colonisation

Cortés ordonne que l'on détruise et brûle les idoles
Cortés ordonne que l'on détruise et brûle les idoles

HISTOIRE

1. Introduction

1.1. Les prémices jusqu'au xve siècle

L'histoire de la Méditerranée ancienne fait apparaître l'existence de fondations dues aux Crétois, aux Phéniciens ou aux Grecs et répondant, plus ou moins, à la définition suivante qu'on peut donner de la colonisation : constitution, à une assez grande distance d'une métropole, d'un établissement permanent, échappant à l'autorité des populations indigènes et demeurant dans la dépendance de la métropole d'origine ; à bien des égards, l'histoire de Rome est celle d'une remarquable expansion coloniale.

Il existe aussi une colonisation médiévale, que certains font commencer aux croisades (phénomène particulier en réalité) et qui s'épanouit aux xive et xve siècles avec les possessions et les comptoirs vénitiens et génois (→ Gênes et Venise).

1.2. La colonisation depuis l’époque moderne

Ce sont les « grandes découvertes » accomplies par les Européens à partir de la fin du xve siècle, cependant, qui ouvrent la véritable époque coloniale. Celle-ci échappe au cadre étroit de la Méditerranée pour intéresser les océans. Elle utilise à une grande échelle des systèmes jusque-là d'application limitée et fait peser la domination du colonisateur sur de vastes territoires et parfois des peuples entiers. Le phénomène, ayant pris une dimension gigantesque, détermine d'âpres polémiques, au cours desquelles s'élaborent pour la première fois des doctrines favorables ou défavorables, qualifiées beaucoup plus tard de colonialistes ou d'anticolonialistes. À partir de la fin du xve siècle, la colonisation devient un fait majeur de l'histoire mondiale.

1.3. L'évolution du phénomène colonial

Il s'agit d'évoquer l'expansion coloniale en rapport avec les systèmes qui y ont présidé et les doctrines qui l'ont justifiée ou combattue.

Vue dans ses lignes de force les plus générales, l'expansion coloniale se caractérise par deux grandes phases d'une activité agressive séparées par une période de crise se situant à la fin du xviiie et au début du xixe siècle. La première de ces phases correspond à la colonisation des temps modernes, et la seconde à l'impérialisme de l'époque contemporaine.

2. La colonisation des temps modernes (xve-xviiie siècles)

2.1. Les premiers empires : Portugal et Espagne

Des causes diverses

Aux origines de cet ébranlement qui, pendant près de cinq siècles, va faire de la petite Europe le levain du monde, il y a diverses causes : économiques, avec le besoin de trouver l'or et l'argent indispensables à l'économie monétaire, et le désir de se procurer les produits de l'Orient (dont les épices), devenus rares et chers depuis l'installation des Turcs en Méditerranée orientale ; démographiques, avec une population à forte croissance, notamment dans la péninsule ibérique ; sociales, avec une bourgeoisie – portugaise d'abord – recherchant les profits commerciaux et une aristocratie disponible lorsque s'achèvent les guerres de la Reconquista contre l'islam ; religieuses, avec le souci d'évangélisation ; intellectuelles, avec la révolution technique du xve siècle, et plus particulièrement en matière de navigation.

Les explorations portugaises

Les Portugais ont mis au point la caravelle, bateau léger, rapide, solide, qui leur permet de reconnaître les côtes de l'Afrique. Après s'être emparés de Ceuta en 1415, ils créent des comptoirs le long des côtes marocaines. Plus au sud, le continent est encore mal connu, mais l'exploration systématique des côtes permet d'atteindre le cap Vert en 1444, puis l'embouchure du Congo, et le cap de Bonne-Espérance en 1487 avant de gagner l'Inde (→ Vasco de Gama en 1498), puis les îles de la Sonde (Sumatra au début du xvie siècle). Le contournement du cap de Bonne-Espérance et la découverte de la côte sud-orientale de l'Afrique, entre Sofala et Muqdisho (Mogadiscio), permettent aux Portugais, en dix ans, de jalonner de points d'appui une route méridionale et orientale des épices.

Les Portugais, de l’Afrique à l’Asie

Devant l'attrait des richesses asiatiques, les Portugais délaissent l'Afrique. De plus, le continent, « terre de l'or » selon la légende, n'en livre pas plus d'une tonne à une tonne et demie par an, au moment même où l'Amérique offre aux Espagnols les métaux précieux de l'Eldorado. Les Portugais vont donc se placer en position de force sur le très profitable marché des épices asiatiques, jusqu'alors monopole des commerçants italiens, qui devaient, pour se les procurer, passer par l'intermédiaire des Ottomans. Ils offriront les épices à un prix inférieur, tout en réalisant de gros bénéfices.

Les Espagnols en Amérique et le « partage du monde » (1494)

Les Espagnols, eux, s'élancent vers l'ouest et, en découvrant l'Amérique (→ Colomb, 1492), jettent les bases de leur empire, qui, en dehors du nouveau continent, ne comprendra guère que les Philippines.

L'Atlantique devenant une source de compétition, Jean II de Portugal et Ferdinand II le Catholique décident de se partager le monde et, au traité de Tordesillas (1494), la ligne de partage est établie à 370 lieues au-delà des Açores, laissant ainsi au Portugal la protubérance nord-est de l'Amérique du Sud, origine du futur Brésil. Le pape ayant accordé sa caution, les autres souverains s'inclinent jusqu'au jour où François Ier non seulement rejettera ce partage, mais déclarera que le fait de traverser un territoire ou de le « découvrir de l'œil » ne suffit pas pour en prendre possession, formulant ainsi, dès 1540, la doctrine de l'occupation effective, qui sera le fondement de la colonisation moderne.

Entre-temps se sont constitués deux empires de caractères différents.

L’empire portugais

Pour les Portugais, le Brésil mis à part, c'est une suite de comptoirs le long des côtes de l'Afrique et dans l'océan Indien : Arguin (dans l'actuel Sénégal) d'abord, São Jorge da Mina (aujourd'hui Elmina, au Ghana) et São Tomé deviennent les plaques tournantes du trafic négrier. Dans le bassin occidental de l'océan Indien, en dehors des points d'appui de la côte orientale d'Afrique, à la merci d'un retour offensif des musulmans, des bases gardent l'entrée du détroit d'Ormuz, clé du golfe Persique ; mais les comptoirs importants sont en Inde, autour de Goa.

Le but n'est pas d'occuper des régions, mais de drainer vers Lisbonne, en vue de les revendre, les épices tant convoitées qu'une politique de la « mer fermée » doit rendre inaccessibles à toutes les autres marines. En réalité, il s'agit d'une construction fragile, qui succombera bientôt sous les coups des Hollandais, des Anglais et des Français.

L’empire espagnol

Les Espagnols, au contraire, après l'épopée des conquistadores, dominent un vaste ensemble territorial continu dirigé de Madrid par le Conseil des Indes avec, en Amérique (on dit « les Indes »), deux vice-rois, l'un en Nouvelle-Espagne (Mexique) et l'autre au Pérou, disposant d'une importante administration. L'économie repose d'abord sur l'exploitation des mines d'or et d'argent (→ le Potosí), puis sur certaines cultures tropicales (canne à sucre, cacao, indigo) et le grand élevage. La main-d'œuvre indienne ne pouvant suffire malgré la pratique de l'encomienda, qui remet des centaines d'individus à un seul encomiendero (« seigneur de la terre »), on fera appel à la traite des Noirs, source d'appauvrissement pour l'Afrique et de bouleversement démographique pour le Nouveau Monde.

