Louis Hubert Gonzalve Lyautey
Maréchal de France (Nancy 1854-Thorey, Meurthe-et-Moselle, 1934).
1. Une vocation coloniale
Issu d'une famille de tradition militaire, victime à deux ans d'un accident qui le forcera à conserver un corset d'acier jusqu'à l'âge de douze ans, il entre à Saint-Cyr en 1873, passe à l'École d'application d'état-major, puis est versé dans la cavalerie.
En 1880, il est affecté en Algérie. Il parcourt une grande partie du pays à cheval, puis, en raison de ses connaissances de la langue arabe, il est envoyé dans le Sud oranais. Il commande ensuite un escadron du 4e chasseurs à cheval à Saint-Germain-en-Laye. En 1891, il pubie dans la Revue des deux mondes une étude Du rôle social de l'officier dans le service militaire universel, très critique envers l'armée, qui fait scandale.
Nommé commandant, il est envoyé en Indochine en 1894. Remarqué par le colonel Gallieni, il devient son chef d'état-major et participe en sa compagnie aux expéditions du haut Tonkin. En 1897, Gallieni, gouverneur général de Madagascar, lui confie la pacification et l'organisation du nord-ouest, puis du sud de l'île (1897-1902). Colonel en 1900, Lyautey rentre en France en 1902.
Appelé en 1903 par le gouverneur d'Algérie Charles Jonnart, il est promu au commandement de la subdivision d'Aïn Sefra, dans les confins algéro-marocains, et nommé général. Il soumet le Bechar, le haut Guir et le glacis oriental de la Mouloudja. Commandant de la division d'Oran en 1906, il occupe Oujda en 1907. De décembre 1907 à février 1908, il réprime le soulèvement des Beni Snassen. Nommé haut-commissaire des confins algéro-marocains, il parvient à assurer la paix sur l'ensemble de la région. À la fin de 1910, il reçoit le commandement du 10e corps d'armée à Rennes.
2. Résident général au Maroc
Après les sanglants événements survenus à Fès en 1912, Lyautey est rappelé au Maroc avec le titre de résident général. Il réprime les soulèvements qui secouent le pays et pose les jalons de son œuvre dans le protectorat.
En 1914, la déclaration de guerre fait passer le Maroc au second plan et contraint Lyautey à envoyer en métropole la quasi-totalité de ses effectifs ainsi que main-d'œuvre et ravitaillement. Il réussit pourtant, avec les forces qui lui restent, à maintenir intacte l'armature extérieure du Maroc, à tenir en respect les tribus en dissidence et à faire échec aux menées des agents de l'Allemagne.
Parallèlement, il poursuit son œuvre politique, économique et sociale. Lyautey assume les fonctions de ministre de la Guerre (décembre 1916-mars 1917) dans le cabinet Briand puis rentre au Maroc, où il est fait maréchal de France (1921). Il s'y distingue par sa « politique des égards » avec le sultan Mulay Yusuf et les dignitaires marocains, par le respect du souverain, du gouvernement, des institutions traditionnelles et de la religion musulmane.
3. Un certain humanisme militaire et colonial
Devenu la cible de l'hostilité du Cartel des gauches (cabinet Painlevé), il demande, en pleine guerre du Rif, à être relevé de ses fonctions à la suite de la mission de contrôle du maréchal Pétain, qui fait un usage massif de la violence.
Retiré à Thorey en Lorraine, il est chargé, en tant que commissaire général, d'organiser, de 1927 à 1931, l'Exposition coloniale internationale de Vincennes. Fidèle à sa légende, il se fait inhumer à Rabat ; en 1961, son corps a été transféré aux Invalides. Aristocrate, passionné par le Maroc, Lyautey a été le promoteur d'un humanisme militaire et colonial fondé sur le respect de l'individu et des civilisations d'outre-mer.
Lyautey est l'auteur de nombre d'études, de lettres, de documents, et de plusieurs rapports et ouvrages, parmi lesquels Lettres du Tonkin et de Madagascar (1894-1899) [1931], Dans le sud de Madagascar, pénétration militaire, situation politique et économique (1903), Lettres du sud de Madagascar (1900-1902) [1935]. (Académie française, 1912.)
Pour en savoir plus, voir les articles colonisation, IIIe République.
Consulter aussi le site Lyautey http://www.lyautey.mosaiqueinformatique.fr/content/view/27/43/.