 km2 (soit 14 fois plus qu'en Écosse).
Un territoire n'est jamais exploité ou défendu en totalité et plusieurs d'entre eux peuvent avoir, à leur périphérie, des zones communes. À l'intérieur du territoire, les aigles ne prospectent de façon systématique qu'un secteur central, appelé territoire de chasse. Celui-ci couvre de 20 à 40 km2, parfois seulement de 10 à 12 km2, ce qui représente environ de un tiers à un cinquième du territoire total. La surface des territoires et le nombre limité d'aigles rendent exceptionnels les rencontres et les affrontements.
La distance entre les aires, ou nids, occupées par deux couples d'aigles royaux est en moyenne de 5 km. Elle dépend de la taille des territoires. Dans les Alpes françaises, elle varie de 3,8 à 25 km. Dans l'Idaho (États-Unis), J.J. Beecham et M.N. Kochert ont noté, pour 56 aires occupées, des distances comprises entre 800 m (exceptionnel) et 16 km.
Les aigles royaux s'unissant souvent pour la vie, sauf accident, un couple d'aigles garde son territoire plusieurs années consécutives. À la mort de l'un des partenaires, le survivant, surtout s'il s'agit du mâle, conserve ses droits de propriété sur le territoire du couple.
Un choix de plusieurs nids sur le territoire
Le couple, une fois établi, construit une ou plusieurs aires, distantes entre elles de quelques mètres à 5 ou 6 km.
Année après année, le couple privilégie une aire ou il alterne celle-ci avec une autre, à moins qu'il n'en réapprovisionne deux ou trois avant le choix définitif de la femelle. C'est elle aussi qui en dirige, tout en y participant, la construction et l'entretien. Les branchages sont ramassés au sol ou brisés sur les arbres. L'aigle fond sur l'arbre et agrippe une branche de ses serres. Sous la charge, la branche cède. Mais elle résiste parfois à ce premier assaut... Le travail de finition consiste à disposer des feuillages frais au sommet du nid. Cette tâche dure 3 ou 4 mois.
À l'origine, l'édifice mesure une quarantaine de centimètres d'épaisseur pour un mètre de diamètre, mais, au fil des années et si le support s'y prête, il atteint deux ou trois mètres de diamètre et de deux à quatre mètres de haut. Les aires sur une corniche rocheuse ne prennent jamais les proportions de celles qui, bâties sur un arbre, s'élèvent, à loisir, dans l'espace. Le record : 5,2 m de hauteur sur 1,3 m de diamètre... Les gros nids pèsent des centaines de kilos.
Les aires qui ne sont pas retenues pour la nidification sont utilisées à d'autres fonctions. Les aigles peuvent y passer la nuit, s'y reposer pendant la journée ou en faire des charniers où la nourriture excédentaire est stockée. La distance la plus importante relevée entre le point de capture d'une proie et l'aire est de 16 km.
Le temps des parades
Le temps des parades
Pour élire une partenaire ou honorer sa compagne, l'aigle la courtise en plein ciel. Ces jeux nuptiaux commencent aux beaux jours de l'hiver quand les ascendances thermiques sont favorables. Le couple s'élève en spirale et vole ailes étendues. Les grandes plumes se frôlent parfois. Soudain, le mâle gagne en altitude avant de piquer sur la femelle, ses ailes à moitié repliées, simulant l'attaque. Sur sa lancée, il reprend de la hauteur et recommence à plusieurs reprises ce manège. La femelle bascule sur le dos et feint de parer de ses serres ce semblant d'assaut. Parfois, elle agrippe, un instant très bref, les serres du mâle. Selon les régions, ces parades spectaculaires cessent en janvier ou se prolongent jusqu'en mars-avril.
Protégés par leurs parents pendant trois mois
La femelle de l'aigle pond de début de mars aux premiers jours d'avril, selon les latitudes. Les œufs, de 130 à 160 g chacun, sont peu nombreux : soit un seul, soit deux (dans un cas sur quatre), exceptionnellement trois ou quatre. Les œufs sont pondus un par un, à trois ou quatre jours d'intervalle.