La controverse Sepúlveda-Las Casas

Ce système de l'encomienda est au centre du grand débat mettant en cause le droit de colonisation et au cours duquel s'affrontent d'illustres théologiens, notamment Juan Ginés de Sepúlveda (vers 1490-1573) et Bartolomé de Las Casas (1474-1566) [en particulier lors de la controverse de Valladolid en 1550 et 1551], le premier tendant à justifier les guerres contre les Indiens, tandis que le second dénonce les horreurs dont ils sont victimes et demande la suppression de l'encomienda. Il en résulte (ordonnance générale de juillet 1573) une législation plus favorable aux indigènes : il a fallu soixante années de lutte pour faire reconnaître à l'Indien sa qualité d'homme.

2.2. Les concurrents : Provinces-Unies, Angleterre, France

Dès le début du xvie siècle, trois autres puissances maritimes vont prétendre au trafic océanique, puis à la possession de territoires outre-mer.

Les Hollandais

Les Hollandais, d'abord, qui ont formé la république des Provinces-Unies (actuels Pays-Bas), commencent par la pratique du grand cabotage et deviennent « les rouliers et les facteurs de l'Europe » ; puis ils s'installent à leur tour en Amérique du Nord, aux Antilles, en Guyane, au Brésil, mais aussi en Afrique et en Asie, s'attaquent aux comptoirs portugais, prenant figure, à leur tour, de gros trafiquants en épices, pour se lancer plus tard, au xviiie siècle seulement, dans les cultures tropicales, qui vont faire la richesse des Indes néerlandaises.

Les Anglais

Avant même la destruction de l'Invincible Armada (1588), les Anglais s'étaient rués sur les trésors du Nouveau Monde, par la guerre de course. Au xvi e siècle, des milliers d'émigrants vont s'installer outre-Atlantique, donnant naissance aux colonies d'Amérique du Nord. Ils créent eux aussi des points d'appui et des comptoirs ; par la contrebande, ils privent les Espagnols et les Portugais d'une part de leurs bénéfices.

Les Français

Les Français suivent l'exemple : ils s'installent au Sénégal, dans les Caraïbes, à Madagascar (Fort-Dauphin, aujourd'hui Taolagnaro) et dans des îles productrices de canne à sucre de l'océan Indien (la Réunion, île Maurice). En Amérique du Nord, comme dans les Indes orientales, les Français, qui, depuis Richelieu et Colbert, avaient une politique coloniale, se dressent contre l'expansion anglaise, mais le traité de Paris de 1763 règle le conflit au profit de l'Angleterre. L’exploration du Pacifique commence ensuite.

Les grandes compagnies à monopole

Pour être rivaux, Hollandais, Anglais et Français n'en pratiquent pas moins le même système de colonisation, par le biais des grandes compagnies, dont la Hollande a fourni le modèle. Tandis qu'à Lisbonne et à Madrid le commerce a été monopolisé par l'État, on crée à Amsterdam, à Londres et à Paris des compagnies à charte qui obtiennent le monopole du commerce avec un véritable droit de souveraineté sur une région déterminée (avec un contrôle plus ou moins étroit), à charge pour elles d'alimenter le pays en produits exotiques, d'assurer les liaisons maritimes et parfois d'évangéliser et de peupler. Ce sont les Indes orientales qui voient se former les compagnies les plus importantes, mais on en trouve aussi desservant les Indes occidentales (Amérique) et l'Afrique.

Mercantilisme et « pacte colonial »

L'époque des grandes compagnies correspond à l'âge d'or du mercantilisme, doctrine selon laquelle la richesse et la puissance d'un pays dépendent de la quantité de numéraire (or et argent) dont il dispose. D'où la nécessité de réduire les importations et d'augmenter les exportations avec, en matière coloniale, l'instauration d'un monopole absolu, désigné sous le nom d'exclusif ou, improprement, de pacte colonial. En réalité, on ne reconnaît pas aux colonies des intérêts qui leur soient propres. Pour Choiseul, ministre de Louis XV, « les colonies ne sont que des établissements de commerce : des nègres et des vivres pour les nègres, voilà toute l'économie coloniale ». Selon l'Encyclopédie, « les colonies sont faites par la métropole et pour la métropole ».

2.3. Une colonisation continentale : la colonisation russe

En marge des grandes rivalités maritimes se développe une expansion exceptionnelle, à propos de laquelle on a pu parler de « colonisation par contiguïté ». La prise de Kazan (1552) marque le début de la marche des Slaves vers l'est ; trente ans plus tard, la Sibérie occidentale est terre russe, et, vers 1645, sur les bords du Pacifique, des détachements de Cosaques fondent Okhotsk. Moins d'un siècle plus tard, en 1741, les Russes prennent possession de l'Alaska, qu'ils vendront aux États-Unis en 1867.

Ainsi, dès la fin du xviiie siècle, l'Européen tend à être omniprésent à la surface de la Terre, et la création des empires coloniaux semble la marque de sa toute-puissance. Survient alors une longue crise qui paraît mettre en péril cette emprise des métropoles du monde occidental.

3. La première grande crise des empires coloniaux

3.1. Ses origines

L’échec du pacte colonial

Les conditions économiques ont changé. Aucune métropole n'a réussi à respecter le pacte colonial en fournissant à ses colonies la totalité des produits nécessaires à leur subsistance et en absorbant toute la production coloniale. Il faut donc abandonner le principe de l'exclusif, et cela a lieu d'abord dans les Antilles, où, successivement, la France (1759), l'Angleterre (1762) et l'Espagne (1765) relâchent les liens de leur contrôle : en France, on parlera d'« exclusif mitigé ». De plus, l'Angleterre, transformée par la révolution industrielle, recherche d'autres débouchés que ceux qui sont offerts par ses seules colonies.

L’aspiration des colons à l’émancipation

Au point de vue social, l'implantation européenne a fait naître des forces nouvelles distinctes de celles des pays dont elles sont issues. Habitués à un régime de quasi-autonomie, les colons anglais d'Amérique tiennent essentiellement au respect de leurs libertés. En Amérique latine, les créoles (colons d’origine européenne nés en Amérique) prétendent disputer aux Espagnols de métropole les nombreuses places que ceux-ci se réservent, et Alexander von Humboldt rapporte que, dès la fin du xviiie siècle, il est courant d'entendre dire : « Yo no soy español ; soy americano », paroles qui traduisent une prise de conscience nationale.

Anticolonialisme et antiesclavagisme

Le mouvement des idées va dans le même sens. En Angleterre comme en France, le libéralisme s'accompagne d'une critique virulente de la colonisation. À côté du thème du bon sauvage et des horreurs commises par les Européens (→ abbé Raynal), on invoque les dangers du dépeuplement (→ Montesquieu, Voltaire), les bienfaits de la liberté commerciale (→ Adam Smith, Jeremy Bentham), la précarité des conquêtes coloniales (→ Turgot).

Les « anticolonistes » deviennent une force, appuyés par les mouvements humanitaires d'Angleterre, qui combattent la traite et l'esclavage, et par les héritiers de la Révolution française, qui se rappellent la déclaration fameuse de Robespierre : « Périssent les colonies, si vous les conservez à ce prix » (l'esclavage).

3.2. Ses caractères et ses limites

Le caractère le plus apparent de la crise est l'amenuisement des empires coloniaux. Certaines pertes, survenues au cours des guerres au détriment de la France, de l'Espagne ou de la Hollande et au profit de l'Angleterre, ne sont pas significatives dans l'optique de la crise envisagée. Mais deux le sont éminemment.

L’indépendance des colonies d’Amérique

C'est d'abord l'émancipation des treize colonies anglaises d'Amérique (1774-1783), qui marque la naissance des États-Unis. C'est ensuite le soulèvement des colonies espagnoles (1810-1824), qui aboutit à l'éclatement des anciennes possessions de Madrid en huit républiques (quinze par la suite), tandis que, par des voies différentes, le Brésil s'érige en empire indépendant (1822). En 1823, le président des États-Unis James Monroe condamne tout nouvel essai de colonisation en Amérique. Politiquement, la face du monde occidental a changé.

La disparition des grandes compagnies

L'évolution est moins perceptible dans le domaine économique, où le fait essentiel sera la disparition des grandes compagnies en France et en Hollande, tandis qu'en Angleterre la Compagnie des Indes orientales se maintient jusqu'en 1858.

