Pierre Brossolette
Professeur, journaliste et résistant français (Paris 1903- Paris 1944).
1. L'intellectuel socialiste
Agrégé d'histoire, journaliste chroniqueur de la politique étrangère à la Radiodiffusion française (1936-1939) et au Populaire, le quotidien de la SFIO, il ne cesse de dénoncer Hitler et prend fermement position contre les accords de Munich.
Révoqué par le gouvernement de Vichy en janvier 1939, Brossolette, mobilisé en août, devient lieutenant au 5e régiment d'infanterie, à Jouarre. Promu capitaine (mars 1940), il commandeait la compagnie d'accompagnement du régiment, se bat en juin sur la Marne avant de mener en bon ordre la retraite de sa compagnie jusqu'à Limoges. Sa conduite lui vaut d'être décoré de la croix de guerre.
2. L'entrée en résistance
Démobilisé fin août, il achète avec son épouse une librairie, au 89 rue de la Pompe à Paris, qui servira de couverture à ses activités de résistance. Début 1941, par l'intermédiaire d'Agnès Humbert, il entre au réseau du Musée de l'Homme et collabore au journal Résistance, dont il devient le rédacteur en chef. Le réseau Musée de l'Homme ayant été démantelé, Brossolette entre en contact avec le colonel Rémy et son réseau de renseignements, la Confrérie Notre-Dame, qui le rapproche de la France libre. Il adhère à Libération Nord.
À Londres à partir d'avril 1942, il rédige plusieurs rapports pour le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA) et rencontre à plusieurs reprises le général de Gaulle, qui en fait son conseiller politique. Porte-parole des combattants de l'ombre sur les ondes de la BBC, il évoque le 22 septembre, les « soutiers de la gloire ».
3. Mission Brumaire-Arquebuse
Affecté au BCRA, Brossolette devient l'adjoint du colonel Passy et prend, le 1er octobre 1942, la tête du service chargé de faire le lien entre les résistances extérieure et intérieure. Du 26 janvier au 16 avril 1943, il effectue, en coopération avec le colonel Passy et le Britannique Yeo Thomas, la mission Brumaire-Arquebuse, au cours de laquelle il est chargé de séparer en zone nord le renseignement de l'action militaire ; il prend l'initiative de créer un Comité de coordination de zone nord avec l'idée de faire pendant avec celui que préside Jean Moulin en zone sud.
4. « Les grandes familles spirituelles de la France »
Militant pour un gaullisme rassembleur, très ouvert, Brossolette entend réunir l'ensemble des familles politiques et spirituelles françaises autour du général de Gaulle, à l'exclusion des partis politiques qui, selon lui, avaient failli en ne parvenant pas à empêcher la catastrophe de 1940. Son souhait était de préparer la Libération en rassemblant, dans la Résistance, et derrière le général de Gaulle, outre les mouvements de résistants, les représentants non compromis avec l'occupant et/ou avec Vichy de ce qu'il appelait « les grandes familles spirituelles de la France ».
Cette conception s'affronte à celle du Conseil national de la Résistance (CNR) de Jean Moulin.
5. La mort d'un héros
Arrêté à Audierne le 3 février 1944, alors qu'il devait regagner l'Angleterre par mer, transféré à Paris dans les locaux de la Gestapo, torturé trois jours de suite, il se jette du cinquième étage de l'immeuble afin de ne rien révéler à l'ennemi. Transporté à l'hôpital de la Pitié, il meurt sans avoir repris connaissance. Il est incinéré au cimetière du Père-Lachaise. Entrée au Panthéon en mai 2015 avec Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay.
Pour en savoir plus, voir l'article la Résistance.