La femelle, dotée d'une plaque incubatrice, assure l'incubation. Si elle décide de chasser, le mâle peut couvrir les œufs, mais tous ne le font pas.
Lorsque la femelle s'absente, il arrive qu'un grand corbeau détruise les œufs. La femelle peut alors recommencer à pondre. Cette « ponte de remplacement », qui existe aussi chez certains autres oiseaux, n'est pas systématique chez l'aigle. On a observé qu'elle peut aussi intervenir lorsque l'œuf pondu est clair, c'est-à-dire non fécondé.
Chaque œuf a besoin de 43 à 45 jours d'incubation. Pendant cette période, les aigles ne supportent aucun dérangement et n'hésitent pas à abandonner le nid et la ponte s'ils se sentent inquiétés. Après l'éclosion, la femelle couvre ses petits pendant quinze jours. Entre le sixième et le quinzième jour, un duvet fourni se substitue au premier, fin et blanc. Le mâle relaie quelquefois la femelle pour protéger les petits. Lui seul chasse, au début, ensuite sa compagne le seconde. Les deux premiers mois, elle distribue la nourriture à la couvée, en déchiquetant en menus morceaux les chairs des proies qu'elle rapporte au nid. Les aiglons les happent du bec et les ingurgitent en hésitant, tête dodelinant. À mesure qu'ils grandissent, elle leur donne à déglutir des lambeaux de plus en plus volumineux pour qu'ils apprennent à lacérer eux-mêmes les proies.
L'apprentissage de la vie
Le séjour au nid dure de 65 à 81 jours. Durant la dernière phase, les adultes ont un surprenant comportement, en cessant tout nourrissage des petits. Les aiglons, affamés par ce jeûne imposé, subsistent sur leurs réserves de graisse qui, en s'épuisant, les allègent. Ils éprouvent alors la solidité de leurs ailes et les musclent en les exerçant à battre avec vigueur. Après une semaine de privation et d'entraînement, ils sont prêts aux combats de l'existence.
Dans 80 % des cas, l'aîné seul survit. Plus robuste, il maltraite son cadet, le harcèle en le piquant du bec, s'arrange pour être le premier servi lors des becquées et parfois même, le boute hors du nid. Mais, si le plus faible atteint l'âge de huit semaines, les sévices de l'aîné s'arrêtent.
À ce moment, de véritables plumes ont remplacé le deuxième duvet. Ce premier plumage sera progressivement remplacé par le plumage définitif à partir de mars, l'année suivant la naissance.
Une espèce peu féconde, donc fragile
Le succès de la nidification dépend, par ailleurs, des conditions atmosphériques, d'une nourriture abondante, de la tranquillité des oiseaux et d'un environnement de qualité. La fécondité (ponte et éclosion) réelle diminue dès que ces conditions ne sont pas remplies.
Une étude menée en Écosse entre 1964 et 1968 par le zoologiste M.J. Everett montre que le taux de fécondité peut être très inférieur au taux théorique de l'espèce. Lors de cette étude, e taux de réussite de la reproduction sur 155 territoires occupés était de 1,22 jeune par couple pour les 64 couples ayant mené à bien la nidification. Cela équivaut à seulement 0,66 jeune par couple par rapport au nombre total de couples nicheurs, et le taux descend à seulement 0,5 jeune par couple si l'on considère la totalité des territoires occupés pendant la saison de reproduction. Au final, il n'y avait que 77 jeunes à l'envol pour 155 territoires.
Les secrets de la plaque incubatrice
Les secrets de la plaque incubatrice
La plaque incubatrice permet à la femelle de maintenir en permanence l'œuf à la température élevée dont il a besoin pour éclore. Cette zone de la face ventrale se modifie aux approches de la reproduction par des changements successifs. Sous l'action d'hormones, le duvet qui protège la peau tombe peu à peu jusqu'à ce qu'elle soit tout à fait dénudée ; et sa surface s'échauffe grâce à un afflux de sang dans les vaisseaux capillaires qui se sont mis à gonfler. L'équilibre thermique, indispensable à la couvaison, se trouve alors assuré. Les femelles de la plupart des oiseaux possèdent, comme l'aigle, une plaque incubatrice, parfois même plusieurs. En son absence, chaque espèce adopte sa propre méthode de substitution. Les canards s'arrachent le duvet ventral et en garnissent leur nid ; les fous de Bassan couvrent leur œuf de leurs pattes palmées, toujours irriguées en abondance ; quant au manchot empereur, il dépose son œuf sur ses pattes, l'abritant ainsi dans un repli de la peau de son ventre.