Une crise à relativiser

Cependant, cette grande crise ne peut guère être comparée à celle qui emportera la colonisation un siècle et demi plus tard. Outre qu'il ne s'agit pas d'une crise générale, il faut remarquer que les grands voyages en Océanie livrent à l'expansion coloniale de nouveaux espaces (Australie, Nouvelle-Zélande, îles du Pacifique) et que l'Afrique commence à s'entrouvrir (René Caillié à Tombouctou en 1828) : le temps du monde fini n'est pas encore arrivé.

De plus, les populations autochtones n'ont guère été concernées par les problèmes d'émancipation : ce sont des colons qui se sont soulevés contre leur métropole sans condamner le fait colonial dont ils sont les produits et sans penser à modifier leur comportement à l'égard des indigènes lorsqu'il en reste.

4. L'impérialisme de l'époque contemporaine

4.1. La période de transition (1815-1870)

La crise des empires coloniaux engendre le doute dans l'avenir de l'expansion coloniale ; d'où hostilité et hésitations au cours d'une période de transition qui s'étend jusque vers 1870-1873 et qui précède les manifestations de l'impérialisme militant.

Les mouvements humanitaires en Angleterre et en France

En Angleterre, les mouvements humanitaires, qui ont fait supprimer la traite dès 1807, obtiennent l'abolition de l'esclavage en 1833. Les doctrinaires de l'école de Manchester, avec Richard Cobden, répandent l'idée que les colonies sont une charge et qu'il faut admettre leur émancipation (ils ne songent, il est vrai, qu'aux colonies « blanches » et non aux peuples de couleur), ce qui acheminera les esprits vers la création du premier dominion (colonie devenue État souverain, mais faisant librement allégeance à la couronne britannique), au Canada, en 1867.

En France, on trouve aussi des défenseurs des positions humanitaires, comme Tocqueville ou Victor Schoelcher (ce dernier obtient l'abolition de l'esclavage en 1848), et des adversaires de la colonisation, comme A. Desjobert, qui combattent les « algéristes » (partisans de la colonisation de l’Algérie, amorcée en 1830), mais leur audience est moins étendue.

La poursuite de la colonisation

Malgré ce fort courant hostile à la colonisation, celle-ci s'est poursuivie, et on a pu parler de « colonisation anticolonialiste » (H. Brunschwig). Cela s'explique, dans tous les cas, par l'impossibilité d'abandonner l'action entreprise : « Nous sommes coincés dans le chêne que nous avons fendu » (G. Smith). S'ajoutent : pour l'Angleterre, les nécessités démographiques, les initiatives commerciales, l'action des philanthropes et des missionnaires ; pour la France, outre les préoccupations religieuses et la détermination de quelques marins et militaires, le souci politique de ne pas s'effacer (la grandeur nationale) et la croyance à la supériorité de notre civilisation (le thème de la « mission civilisatrice »).

Les conquêtes anglaises

Le résultat sera que l'Angleterre entreprend la colonisation de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, fait pénétrer son influence dans les territoires intérieurs de l'Afrique du Sud, implante ses missionnaires et ses commerçants en Afrique occidentale, défend énergiquement l'Inde contre la révolte des cipayes (1857). Par les accords de 1815, elle a déjà obtenu le cap de Bonne-Espérance, l'île de Malte – base précieuse, surtout après l'ouverture du canal de Suez (1869) –, l'île Maurice, les Seychelles, points de surveillance sur la route des Indes, et elle s’est installée à Singapour en 1819, à Hongkong en 1842, en Birmanie en 1852, affirmant ainsi sa volonté de contrôler la plus grande partie des marchés asiatiques. Elle se contente d'une occupation des côtes et des comptoirs, négociant avec les chefs de l'intérieur des traités de protectorat, parfois éphémères.

Les conquêtes françaises

De son côté, la France achève la conquête de l'Algérie en 1847, poussant son action vers le Sahara, s'établit solidement en Afrique noire (Faidherbe au Sénégal), obtient des bases dans l'océan Indien, et surtout en Océanie, occupe par la force la Cochinchine (1867). L'heure de l'impérialisme agressif va bientôt sonner.

4.2. L'expansion impérialiste (1870-1914)

Les théoriciens du colonialisme

Les thèmes de l'impérialisme militant ont été longuement développés par des écrivains comme sir Charles Dilke, John Seeley, l'économiste Paul Leroy-Beaulieu, Jules Harmand (1845-1921), par les publicistes au service des associations préconisant l'expansion (Royal Colonial Institute, Primrose League, Comité de l'Afrique française, Kolonialverein…) et par les hommes d'État qui dirigèrent le mouvement, tels Disraeli, Joseph Chamberlain, Jules Ferry, Eugène Étienne, chef du «  parti colonial » en France, Crispi (Italie) , Léopold II (Belgique), Théodore Roosevelt (États-Unis).

« Un mouvement irrésistible… »

Il s'agit de « civiliser les races inférieures » (J. Ferry) en assumant le « fardeau de l'homme blanc » (R. Kipling), mais aussi d'éviter toute politique de « recueillement » qui serait le chemin de la décadence, de se ménager des points d'appui pour la flotte, de trouver des débouchés et des fournisseurs de matières premières, de placer des capitaux ou de favoriser l'émigration. Jules Ferry a clairement énoncé les nouvelles règles du jeu : « Un mouvement irrésistible emporte les grandes nations européennes à la conquête de terres nouvelles. C'est comme un immense steeple-chase sur la route de l'inconnu. De 1815 à 1850, l'Europe était casanière et ne sortait guère de chez elle. C'était l'époque des annexions modestes et à petits coups, des conquêtes bourgeoises et parcimonieuses. Aujourd'hui ce sont des continents que l'on annexe. La politique coloniale est une manifestation internationale des lois éternelles de la concurrence. »

Diversité des modes d’exploitation

Les méthodes les plus diverses sont employées. Les grandes compagnies réapparaissent sous des formes diverses : sociétés d'exploitation du Congo français, compagnies à charte britanniques (comme la Royal Niger Company ou la British South Africa Chartered), sociétés du Cameroun et du Sud-Ouest africain allemands, l'Association internationale du Congo.

La pratique de l'Indirect Rule par les Britanniques implique le concours des chefs indigènes, mais toutes les puissances coloniales rivalisent dans la signature de traités de protectorat, en Afrique noire surtout.

Souvent, cependant, dans les colonies françaises en particulier, l'administration directe l'emporte avec un contrôle étroit de l'État, qu'il s'agisse de la politique dite « d'assimilation » (de caractère essentiellement administratif) ou « d'association ».

Dans certains cas, néanmoins, l'impérialisme ne s'accompagne pas d'une prise de possession, mais d'une domination indirecte (Chine, Perse, Amérique du Sud).

L'exploration du continent africain

Entre 1850 et 1870, l'Afrique centrale et méridionale est déjà parcourue, d'un océan à l'autre, par de nombreuses expéditions. Le fleuve Congo retient particulièrement l'attention. De 1874 à 1877, Stanley en identifie le cours pour le compte du roi des Belges, Léopold II ; il va poursuivre son exploration dans le bassin du fleuve jusqu'en 1890.

La France, de son côté, envoie Savorgnan de Brazza, entre 1875 et 1880, reconnaître les cours de l'Ogooué et du bas Congo.

La conférence de Berlin : le partage de l'Afrique

En Afrique comme en Asie, la tension internationale devient si forte que Bismarck, tard venu dans la course aux colonies, convoque à Berlin, en 1884-1885, une conférence internationale chargée de définir les principes juridiques de la colonisation nouvelle.

La conférence de Berlin donne une existence légale à l'État indépendant du Congo, propriété privée du roi des Belges ; elle établit aussi le principe de la libre circulation des personnes et des biens sur les grands fleuves d'Afrique : cette clause ne sera jamais respectée. Mais, décision la plus lourde de conséquences, aucun pays ne peut désormais revendiquer la possession d'un territoire en se contentant d'en occuper la côte : il va falloir conquérir les pays convoités.

