Yolande Moreau

Actrice et cinéaste belge (Bruxelles 1953).

Née d’un père (wallon) négociant en bois et d’une mère (flamande) au foyer, elle fait ses études secondaires dans une institution catholique privée. À 18 ans, elle quitte le foyer parental et se refuse à passer ce qu’on appelle alors les humanités (l’actuel baccalauréat). Passionnée de poésie, de musique, et après une expérience au sein d’une communauté beatnik dans les Ardennes, elle s’oriente vers le métier de comédienne, en suivant des cours à l’École internationale de théâtre Jacques Lecoq, où elle apprend l’art du mime, puis en montant, au sein de la troupe du Théâtre de la Ville de Bruxelles, des spectacles pour les enfants des écoles. En 1982, elle écrit et joue un one-woman-show, Sale affaire, du sexe et du crime, dans lequel elle campe une meurtrière. Remarquée par Agnès Varda, elle fait alors ses premiers pas au cinéma sous sa direction : dans un court métrage d’abord (Sept pièces, s.d.b., cuisine, 1984) puis dans Sans toit ni loi (1985).

Intégrant la troupe de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff, elle joue au théâtre dans Lapin-chasseur (1989) et les Pieds dans l'eau (1992), avant d’interpréter – de nouveau sous leur direction et pour la télévision – Yolande, une femme mi-hagarde mi-simplette mais toujours émouvante, dans la Famille Deschiens, programmée dans les années 1990 sur Canal +. Ce personnage, qui concilie humour et absurde, lui permet de se faire connaître du grand public. Le cinéma lui propose alors des rôles secondaires, comiques le plus souvent (le Bonheur est dans le pré, Étienne Chatiliez, 1995 ; les Trois Frères, Didier Bourdon et Bernard Campan, id. ; le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, Jean-Pierre Jeunet, 2001), mais aussi des compositions mettant en valeur, sous des dehors rustiques, sa sensibilité lunaire, poétique ou révoltée (le Lait de la tendresse humaine, Dominique Cabrera, 2001 ; Folle embellie, id., 2004 ; Enfermés dehors, Albert Dupontel, 2006 ; Louise-Michel, Gustave de Kervern et Benoît Delépine, 2008).

Quand la mer monte..., son premier film réalisé en collaboration avec Gilles Porte, a été récompensé par le prix Louis-Delluc de la première œuvre (2004) et par le César du premier long métrage (2005). Elle-même, pour le rôle d’Irène qu'elle y interprète, a été couronnée par le César de la meilleure actrice (2005). Sa prestation dans Séraphine (Martin Provost, 2008), où elle incarne avec bonheur Séraphine Louis, lui a valu d'obtenir un deuxième César de la meilleure actrice en 2009.