L'adolescence des aiglons, le dur apprentissage du vol avant l'exil
Après trois mois passés dans le nid, sous la surveillance attentive de leurs parents, les aiglons découvrent la technique complexe du vol et apprennent à la maîtriser. Aux premiers essais, des accidents se produisent, en particulier à l'atterrissage. Les apprentis calculent mal leur vitesse et culbutent. Ils courent alors se réfugier dans l'aire. Ils répètent ce manège jusqu'aux premiers succès. Ils s'enhardissent et sont bientôt capables d'accompagner leurs parents pour apprendre les secrets de la chasse et les imiter. Le groupe familial peut rester soudé pendant encore trois mois, tant que les petits chassent avec les adultes pour la nourriture. Tolérés parfois jusqu'au printemps qui suit leur naissance, ils sont, par la suite, exclus du territoire parental. Commence alors une longue errance jusqu'à leur maturité sexuelle, vers trois ou quatre ans. Les jeunes immatures tentent rarement de pénétrer dans des territoires occupés ; ils se maintiennent en marge de ceux-ci et sillonnent des régions où l'espèce ne niche pas. Les aiglons des régions nordiques entreprennent alors de longs voyages qui ressemblent à des migrations.
Pour tout savoir sur l'aigle royal
Aigle royal (Aquila chrysaetos)
L'aigle royal est l'archétype du chasseur aérien, avec cette aptitude à maintenir étalées ses longues ailes pour les vols ascensionnels et les glissades planées ou à les refermer à moitié dans les piqués en flèche. Les muscles pectoraux, puissants, règlent des battements d'ailes tantôt amples et lents, tantôt accélérés afin de gagner en vitesse, en phase de chasse active.
Le plumage des jeunes immatures est plus foncé que celui des adultes. Il est en outre caractérisé par trois larges zones blanches frappant chaque aile et la base de la queue. Peu à peu, au fil des mues, ces marques disparaissent et le plumage s'éclaircit, surtout à la tête. Le plumage adulte complet est atteint vers trois ans et demi, mais des traces blanches subsistent parfois plus longtemps jusqu'à l'âge de six ou huit ans.
Les femelles sont en moyenne plus lourdes (20 %) et plus grandes (10 %) que les mâles. Ce dimorphisme sexuel est fréquent chez les rapaces diurnes, et particulièrement net chez les faucons.
Les facultés visuelles justifient l'expression « avoir un regard d'aigle ». Une proie, si petite soit-elle, est repérée sans effort à plusieurs centaines de mètres.
Tous les aigles, enfin, ont reçu en partage un bec et des serres redoutables. Cependant, ils usent de leurs moyens avec discernement. Hors de la saison de reproduction et d'activité intense, ils peuvent se percher, immobiles, plus de dix heures par jour. Modérant leurs besoins, ils supportent, sans inconvénients, un jeûne d'une semaine.
La robustesse de la constitution des aigles royaux et la variété de leur régime alimentaire expliquent que la plupart d'entre eux soient sédentaires. À la mauvaise saison, ils se bornent à compenser la raréfaction du gibier en agrandissant leur territoire de chasse. Mais, au nord de 60° de latitude, leur situation diffère. Les aigles savent, quand il le faut, devenir migrateurs. Ils fuient les hivers trop rudes de ces régions et gagnent, vers le sud, des contrées plus hospitalières. Un sujet bagué en Finlande a été repris en Hongrie ; il avait parcouru 2 100 km.
Les sous-espèces
Il existe 6 sous-espèces d'aigle royal. Elles ne se distinguent les unes des autres que par la taille (5 à 6 cm de marge, par exemple, pour la longueur de l'aile fermée) et un plumage plus ou moins foncé. Il est à l'heure actuelle encore impossible d'évaluer précisément les effectifs de ces sous-espèces à travers le monde.