Les rivalités coloniales

Les guerres coloniales et le partage de l'Afrique, comme de l'Asie, vont résulter, pendant les trente années qui suivent, de l'application de cette décision. Les heurts entre pays européens sont violents ; ils les opposent loin de l'Europe, qui connaît, de ce fait, une paix relative. Les principaux adversaires, la France, la Grande-Bretagne, la Russie, s'affrontent sur tous les terrains ; l'Allemagne, l'Italie, le Portugal jouent aussi leur rôle. La conclusion d'accords de partage permet la réconciliation des adversaires : Britanniques et Français se rapprochent en 1904, Russes et Britanniques en 1907 ; la voie est ouverte pour la Triple-Entente, qui va opposer ces trois pays au bloc des empires centraux (Autriche-Hongrie, Allemagne, Italie).

4.3. Les résistances à l’impérialisme

Résistances africaines et asiatiques

L'Asie et l'Afrique ont été pendant ces trente années théoriquement partagées et des frontières séparent les domaines coloniaux. Mais si on peut représenter l'étendue des empires dans les atlas, l'essentiel reste à faire pour contrôler réellement les terres conquises. En fait, les Asiatiques et les Africains résistent à ce partage. Leurs révoltes sont parfois violentes mais de courte durée et désespérées, à cause de l'inégalité des armements : c'est le cas pour les Achantis de l'actuel Ghana, en 1900 ; pour les Boxers, en Chine, en 1899-1900 (→ guerre des Boxers) ; pour les Maji-Maji contre la dureté de l'occupation allemande au Tanganyika, de 1905 à 1907.

Ces révoltes, encore mal étudiées, démentent l'idée que des peuples passifs aient subi la colonisation dans des continents voués à la dépendance. Les résistances sont parfois difficiles à vaincre : celles de Samori en Afrique occidentale (1884-1898) ; de Madagascar (1898-1904) ; des Pavillons-Noirs en Indochine (1873-1913) ; des Senousis, confrérie islamique de Libye en lutte contre l'Italie (1912-1931).

Résistances de nature religieuse

Dans les pays musulmans un élément nouveau apparaît avec la renaissance de l'islam, si visible déjà en Afrique occidentale au xviiie siècle, comme pôle de résistance à l'Europe : au Soudan – où un mahdi (envoyé de Dieu) crée un véritable État islamique qui résiste aux assauts de 1881 à 1898 ; en Tunisie ; dans les Indes néerlandaises, où une guerre sainte est conduite de 1881 à 1908 ; bien plus encore en Afrique occidentale et au cœur de l'Asie, où des révoltes se produisent simultanément en 1916. Tous ces événements, auxquels on a prêté peu d'attention, marquent des jalons de cette renaissance. De même, l'hindouisme et le confucianisme constituent en Asie des remparts anti-occidentaux.

Résistances de type européen

Parfois les résistances se veulent modernes, empruntant les modèles politiques et militaires aux Européens. C'est le cas de Samori Touré – mais il a échoué – ou de l'Indian National Congress (parti du Congrès), né dès 1885. Ces mouvements « modernes » jettent les bases des nationalismes qui vont remettre en cause la présence européenne, surtout après 1945.

4.4. 1914 : le monde colonisé par l’Europe

En 1914, la grande expansion territoriale est pratiquement achevée. Elle a affecté très différemment les continents.

Le continent américain

L'Amérique du Nord est tout à fait indépendante (les États-Unis), ou largement autonome (le Canada). L'Amérique centrale et du Sud, les Caraïbes ont été profondément marquées par les contrecoups des révolutions et des guerres en Europe. Indépendante dès 1804, Haïti préfigure la situation, faite d'indépendance formelle, de dépendance économique et de profonde inégalité sociale, que connaît aussi tout le sud du continent à partir du Mexique. Séparé du Portugal dès 1822, le Brésil est devenu pour longtemps une véritable colonie économique de la Grande-Bretagne. Sur le continent ne subsistent comme colonies réelles que les Guyanes et le Honduras britannique.

La zone caraïbe

Dans la zone caraïbe, la situation est beaucoup plus complexe : des restes d'empires y appartiennent encore à la France, à la Grande-Bretagne, au Danemark, aux Pays-Bas ; certains ont subsisté jusqu'à nos jours sous des statuts nouveaux. L'influence américaine y est de plus en plus forte. À l'occasion des conflits entre l'Espagne et certaines parties de l'ancien Empire espagnol, les États-Unis ont pris Porto Rico, puis imposé une totale dépendance économique à Cuba (1903), libérée de sa métropole en 1898 par la guerre. Les Américains ont même provoqué la sécession du Panamá, qui se sépare en 1903 de la Colombie, et prend ainsi le contrôle de toute la zone du canal. Dans toute la région de protection de leur façade méridionale, les Américains imposent avec des arguments toujours renouvelés, tirés de la doctrine de Monroe (1823), leur droit permanent d'intervention.

La zone pacifique

La zone pacifique, parsemée d'îles, a été partagée sans beaucoup de peine. Les États-Unis, qui voient déjà dans la Chine leur « nouvelle frontière » occidentale, se sont assuré des positions ; après l'achat de l'Alaska à la Russie en 1867, ils annexent l'archipel des Midway la même année, celui d'Hawaii et l'île de Wake en 1898. Dans la guerre de libération qui opposait les Philippins aux Espagnols, les États-Unis imposent leur arbitrage et occupent l'archipel en 1898 ; cette annexion, interrompue de 1941 à 1945, cesse officiellement en 1946.

Chine et Japon

L’Asie, du moins dans sa partie septentrionale, est moins touchée. La massive Chine ne cède des concessions aux Européens que sur les seules côtes méridionales : en 1557, Macao est aux mains des Portugais, et Hongkong est cédée en 1842, par contrat, au profit des Britanniques. Le Japon, au prix de quelques concessions économiques et d'une modernisation très rapide de ses infrastructures, fait mieux que résister ; il commence une expansion sur le continent : il impose le partage de la Mandchourie aux Russes après les avoir vaincus à la bataille navale de Tsushima en 1905.

Asie du Sud et océan Indien

En revanche, le sud du continent n'échappe pas au partage. La Grande-Bretagne, la France – qui garde quelques comptoirs en Inde, et qui occupe la péninsule indochinoise – en sont les principaux acteurs ; les Néerlandais conservent un empire indonésien où le système d'exploitation des plantations est particulièrement dur. L'océan Indien est lui aussi partagé : points d'appui, les îles à sucre reviennent principalement aux Britanniques et aux Français.

L’Afrique

L’Afrique est la principale victime du partage colonial ; n'y ont échappé que le Liberia, sorte de protectorat américain, et le vieil empire d'Éthiopie. Le continent n'est plus, comme un siècle plus tôt, fournisseur d'esclaves. Si la traite est partout en voie d'extinction, l'emploi local de la main-d'œuvre est souvent brutal (la construction du chemin de fer Congo-Océan, demeurée tristement célèbre, a fait de nombreuses victimes). Plus rentable, ce système devait permettre d'obtenir un bon rendement des colonies africaines. Cependant, l'occupation effective du continent est loin d'être achevée en 1914 ; les réactions violentes ne vont cesser, pour un temps, qu'après 1920.

Le partage du monde

Si l'on s'en tient aux seules taches de couleur sur une mappemonde, l'Europe de 1914 domine le monde. Le soleil ne se couche pas sur l'Empire britannique. L'Empire français, moins vaste, est surtout en Afrique ; il est fait de colonies, de terres dans l'océan Indien, dans la mer des Caraïbes, de protectorats comme le Maroc ou la Tunisie, de points d'appui comme Djibouti ou les Comores, et d'une terre dont on va penser longtemps qu'elle est devenue partie du territoire national parce que beaucoup de Français s'y sont installés : l'Algérie.

