mime

(latin mimus, du grec mimos, de mimeisthai, imiter)

Genre de comédie où l'acteur représente une action sans paroles, raconte une histoire par gestes.

Le mime est un motif de la comédie antique où le geste et les expressions du visage tenaient plus de place que les dialogues, et, par extension, toute forme de spectacle où, pour s'exprimer, l'acteur recourt à des mimiques et à des gestes.

Le mime dans l'Antiquité

En Grèce, le mime a d'abord été lié à la célébration de cérémonies magiques, tels les mystères phrygiens, antérieurs au culte dionysiaque, représentant Zeus soustrait aux projets meurtriers de Kronos. Par la suite, il consista dans des imitations improvisées de scènes comiques de la vie ordinaire. Puis ce genre prit une forme plus artistique avec les mimes de Sophron de Syracuse (vers 420 av. J.–C.). Les données sont sensiblement les mêmes à Rome : satyres et faunes, le visage barbouillé de lie de vin ou recouvert d'écorces de papyrus, improvisent des scènes, au cours de fêtes locales ; des rites orgiaques commémorent Déméter ou Dionysos ; des chants populaires célèbrent le culte de Faunus et de Priape. Les mimes d'Hérondas ou de Sophron prennent leur inspiration dans des dialogues, au même titre que les comédies populaires de Publius ou Decimus Laberius, au temps de Jules César.

Délaissé en Grèce, où il se réduit à des entractes de plus en plus licencieux, le mime est progressivement dénaturé à Rome par les histrions et laisse la place à deux genres hybrides : la pantomime, qui triomphe sous César avec deux mimes fameux, Pylade de Cilicie et Bathylle d'Alexandrie, qui affichent un goût marqué pour l'obscénité, et le mimodrame, qui cède à une vulgarité totale.

Le mime à l'origine du théâtre

Le mime semble être l'élément originaire de toutes les formes de théâtre. En Égypte, les drames représentant la mort et la résurrection d'Osiris comprenaient une mimique accompagnée de poèmes récités et d'un chœur de pleureurs. Au Japon, l'ancêtre du théâtre est la kagura sacrée, suite de pas lents et d'attitudes hiératiques, inspirée par la vie des dieux. En Inde, le yajus (la mimique) est l'un des quatre veda brahmaniques, et, aujourd'hui encore, la fête de Râma est célébrée sous forme de tableaux mimés évoquant ses noces avec Sitâ. Enfin le théâtre de Bali comprend une forme de jeu dramatique, le wayang-wong, où les acteurs copient les mouvements de silhouettes articulées.

Du Moyen Âge à nos jours

Dans les drames du Moyen Âge, le meneur de jeu, qui remplissait une fonction assez proche de celle de l'antique archimime, était parfois appelé « Maître Mimin ». La commedia dell'arte peut être considérée comme l'héritière du mime antique par la place accordée à la grimace, la gesticulation, la plasticité et l'agilité.

Le mime joue un grand rôle dans le théâtre populaire merveilleux des xviiie et xixe s.. La mimique est, avec l'acrobatie, l'élément qui permet de passer de la pantomime au mélodrame, et de celui-ci au ballet romantique. Rappelons que, sous l'Empire, un décret avait interdit aux théâtres du Boulevard toute scène dialoguée et que la pantomime fut alors particulièrement cultivée.

L'art de la mimique atteint son apogée dans la première moitié du xixe s. avec des artistes comme Jean-Baptiste Gaspard Deburau, Mazurier et le grand Frédérick Lemaître à ses débuts. Au xxe s., le mime n'intervient plus guère que dans le ballet.

Cet art a été cependant génialement renouvelé par le cinéma comique muet, avec Max Linder, Charles Chaplin, Buster Keaton, Harold Lloyd. Plus tard, des mimes de talent comme Marcel Marceau et Jean-Louis Barrault (élève de Decroux) ou Gilles Ségal ont continué de pratiquer cet art avec bonheur. Mais le vœu d'Antonin Artaud, de le voir jouer un rôle de plus en plus important dans le théâtre contemporain, ne semble pas véritablement se concrétiser.