Aigle royal, Aquila chrysaetos chrysaetos.
Habitat : Eurasie occidentale, sauf l'Espagne. Se rencontre à l'est jusqu'en Sibérie occidentale et dans les monts Altaï.
Aigle royal d'Afrique du Nord, Aquila chrysaetos homeyeri.
Habitat : Espagne, Afrique du Nord jusqu'en Égypte, Asie Mineure jusqu'au Caucase et en Iran.
Aigle royal « d'Asie méridionale », Aquila chrysaetos daphanea.
Habitat : de l'Asie du Turkestan à la Mandchourie, sud-ouest de la Chine, nord de l'Inde, Pakistan.
Aigle royal d'Asie orientale, Aquila chrysaetos kamtschatica.
Habitat : localisé à l'est de la Sibérie occidentale et des monts Altaï.
Aigle royal « japonais », Aquila chrysaetos japonica.
Habitat : Japon et Corée.
Aigle royal « américain », Aquila chrysaetos canadensis.
Habitat : Amérique du Nord.
AIGLE ROYAL | |
Nom (genre, espèce) : | Aquila chrysaetos |
Famille : | Accipitridés |
Ordre : | Falconiformes |
Classe : | Oiseaux |
Identification : | Rapace de grande taille, excellent planeur. Le plumage s'éclaircit avec l'âge |
Longueur : | De 75 à 88 cm |
Envergure : | De 1,85 à 2,20 m |
Poids : | De 2,840 à 6,665 kg |
Répartition : | Europe, Asie, Amérique du Nord, extrême nord-ouest de l'Afrique |
Habitat : | Taïga, massifs montagneux |
Régime alimentaire : | Carnivore : proies et charognes |
Structure sociale : | Monogame |
Maturité sexuelle : | À 3 ou 4 ans |
Saison de reproduction : | De la fin de l'hiver au printemps |
Durée de l'incubation : | De 43 à 45 jours |
Nombre de jeunes : | 1 ou 2 (jusqu'à 4) |
Poids à la naissance : | 105 g |
Espérance de vie : | Inconnue ; 75 % de pertes avant 4 ans |
Longévité : | 32 ans dans la nature, 46 ans en captivité |
Effectifs, tendances : | estimations : 250 000 individus ; le déclin semble enrayé |
Statut, protection : | Intégralement protégé dans certains pays, dont la France |
Remarque : | Parfois utilisé en fauconnerie |
Signes particuliers
Regard perçant
Comme la plupart des rapaces diurnes, l'aigle présente une arcade sourcilière saillante qui lui confère un aspect féroce. Cette particularité anatomique, que l'on retrouve chez d'autres bons voiliers comme les martinets, améliore la vision en diminuant l'éblouissement, et permet une meilleure protection de l'œil lors de la pénétration dans l'air à grande vitesse.
Bec adapté
Plus qu'une arme, le bec est un outil à déchiqueter la chair. La mandibule supérieure est beaucoup plus importante que l'inférieure. Ses bords tranchants et son extrémité acérée et recourbée trahissent une alimentation exclusivement carnivore. Les narines sont protégées par un étui corné jaune nommé « cire ».
Serres d'acier
C'est l'arme de choc de l'aigle. Au bout des pattes puissantes, quatre doigts épais, de couleur jaune, se terminent par un ongle sombre, recourbé et très acéré. Sur leur face inférieure, les doigts sont renforcés de pelotes écailleuses. Manœuvrées par des tendons aussi résistants que des câbles métalliques, les serres se referment sur la proie avec une force incroyable. Long de 6 à 7 cm, l'ongle du pouce, ou « avillon », dépasse les autres. Son rôle est déterminant au moment de tuer le gibier prisonnier des serres : l'avillon, à la façon d'une dague, perce la victime pour atteindre, d'un coup, l'organe vital.
Pattes emplumées
L'aigle royal est de ces rapaces dont les tarses, pris entre le talon et les doigts, sont recouverts de courtes plumes. Cette particularité n'a pas encore d'explication. Il semble que, dans les zones froides, ce manchon de plumes le protège contre la rigueur du climat.