La Belgique doit à un don de son roi (1908) de posséder une part importante et riche de l'Afrique centrale, très difficile à encadrer, le Congo belge. L'Allemagne, tard venue dans la course, doit se contenter de terres au Togo, au Cameroun, dans le Sud-Ouest africain, en Afrique orientale, en Nouvelle-Guinée et dans le Pacifique. Après de nombreuses tentatives sans suite, l'Italie n'impose son autorité qu'en Libye, en Érythrée et dans le nord de la Somalie.

4.5. L'apogée entre les deux guerres mondiales

La consolidation de la domination européenne

Leur victoire de 1918 semble, dans un premier temps, consolider encore les positions de la France et de la Grande-Bretagne, très affaiblies cependant en hommes et en richesses. Au Proche-Orient, d'où les Turcs sont évincés, la France reçoit mandat de la Société des Nations (SDN) sur la Syrie et le Liban, la Grande-Bretagne sur l'Iraq, la Palestine – où très vite va s'intensifier une implantation sioniste jusqu'à la création de l'État d'Israël (1948) – et la Transjordanie ; les côtes méridionales de l'Arabie sont étroitement surveillées, en particulier par la Grande-Bretagne.

À l'issue de la guerre, l'Allemagne est dépossédée de ses colonies ; la SDN en remet la gestion, sous mandat, aux pays victorieux. La France reçoit le Togo et le Cameroun oriental ; la Grande-Bretagne, le Cameroun occidental, le Sud-Ouest et le Sud-Est africains allemands ; la Belgique, les territoires du Ruanda-Urundi, qui deviennent une véritable sous-colonie du Congo belge ; les Australiens, les Néo-Zélandais et les Japonais se partagent les terres allemandes du Pacifique.

À vrai dire, entre 1920 et 1930, « le problème colonial […] semble se conclure en apothéose » (J. Tramond) : tous les empires paraissent des constructions solides, bien que d'importance et d'ancienneté très différentes.

Les anciens empires résiduels

Parmi ceux dont l'origine remonte à l'époque moderne, certains ne comprennent que des vestiges et d'autres forment d'immenses ensembles. Le Portugal et l'Espagne sont dans le premier cas.

Le Portugal ne possède plus que quelques épaves en Asie (Diu et Goa, la moitié de Timor, Macao) et un domaine africain encore notable avec les îles du Cap-Vert, la Guinée et surtout l'Angola et le Mozambique.

De son ancienne splendeur, l'Espagne conserve le Río de Oro, les îles de Fernando Poo et d'Annobón, la Guinée, auxquels elle a ajouté le protectorat du nord du Maroc. On mettra à part le Danemark, qui, outre les îles Féroé et, quelques petites Antilles, dispose, depuis le début du xviiie siècle, des immensités du Groenland et maintient des liens avec l'Islande.

Les anciens empires massifs

Trois empires d'origine ancienne en imposent par leur étendue et leur population.

Avec les Indes néerlandaises, qui couvrent 1 900 000 km2 et comptent près de 60 millions d'habitants, les Pays-Bas (qui possèdent aussi la Guyane hollandaise et quelques petites Antilles) sont la troisième puissance coloniale du monde (→ Empire colonial néerlandais). Le second rang appartient à l'Empire français (12,5 millions de kilomètres carrés et 65 millions d'habitants), dont les cinq sixièmes de la superficie sont en Afrique, mais les deux cinquièmes de la population en Indochine (→ Empire colobial français). Quant à l'Empire britannique, partout présent à la surface de la Terre, il vient largement en tête avec 35 millions de kilomètres carrés et plus de 400 millions d'habitants.

Les empires récents

Les empires de formation récente sont très disparates. Ainsi de la Belgique avec le Congo et le Ruanda-Urundi (2 500 000 km2 et plus de 15 millions d'habitants). L’Italie, dépassant les limites de son empire médiocre, brave, en 1935, l’interdit de la SDN, et s’empare de l'Éthiopie. Le Japon, réveillé par l'impérialisme occidental et devenu à son tour impérialiste, dispose d'un empire insulaire (la moitié de Sakhaline, les Kouriles, les Ryukyu, Formose [→ Taïwan], une partie de la Micronésie) et continental (Corée, Mandchourie) ; ses ambitions se portent maintenant sur la Chine elle-même. Compte tenu de leur énorme puissance, les États-Unis possèdent un nombre limité de territoires coloniaux mais la plupart des États de l'Amérique latine sont pour eux des semi-colonies.

La bonne conscience des puissances coloniales

Ayant accompli une œuvre considérable, que montre en partie l'Exposition coloniale de Vincennes en 1931, les puissances impériales ont bonne conscience et, malgré quelques craquements sous forme d'agitations nationalistes (par exemple en Égypte, en Inde ou en Indochine française), elles ne doutent pas de la pérennité des édifices qu'elles ont élevés. Un excellent spécialiste français des questions d'outre-mer écrit, en 1937, qu'« il ne ressort nullement des faits acquis que la colonisation contemporaine, dans les possessions où domine le peuplement indigène, sente le sol se dérober sous ses pas » (Georges Hardy).

Pendant la guerre, Winston Churchill refuse d'envisager une éventuelle liquidation de l'Empire colonial britannique, et, en 1944, la conférence de Brazzaville proclame encore que « la constitution éventuelle, même lointaine, de self-governments dans les colonies est à écarter ». Ainsi, les contemporains n'avaient pas apprécié à sa juste importance la révolution coloniale, qui, en bouleversant toutes les structures, rendait inévitables des transformations fondamentales.

5. La révolution coloniale

En réalité, la révolution coloniale est double, car, si l'Europe a bouleversé les sociétés colonisées, elle-même a subi le contrecoup de son action colonisatrice ; ici, il ne s'agira que du premier phénomène, d'ailleurs le plus important.

5.1. Les facteurs de la transformation

La présence européenne

Le facteur initial, c'est évidemment l'Européen en tant qu'homme, agent économique. Du début du xvie à la fin du xviiie siècle, 4 à 5 millions d'individus sont allés s'établir en Amérique et ont suffi pour y ébranler et parfois y détruire les fondements de la vie indigène. Le mouvement d'émigration s'amplifie par la suite, et on estime que, de 1800 à 1930, environ 40 millions d'Européens ont quitté le vieux continent pour se déverser sur le monde entier, les Britanniques intervenant à eux seuls pour plus de 17 millions de personnes. C'est peu à l'échelle de la population du globe (1 600 millions d'habitants en 1900), mais il s'agit d'un levain puissant susceptible d'engendrer une fermentation révolutionnaire.

Le poids du capitalisme

Outre son dynamisme, l'Européen dispose d'un levier efficace qui lui est propre : le capitalisme. L'argent est le moteur de la transformation, même quand les Blancs sont peu nombreux. Une statistique anglaise fait apparaître qu'au 1er janvier 1916, sur un total de 3 836 104 000 livres de capitaux britanniques placés hors de Grande-Bretagne, 1 935 740 000, soit la moitié, l'étaient dans les colonies, dont 570 millions au Canada, 443 en Australasie, 390 dans l'Inde, 455 en Afrique. À cause de la méfiance de ses capitalistes, la part de la France est beaucoup plus modeste : 4 milliards de francs-or en 1914 sur les 41 placés hors de France. À son empire, longtemps déficitaire, le gouvernement allemand accorde d'importantes subventions : 114 millions de Marks pour la seule année 1906 (le Mark vaut alors 1,25 FF et la livre sterling 25 FF). À cela s'ajoutent les investissements d'origine locale, qui font qu'en Algérie, par exemple, les spoliations subies par les Français seront estimées, en valeur, à la moitié des biens publics laissés par la France.