Pelotes écailleuses
Ces protubérances cornées sous les doigts sont jaunes aussi. Elles agissent comme des crampons et permettent à l'aigle d'assurer la prise.
Les autres aigles
Les systématiciens ont rassemblé les rapaces diurnes dans l'ordre des falconiformes, divisé en 3 familles (les accipitridés, les cathartidés et les falconidés). Les aigles, au sens large, appartiennent à celle des accipitridés et sont répartis en plusieurs genres. L'aigle royal fait partie du genre Aquila. Les 11 autres espèces de ce genre possèdent avec lui d'étroites affinités morphologiques. Elles ne diffèrent que par la taille et la coloration, combinaison de bruns plus ou moins clairs et de blanc. À l'exception de l'Amérique du Sud, les aigles du genre Aquila habitent tous les continents. Les milieux fréquentés sont variés, de la taïga aux marges des déserts, en passant par les steppes et la forêt équatoriale. Ces aigles sont tous carnivores. Ils se nourrissent, dans des proportions variables, de proies vivantes et de charognes.
Aigle impérial (Aquila heliaca)
Identification : jusqu'à 92 cm de long ; 1,85 à 2,15 m d'envergure.
Brun avec le sommet de la tête, la nuque et le dessus du cou beige très clair. Marques blanches plus ou moins étendues sur le haut du dos et à l'avant des ailes.
Habitat : zones semi-boisées de basse altitude ; Europe occidentale, Europe centrale et Asie occidentale.
En partie migrateur.
Effectifs : quelques milliers de couples : population européenne comprise entre 1 110 et 1 624 couples.
Aigle ibérique (Aquila adalberti)
Identification : 75 à 84 cm de long ; 1,9 à 2,2 m d'envergure.
Ressemble à l'aigle impérial.
Habitat : zones semi-boisées de basse altitude ; Espagne, Portugal (jadis Maroc, mais l'espèce en a disparu). Partiellement migrateur (France, autrefois Algérie).
Effectifs : environ 250 couples nicheurs ; effectifs en hausse. L'aigle ibérique a frôlé l'extinction dans les années 1960, avec seulement 30 couples survivants.
Aigle ravisseur (Aquila rapax)
Identification : 65 à 72 cm de long ; 1,70 à 1,90 m d'envergure.
Plumage variable. Le corps peut être d'un beige pâle, en contraste net avec l'arrière des ailes et la queue brun sombre.
Habitat : forêts et savanes arborées, en Afrique et en Inde.
Alimentation : se contente souvent de charognes et s'empare parfois des proies capturées par des rapaces plus faibles.
Effectifs : inconnus, mais population totale importante (fourchette : entre 100 000 et 1 000 000 000).
Aigle des steppes (Aquila nipalensis)
Identification : 70 à 80 cm de long ; 1,75 à 2,10 m d'envergure.
Parfois considéré comme une sous-espèce de l'aigle ravisseur. Brun sombre.
Habitat : steppes et semi-déserts d'Europe orientale et d'Asie centrale. Niche à terre. Migrateur.
Effectifs : inconnus, mais population totale importante fourchette : entre 100 000 et 1 000 000 d'individus.
Aigle criard (Aquila clanga)
Identification : 62 à 74 cm de long ; 1,55 à 1,80 m d'envergure.
Brun foncé, avec un croissant blanchâtre à la racine de la queue. Les immatures se reconnaissent à leur plumage tacheté de blanc sur les ailes.
Habitat : forêts, souvent près de l'eau ; Europe orientale, Asie, Afrique du Nord.
Migrateur.
Effectifs : moins de 10 000 individus (dont population de Russie asiatique comprise entre 2 800 et 3 000 couples) ; Europe : au plus 900 couples ; effectifs en diminution.
Aigle pomarin (Aquila pomarina)
Identification : 62 à 74 cm de long ; 1,35 à 1,60 m d'envergure.
Brun un peu plus clair que l'aigle criard dont il se distingue à peine.
Habitat : forêts, parfois marécageuses ; Europe centrale et nord de l'Inde. Migrateur, hivernage en Afrique orientale.
Effectifs : entre 80 000 et 110 000 individus (estimations 2006).
Aigle lancéolé (Aquila hastata)
Identification : en moyenne 65 cm de long.
Ressemble à l'aigle pomarin (dont on a longtemps pensé qu'il était une sous-espèce). Il est encore mal connu.
Habitat : Hzones boisées, milieux ouverts ; péninsule indienne.
Effectifs : moins de 10 000 individus (estimations) ; en déclin.
Aigle de Wahlberg (Aquila wahlbergi)
Identification : 1,60 à 1,70 m d'envergure.
Brun uni.
Habitat : savanes arborées, Afrique occidentale. Migrateur à l'occasion.
Effectifs : inconnus, mais population totale importante (fourchette : entre 100 000 et 1 000 000 000).
Aigle de Verreaux (Aquila verreauxi)
Identification : 80 à 90 cm de long ; 2,25 à 2,45 m d'envergure.
Brun-noir avec la base du dos blanc pur, plage claire à l'aile.
En envergure l plus grand aigle du genre Aquila.
Habitat : zones montagneuses ; Afrique orientale et méridionale. Évite le voisinage de l'homme. Niche à proximité de rapaces plus grands.
Effectifs : inconnus avec précision ; population globale comprise entre 10 000 et 100 000 individus.
Uraète audacieux (Aquila audax)
Identification : 90 à 110 cm de long ; 1,90 à 2,40 m d'envergure.
Brun-noir.
Habitat : zones ouvertes (prairies ou savanes) arborées ; Australie, Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Alimentation : charognes.
Remplace les vautours, absents du continent. S'attaquant aux moutons, il est chassé par les éleveurs. Il est menacé, malgré son rôle utile de « nettoyeur ».
Effectifs : inconnus, mais population totale importante (fourchette : entre 100 000 et 1 000 000).
Aigle de Gurney (Aquila gurneyi)
Identification : 1,80 à 1,90 m d'envergure.
Brun-noir.
Habitat : forêts vierges ; ouest de la Nouvelle-Guinée et archipel des Moluques (Indonésie).
Effectifs : inconnus.
Milieu naturel et écologie
Les aigles du genre Aquila exploitent principalement trois milieux : la forêt, la montagne et les milieux ouverts, savanes ou steppes. Le milieu forestier comprend aussi bien la forêt de caducs en plaine, marécageuse ou non, la forêt de conifères, et même la forêt équatoriale dans le cas de l'aigle de Gurney.
Cette capacité d'adaptation à des milieux aussi divers a permis aux aigles du genre Aquila de se répandre dans de nombreuses parties du monde. L'habitat qu'occupe l'aigle royal dépend des régions qu'il fréquente. En général, il évite les régions humides. Il préfère les secteurs montagneux et, dans la partie orientale de son aire de répartition, la taïga ; mais on le rencontre également dans des habitats de type méditerranéen et dans des zones de steppe ou encore, plus rarement, dans des régions franchement désertiques. Il n'est pas, en principe, un oiseau des cimes puisqu'il s'installe depuis le niveau de la mer jusqu'à 3 000 m. L'altitude n'a donc pas une importance fondamentale. Toutefois, en montagne, il bâtit son nid entre 1 000 et 2 500 m (vers 1 500 m en moyenne).
La présence de l'aigle révèle l'équilibre du milieu naturel
Quel que soit l'habitat considéré, l'aigle intervient de façon déterminante sur l'écologie, à la fois comme prédateur et « superprédateur ». En raison de l'immensité de son territoire et donc de l'abondance locale et de la variété des proies, l'aigle dispose en permanence de réserves alimentaires potentielles qui, dans des conditions normales, lui permettent de subsister et de subvenir à tous les besoins d'une nichée.
On a pu calculer qu'un couple d'aigles n'exploitait annuellement que de 1/14 à 1/129 des richesses offertes par le milieu. Le grand rapace obéit ainsi aux lois naturelles et n'épuise pas les ressources de son habitat. Au contraire, ce dernier conserve un équilibre, car un rapport convenable est maintenu entre les réserves nutritives de base (végétaux, insectes), les proies qui les consomment et les prédateurs qui chassent ces proies.
Comme tous les prédateurs, l'aigle exerce une fonction à la fois sélective et sanitaire.