Le poids du christianisme

Mais, pour agir, l'Européen ne dispose pas seulement de la force matérielle, il a aussi la force spirituelle, le Dieu des chrétiens introduit par les missionnaires catholiques ou protestants. En supplantant les anciennes religions, le christianisme va imposer de nouveaux modes de pensée, tout en devenant une source de contestation au nom de la fraternité prêchée par ses prêtres, considérant comme égaux tous les fidèles, hommes blancs et hommes de couleur.

5.2. Le bouleversement du monde indigène

Les mutations démographiques

La révolution la plus profonde, celle qui, en grande partie, conditionne les autres, se produit dans la démographie. Par suite des guerres de conquête, de l'exploitation économique et de l'introduction de maladies inconnues (influenza, rougeole, tuberculose), le contact avec les Européens est en général, dans un premier temps, absolument destructeur : des populations entières disparaissent en Amérique ou en Océanie, tandis que l'Afrique est ravagée par la traite des Noirs.

Mais, partout où la population indigène s'est maintenue, une seconde phase suit, caractérisée par un renversement complet du sens de l'évolution. Avec la fin des guerres intestines, l'assainissement des régions contaminées, l'œuvre des médecins, la progression démographique, d'abord lente, va s'accélérant, les taux de croissance annuelle atteignant de 20 à 30 p. 1 000, ce qui pose avec acuité le problème de l'emploi et celui du niveau de vie.

Mutations économiques

Dans le domaine économique, la colonisation introduit partout une économie nouvelle, dont les traits majeurs sont la facilité des échanges, l'augmentation de la productivité, la recherche du profit. Parfois, l'économie précoloniale se maintient presque inchangée – sur de vastes territoires d'Afrique noire par exemple –, mais, le plus souvent, elle est transformée, notamment par l'introduction de la monnaie, et on voit des indigènes se livrer aux cultures d'exportation en sacrifiant les cultures vivrières. Surtout, l'Européen est créateur de villes dont l'économie apparaît comme calquée sur celle des campagnes traditionnelles. Toujours, la métropole essaie de s'assurer des avantages, empêchant, par exemple, l'industrialisation des colonies.

Mutations sociales

La transformation sociale est l'aboutissement de cette évolution. Avec les lois foncières, qui mobilisent la propriété, avec l'œuvre d'enseignement et l'évangélisation, qui introduisent les valeurs mentales d'une autre civilisation, avec l'appel de la ville et parfois le service militaire, qui enlèvent l'individu à son groupe, la société communautaire recule devant une société d’un nouveau type, qui se constitue peu à peu. Cette société nouvelle est formée d'une bourgeoisie d'« évolués » (selon les critères européens), devant laquelle s'effacent de plus en plus les chefs traditionnels, et d'une masse de salariés ou de sous-prolétaires, qui s'accumulent dans les villes. Ce sont là les deux éléments qui deviendront l'aile motrice des partis nationalistes qui porteront eux-mêmes pour une bonne part la revendication d’indépendance et donc, de décolonisation.

Pour en savoir plus, voir les articles décolonisation, Empire colonial belge, Empire colonial britannique, Empire colonial espagnol, Empire colonial français, Empire colonial néerlandais, Empire colonial portugais.