Il sélectionne : en capturant les animaux affectés d'une tare quelconque, il les élimine, par là même, du cycle reproducteur d'une espèce qu'ils auraient, à terme, affaiblie. Son rôle sanitaire revêt deux aspects : il prévient les épidémies en supprimant des individus malades ou contagieux, et il nettoie les charognes avant qu'elles ne se transforment en foyers d'infection. La présence de l'aigle révèle l'équilibre d'un milieu et en maintient la qualité.
En tant que superprédateur, il limite le nombre des prédateurs ; il évite ainsi un prélèvement trop important des proies situées en bas de la pyramide alimentaire (petits mammifères et oiseaux se nourrissant de plantes ou d'insectes). Son rôle – fondamental – consiste à empêcher un déséquilibre néfaste.
Les autres aigles du genre Aquila jouent également un rôle important dans les milieux qu'ils occupent, chaque espèce s'inscrivant dans la chaîne alimentaire, tant sur les lieux de nidification que dans les zones d'hivernage.
L'aigle pomarin, lors de son séjour estival en Europe, consomme de nombreux petits rongeurs (campagnols, rats, hamsters, spermophiles), qui détruisent le couvert lorsqu'ils existent en trop grand nombre). Au cours de son hivernage en Afrique orientale, il se nourrit surtout de termites ou capture au nid de jeunes Quelea (travailleurs), petits passereaux très prolifiques et ravageurs de récoltes.
Les aigles des steppes se contentent de sousliks pendant la saison de nidification en Eurasie. En Afrique, durant l'hivernage, leur régime diffère selon l'âge des oiseaux. Les adultes chassent seuls et se nourrissent de petits mammifères et de charognes. Les jeunes immatures, en groupes, imitent les aigles pomarins et fondent sur les termites et les jeunes Quelea.
L'aigle de Verreaux est un sédentaire des zones montagneuses d'Afrique orientale et méridionale. Parmi ses proies – des mammifères de taille moyenne – figurent en priorité des hyrax gris (sorte de damans) et des damans des rochers qui ressemblent à de gros cobayes.
L'aigle royal et l'homme
Symbole de gloire et victime de l'homme
L'homme, depuis toujours, s'est comporté vis-à-vis de l'aigle royal d'une manière ambiguë. Dans l'histoire – et ce, dès l'Antiquité –, il l'a honoré comme le symbole guerrier de la puissance, de la gloire. Mais, si les emblèmes exaltent l'oiseau, celui-ci n'en a pas été pour autant sauvé des persécutions ; autrefois victime de la chasse, il l'a été également de certains pesticides utilisés de façon intensive.
L'aigle royal en fauconnerie
Le faucon pèlerin, autre rapace de haut vol, capable de « lier » un oiseau en plein ciel, a toujours été plus recherché en fauconnerie que l'aigle royal qui capture de préférence le gibier à terre.
La fauconnerie occidentale s'est développée à partir du Moyen Âge. Loisir des rois et des seigneurs, c'est en Asie qu'elle trouva son origine avant de gagner l'Europe. Au ive siècle avant J.-C., l'historien grec Ctesias mentionnait déjà l'utilisation d'aigles par des chasseurs au nord de l'Inde.
Aujourd'hui, la plupart des espèces de rapaces diurnes, menacées, sont protégées. Aussi les réglementations autour de la fauconnerie sont-elles très strictes dans la plupart des pays.
En France, quelques fauconniers utilisent encore l'aigle royal pour la chasse aux lapins et aux renards, mais cette pratique est devenue rare. La réglementation française concernant la détention, le transport et l'utilisation de rapaces à des fins cynégétiques, c'est-à-dire pour la chasse au vol, est très stricte. Une carte spéciale est délivrée par le préfet, seul habilité à l'autoriser. Chaque oiseau de fauconnerie est muni d'une bague spéciale d'identification. La plupart des oiseaux utilisés, des faucons et des autours, sont nés en captivité.