Armée de la Compagnie anglaise des Indes orientales
Armée de la Compagnie anglaise des Indes orientales
Baptême des Indiens par les dominicains
Baptême des Indiens par les dominicains
Bateau négrier
Bateau négrier
Campagne du Dahomey
Campagne du Dahomey
Caravelle
Caravelle
Christophe Colomb
Christophe Colomb
Colonisation, affiche
Colonisation, affiche
Cortés ordonne que l'on détruise et brûle les idoles
Cortés ordonne que l'on détruise et brûle les idoles
Esclavage : traite des Noirs
Esclavage : traite des Noirs
Gandhi dans la fosse aux lions
Gandhi dans la fosse aux lions
Henri Dimpre, « L'instruction et l'éducation »
Henri Dimpre, « L'instruction et l'éducation »
La colonisation de l'Amérique du Nord, 1697-1713
La colonisation de l'Amérique du Nord, 1697-1713
La période coloniale
La période coloniale
Les empires coloniaux avant la Seconde Guerre mondiale
Les empires coloniaux avant la Seconde Guerre mondiale
Les Hollandais à l'Île Maurice
Les Hollandais à l'Île Maurice
L'impérialisme américain à Cuba et aux Philippines
L'impérialisme américain à Cuba et aux Philippines
Livingstone et Stanley
Livingstone et Stanley
Marchand et Fachoda
Marchand et Fachoda
Planisphère portugais
Planisphère portugais
Prise de Saint-Louis du Sénégal
Prise de Saint-Louis du Sénégal
Vasco de Gama
Vasco de Gama
Victor Schoelcher
Victor Schoelcher
Voir plus
  • vers 1850 avant J.-C. Le pharaon Sésostris III colonise la Nubie jusqu'à la 3e cataracte du Nil.
  • vers 750 avant J.-C. Débuts de la colonisation grecque vers l'Occident (fondation de Cumes, Naxos, Syracuse) ; épanouissement de l'art géométrique (céramique).
  • 181 avant J.-C. Sur les bords de l'Adriatique, les Romains fondent la colonie latine d'Aquilée.
  • 123/122 avant J.-C. Tribunat de Caius Sempronius Gracchus ; il fait décider la fondation de colonies sur le territoire de Tarente, de Carthage et de Corinthe, et est à l'origine d'une loi frumentaire garantissant aux prolétaires du blé à bas prix.
  • 100 Fondation de la colonie militaire de Timgad (Algérie).
  • 211 Caracalla accorde à Palmyre le titre de colonie romaine.
  • vers 740 Des musulmans s'établissent sur la côte orientale de l'Afrique.
  • 986 L'explorateur norvégien Erik le Rouge fonde une colonie viking sur la côte sud-ouest du Groenland.
  • 1261 La colonie scandinave du Groenland est rattachée à la Norvège.
  • 1402 Conquête des Canaries par Jean de Béthencourt.
  • 1415 Prise de Ceuta par les Portugais, qui poursuivent jusqu'en 1487 leur descente le long des côtes occidentales de l'Afrique.
  • 1471 Les Portugais conquièrent Tanger.
  • vers 1490 Arrivée des Portugais au Mozambique. Ils s'y établiront dans les ports, remonteront le Zambèze, et en élimineront les Arabes.
  • 1493 Bulle du pape Alexandre VI délimitant les domaines espagnols et portugais dans le Nouveau Monde ; cette limite est entérinée l'année suivante par les souverains des deux pays à Tordesillas.
  • 1500 P. A. Cabral prend possession de la « Terre de la Vraie Croix » (Brésil).
  • XVIe s. Partage de l'empire du Monomotapa en quatre territoires qui continuent à commercer avec les Portugais.
  • 1503 Les Portugais s'emparent de Zanzibar dont ils feront le centre de leur domination en Afrique orientale.
  • 1505 Arrivée des Portugais à Ceylan (Sri Lanka).
  • 1505-1511 Les Espagnols occupent Mers el-Kébir, Oran et Béjaïa.
  • 1506-1543 Règne d'Affonso Ier, premier roi catholique du Kongo, qui modernise son pays avec l'aide des Portugais.
  • 1510 Conquête de Goa par le Portugais A. de Albuquerque.
  • 1511 Colonisation de Porto Rico par les Espagnols.
  • 1511 Début de l'occupation de Cuba par les Espagnols.
  • 1511 Arrivée des Portugais à Java et prise de Melaka.
  • 1519 L'Espagnol Cortés débarque sur la côte du Yucatán, puis fonde Veracruz.
  • 1519 Fondation de La Havane par Diego Velázquez.
  • 1520 Assassinat de Moctezuma II par les Mexicains probablement encouragés par Cortés.
  • 1521 Prise et destruction de Tenochtitlán par les Espagnols.
  • 1523 Conquête du Guatemala par P. de Alvarado.
  • 1525 Le dernier empereur aztèque, Cuauhtémoc, est exécuté.
  • 1533 Le conquistador espagnol Pizarro s'empare de Cuzco, tandis que le souverain inca, Atahualpa, est condamné à mort.
  • 1535 Fondation de Lima par Pizarro.
  • 1535 Création d'une vice-royauté en Nouvelle-Espagne.
  • 1535 D. de Almagro commence la conquête du Chili.
  • 1538 Les Espagnols fondent Bogotá sur l'emplacement de l'ancienne Bacata, centre principal des Indiens Chibcha.
  • 1541 Fondation de Santiago du Chili par Pedro de Valdivia.
  • 1542 L'Amérique centrale forme la capitainerie générale du Guatemala.
  • 1543 Création de la vice-royauté du Pérou, avec Lima pour capitale.
  • 1545 Découverte des mines d'argent de Potosí (Bolivie).
  • 1549 Bogotá devient le siège d'une audiencia (cour de justice).
  • 1563 Création de l'audiencia (cour de justice) de Quito, qui fait partie de la vice-royauté du Pérou.
  • 1571 Les Espagnols instaurent leur suzeraineté aux Philippines, dont Manille devient la capitale.
  • 1575 Établissement de colons portugais à Luanda (Angola).
  • 1583 Début d'une guerre entre le Portugal et le royaume d'Angola, qui durera jusqu'en 1625.
  • 1584 Sir Walter Raleigh fonde en Amérique du Nord une colonie anglaise qu'il baptise Virginie, en l'honneur de la reine Élisabeth.
  • 1600 Fondation de la Compagnie anglaise des Indes orientales.
  • XVIIe s. Le commerce des esclaves supplante celui de l'or sur la Côte-de-l'Or (Ghana actuel).
  • 1602 Fondation de la Compagnie hollandaise des Indes orientales.
  • 1604 Les jésuites font du Paraguay une province séparée, où les Indiens sont rassemblés dans des villages indigènes interdits aux colons (réductions).
  • 1605 Fondation de Port-Royal, en Acadie (Canada).
  • 1605 Les Hollandais évincent les Portugais d'Amboine (île des Moluques, Indonésie), qui passe sous le contrôle de la Compagnie hollandaise des Indes orientales.
  • 1607 Fondation de Jamestown (Virginie) par la Virginia Company of London.
  • 1608 Champlain fonde Québec.
  • 1609 H. Hudson reconnaît le territoire du futur État de Pennsylvanie.
  • 1619 Fondation de Batavia (aujourd'hui Jakarta), capitale des Indes néerlandaises.
  • 1620 Les émigrants du « Mayflower » débarquent en Amérique et fondent Plymouth en Nouvelle-Angleterre.
  • 1621 La Compagnie hollandaise des Indes occidentales assure le développement de la Guyane.
  • 1622 Avec l'aide des Britanniques, le chah de Perse Abbas Ier reconquiert la place d'Ormuz, alors possession portugaise.
  • 1626 Les Hollandais fondent en Amérique du Nord la colonie de La Nouvelle-Amsterdam.
  • 1635 Début de la colonisation de la Guadeloupe et de la Martinique par les Français.
  • 1637 Les Hollandais enlèvent aux Portugais le fort d'Elmina (Ghana).
  • 1638 Occupation de l'île de la Réunion par les Français.
  • 1639 La Compagnie anglaise des Indes orientales établit un comptoir à Madras.
  • 1641 Les Hollandais prennent Melaka.
  • 1642 Fondation de Ville-Marie (Montréal).
  • 1643 Fondation de Fort-Dauphin au sud-est de Madagascar par le Français Jacques Pronis.
  • 1652 Fondation du Cap, premier établissement permanent hollandais (boer) en Afrique du Sud.
  • 1654 Les Néerlandais sont chassés du Brésil par les colons portugais.
  • 1655-1658 Les Anglais s'emparent de la Jamaïque.
  • 1658 Les Hollandais éliminent les Portugais de Ceylan (Sri Lanka), dont ils font une colonie d'exploitation.
  • 1659 Création de Saint-Louis, établissement commercial français (Sénégal).
  • 1661 Le corsaire chinois Koxinga chasse les Hollandais établis à Taïwan.
  • 1663 Colbert organise systématiquement la colonisation de la Guyane française.
  • 1663 Louis XIV intègre la Nouvelle-France (Canada) au domaine royal.
  • 1664 Les Anglais s'emparent de La Nouvelle-Amsterdam, qui prend le nom de New York.
  • 1664 Fondation de la Compagnie française des Indes orientales.
  • 1667 Les Néerlandais évincent les Anglais, qui avaient fondé des établissements en Guyane.
  • 1668 Les îles Mariannes sont annexées par l'Espagne.
  • 1672 Fondation de la Royal African Company britannique, compagnie vouée au commerce triangulaire (traite des Noirs entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique).
  • 1677 Les Français prennent aux Hollandais l'îlot de Gorée (Sénégal).
  • 1677 Disputée aux Anglais et aux Néerlandais, la Guyane est reconquise par la France.
  • 1682 William Penn fonde la ville de Philadelphie.
  • 1682 La Salle prend possession de la future Louisiane (9 avril).
  • 1684 Le sultan Mulay Ismaïl récupère Tanger, que le Portugal avait cédé à la Grande-Bretagne.
  • 1690 Les Anglais s'emparent de l'Acadie et de Terre-Neuve.
  • 1690 Établissement d'un comptoir de la Compagnie anglaise des Indes orientales à Calcutta.
  • 1693 Changamira, chef des Rozwi, chasse les Portugais du Monomotapa.
  • 1697 Le traité de Ryswick reconnaît à la France ses conquêtes de la baie d'Hudson et lui restitue Terre-Neuve.