La vie d'un aigle en France aujourd'hui
Les aigles royaux sont devenus moins nombreux en France dès le xixe siècle, mais leur déclin a surtout été rapide entre les années 1950 et la fin des années 1970, pendant lesquelles on estime que leurs effectifs ont baissé de 60 à 70 %. En 1972, l'espèce est proche de l'extinction : il ne reste qu'une soixantaine de couples. Depuis 1976, l'aigle royal bénéficie d'une protection intégrale, comme tous les rapaces.
L'interdiction de l'emploi en agriculture des pesticides organochlorés comme le DDT, en 1972, est l'une des mesures essentielles adoptées pour la protection des aigles. Ces substances non dégradables s'accumulent dans les graisses des animaux, tout au long de la chaîne alimentaire. Les superprédateurs, comme l'aigle royal et d'autres rapaces, étant en bout de chaîne, étaient les plus touchés. Leurs œufs devenaient stériles, et, en cas d'intoxication massive, les adultes mouraient.
Les tirs, empoisonnements et dénichages ont aujourd'hui cessé, mais les zones tranquilles sont peu nombreuses. En vol rapide, les oiseaux jeunes ne voient pas toujours les câbles de remontées mécaniques lorsque la luminosité est médiocre, en début ou en fin de journée. Ils se fracturent les ailes dans ces heurts, heureusement assez rares.
L'électrocution est plus fréquente. Elle peut se produire lorsque l'oiseau se pose sur certains pylônes. Il arrive aussi, comme cela s'est produit récemment dans l'Isère, en France, que l'aigle soit foudroyé en passant à proximité d'une ligne à haute ou très haute tension : une « fuite » de courant entraîne un phénomène d'arc électrique qui atteint l'oiseau en plein vol.
Les loisirs « verts », comme l'escalade ou la chasse photographique abusive, provoquent parfois des perturbations dans la vie des aigles, surtout en période de reproduction.
Aujourd'hui, 200 à 250 couples d'aigles royaux vivent en France dans les Alpes, les Pyrénées, le Massif central, en Corse, ainsi que dans les Vosges et le Haut-Rhin.
Ces grands oiseaux, mieux connus grâce aux campagnes d'information et aux études des ornithologues modernes, ne passent plus comme autrefois pour des ravageurs de troupeaux et de gibier, des agresseurs de l'homme et des ravisseurs d'enfants.
Les études dans le monde
Tous les aspects de la vie de l'aigle royal, en matière de biologie, de comportement et de répartition, ont été étudiés en Europe et en Amérique du Nord. Mais les mouvements migratoires, la dispersion des jeunes, les causes et les taux de mortalité, le comportement social, les effectifs de quelques régions restent encore mal connus.
Pour suivre avec exactitude les déplacements et déterminer les limites des territoires des aigles, les chercheurs canadiens et, surtout, américains emploient très fréquemment la technique du radio tracking, ou radiopistage. Le procédé consiste à équiper l'aigle d'un minuscule émetteur en le fixant solidement à une plume de sa queue.
En Europe, les recherches et les études sur les déplacements des aigles n'utilisent pas les émetteurs, mais plutôt des techniques de comptage sur la base d'observations.
Ces dernières années, un programme d'études des déplacements des aigles a été mis en place en Écosse. Pour le réaliser, les ailes des oiseaux ont été munies de plaques en plastique coloré qui permettent de les identifier à distance et de connaître leurs mouvements.
Malgré la masse des données déjà acquises, il subsiste encore quelques zones d'ombre. Les progrès de la technique permettront sans doute enfin de faire toute la lumière.
Symbole de conquête et de puissance
Symbole de conquête et de puissance
Les Perses, les premiers, d'après Xénophon, auraient adopté le roi des rapaces comme emblème et l'auraient représenté en or. Dans la Rome antique, l'aigle, d'abord réservée à la milice, devint, sous le consulat de Marius, l'insigne des légions, et le resta jusqu'à l'époque de l'empereur Constantin, au début du IVe siècle. Au IXe siècle, l'aigle réapparaît en France sur les écus de Charles le Gros. Au XIe siècle, les empereurs germaniques, pour marquer leur filiation avec Rome, frappent d'une aigle leur blason.
L'aigle héraldique figure, depuis, sur de nombreuses armoiries, dont celles de la Pologne et de la Russie. En France, les aigles de la Grande Armée de Napoléon Ier sont restées célèbres.