  • 1697 Cuba est partagée entre l'Espagne (partie orientale) et la France, qui reçoit également la partie occidentale d'Haïti.
  • 1698 Les Arabes d'Oman placent sous leur protectorat Zanzibar et les possessions portugaises de la côte est de l'Afrique.
  • 1698 Création de Saigon (aujourd'hui, Hô Chi Minh-Ville) par les Vietnamiens, qui colonisent le delta du Mékong, qu'ils enlèveront au Cambodge.
  • XVIIIe s. Les Arabes d'Oman enlèvent aux Portugais le contrôle du littoral du Kenya.
  • XVIIIe s. Apogée de la traite et du commerce triangulaire reliant les ports européens, la côte africaine et l'Amérique.
  • 1713-1714 Traités d'Utrecht et de Rastatt mettant fin à la guerre de la Succession d'Espagne : la France perd la baie d'Hudson, l'Acadie et l'essentiel de Terre-Neuve.
  • 1715 Les Français s'emparent de l'île Maurice.
  • 1717 Création de la vice-royauté de la Nouvelle-Grenade, qui exporte vers l'Espagne des métaux précieux. L'audiencia (cour de justice) de Quito lui est rattachée.
  • 1718 Les Français fondent La Nouvelle-Orléans, capitale de la Louisiane.
  • 1724 Fondation de Montevideo (Uruguay).
  • 1735 La Bourdonnais, gouverneur des îles de France (île Maurice) et de Bourbon (île de la Réunion).
  • 1742-1754 Dupleix, gouverneur général des établissements français dans l'Inde, soumet à l'influence française le Carnatic et le Deccan.
  • 1747 Indépendance de l'Afghanistan.
  • 1756 Occupation des îles Seychelles par la France.
  • 1756-1763 Guerre de Sept Ans, qui oppose l'Angleterre et la Prusse à la France, l'Autriche et la Russie, et se termine par les traités de Paris et d'Hubertsbourg. Durant cette guerre, les colons américains aident les Anglais à chasser les Français du Canada.
  • 1757 Victoire du Britannique Clive sur le nabab du Bengale à Plassey.
  • 1759 Mort de Montcalm au cours du siège de Québec, qui tombe aux mains des Anglais.
  • 1761 Capitulation de Lally à Pondichéry devant les Anglais.
  • 1765 Mogador (Essaouira) est fondé pour concentrer le commerce du Maroc avec les Européens.
  • 1774 Les délégués des colonies américaines tiennent leur premier congrès continental à Philadelphie.
  • 1775 Début de la guerre d'Indépendance des colonies américaines, dirigée par G. Washington.
  • 1776 Le Congrès, réuni à Philadelphie, proclame l'indépendance des 13 colonies anglaises d'Amérique (4 juillet).
  • 1776 Création de la vice-royauté espagnole de La Plata (Argentine).
  • 1776 Fondation de San Francisco par les Espagnols.
  • 1777 Le traité de San Ildefonso fixe les frontières entre le Brésil et les possessions espagnoles.
  • 1777-1778 Cession à l'Espagne des îles d'Annobón et de Fernando Poo (Bioko), que possédait le Portugal (Guinée-Équatoriale).
  • 1787 Achat de la zone côtière de la Sierra Leone par la Société antiesclavagiste britannique.
  • 1788 Débarquement des premiers convicts (forçats) à Port Jackson (Sydney). Début de la colonisation de l'Australie.
  • 1791 Séparation du Bas-Canada, francophone (dont Québec est la capitale), et du Haut-Canada, anglophone (actuel Ontario).
  • 1795 L'Espagne cède à la France la partie orientale d'Haïti (traité de Bâle).
  • 1796 Annexion de Ceylan (Sri Lanka) par la Grande-Bretagne.
  • 1798 Disparition de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, dont les possessions reviennent à la République batave.
  • 1804 Indépendance de la partie occidentale de Haïti, proclamée par un lieutenant de Toussaint Louverture.
  • 1808 Arrivée de la cour portugaise à Rio de Janeiro (Brésil).
  • 1810 Le vice-roi de La Plata est déposé par une junte révolutionnaire.
  • 1810-1815 Au Mexique, soulèvement populaire contre les Espagnols.
  • 1810-1828 Règne de Radama Ier à Madagascar, qui modernise l'île avec le concours des Britanniques.
  • 1811 À Santiago du Chili, une junte patriotique lutte contre les Espagnols.
  • 1812-1815 Seconde guerre de l'Indépendance opposant la Grande-Bretagne aux États-Unis.
  • 1813 Le Paraguay devient indépendant.
  • 1814 L'Afrique du Sud passe sous administration britannique.
  • 1814 La France cède l'île Maurice et les Seychelles à la Grande-Bretagne.
  • 1815 La Grande-Bretagne s'empare du royaume de Kandy (Sri Lanka).
  • 1816 Le congrès de Tucumán proclame l'indépendance de l'Argentine.
  • 1816 Les Britanniques rétrocèdent Java et les Moluques aux Pays-Bas.
  • 1818 Victoire de Maipú ; le Chili est libéré de la domination espagnole.
  • 1821 Indépendance du Mexique et du Costa Rica.
  • 1823 La Nouvelle-Galles du Sud est déclarée colonie de la Couronne.
  • 1823-1838/1839 Le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et le Salvador forment la Fédération des Provinces-Unies d'Amérique centrale.
  • 1824 Sucre remporte la victoire d'Ayacucho. Indépendance du Pérou.
  • 1825 Indépendance de la Bolivie.
  • 1828 Indépendance de l'Uruguay.
  • 1828 Les Hollandais occupent la partie occidentale de la Nouvelle-Guinée.
  • 1830 Prise d'Alger par les Français.
  • 1830 La Colombie, l'Équateur et le Venezuela deviennent des États indépendants.
  • 1830 Les Britanniques réunissent leurs possessions en Malaisie (Penang, Singapour, Melaka), qu'ils appellent « Établissements des Détroits. »
  • 1832 Les sultans d'Oman s'établissent à Zanzibar.
  • 1832-1847 Abd el-Kader dirige la résistance à la conquête de l'Algérie par la France.
  • 1834-1839 Grand Trek des Boers, qui quittent la colonie du Cap pour gagner les côtes du Natal puis l'intérieur. Ils repoussent les tribus bantoues et constituent les États du Natal, d'Orange et du Transvaal.
  • 1837 Tentative de soulèvement du Haut-Canada par W. L. Mackenzie.
  • 1840 Le transport de convicts en Australie est supprimé.
  • 1840 À la suite des rébellions francophones en 1837, la Grande-Bretagne impose l'Acte d'union, qui supprime le Bas-Canada.
  • 1840 Traité de Londres imposé par les puissances européennes, qui ne laissent au vice-roi d'Égypte Méhémet-Ali que l'Égypte et le Soudan.
  • 1841 Les Français s'emparent de Mayotte, île de l'archipel des Comores.
  • 1842 La Chine, après les attaques britanniques de 1840-1841, signe avec la Grande-Bretagne le traité de Nankin. Elle lui cède Hongkong et ouvre cinq ports aux importations d'opium.
  • 1843 Tahiti sous protectorat français.
  • 1844 Le Natal passe sous administration britannique.
  • 1847 Création de l'État du Liberia.
  • 1848 Décret d'abolition de l'esclavage dans les colonies, préparé par V. Schœlcher (27 avril).
  • 1850 Un acte du gouvernement britannique établit des conseils législatifs partiellement élus dans les quatre colonies australiennes.
  • 1851 Début de la ruée vers l'or australienne.
  • 1852 Reconnaissance de l'indépendance de la République du Transvaal, fondée par Pretorius.
  • 1852 Une large autonomie est accordée à la Nouvelle-Zélande.
  • 1853 La Nouvelle-Calédonie devient officiellement française.
  • 1857 Création du port de Dakar par L. Faidherbe.
  • 1858 Transfert de l'Inde de la Compagnie anglaise des Indes orientales à la Couronne britannique.
  • 1861 Protectorat britannique sur le Sikkim.
  • 1861 La France obtient la création de la province du Mont-Liban, dotée d'une certaine autonomie.
  • 1862 La France annexe la Cochinchine orientale.
  • 1863 La France étend son protectorat sur le Cambodge.
  • 1867 Création du dominion du Canada.
  • 1870 Sous la conduite de L. Riel, révolte des métis canadiens.
  • 1876 Le vice-roi d'Égypte Ismail Pacha doit accepter le contrôle financier de la France et de l'Angleterre.
  • 1878 Le roi des Belges Léopold II crée avec Stanley le Comité d'études du Haut-Congo.
  • 1879-1880 Mission de Gallieni du Sénégal au Niger.
  • 1880 Tahiti reçoit le statut de colonie française.
  • 1881 Massacre de la mission de P. Flatters (France) au sud de Ouargla (Sahara algérien).
  • 1881 Protectorat français sur la Tunisie (traité du Bardo).
  • 1882 Après l'échec du mouvement nationaliste de Urabi Pacha en Égypte, le khédive Tawfiq doit accepter l'occupation militaire anglaise.
  • 1883-1885 La Grande-Bretagne (au sud-est) et l'Allemagne (au nord-est) établissent leurs protectorats sur la Nouvelle-Guinée.
  • 1884-1885 Conférence coloniale de Berlin.
  • 1885 Création de l'État indépendant du Congo, reconnu par la conférence de Berlin.
  • 1885 Création du Congrès, parti nationaliste de l'Inde.
  • 1885 Troisième guerre anglo-birmane. La Birmanie est annexée à l'empire des Indes (1886).
  • 1885 La Chine renonce, au profit de la France, à ses droits sur l'Annam et sur le Tonkin.
  • 1887 La Cochinchine devient une colonie française.
  • 1888-1890 Sur le haut-Niger, une grande partie de son empire se soulève contre le chef malinké Samori Touré, qui est finalement capturé par l'armée française en 1898.
  • 1894 Protectorat français au Dahomey.
  • 1895-1958 Regroupement de huit colonies dans l'Afrique occidentale française (A.-O.F.).
  • 1895-1896 Conquête de Madagascar par la France.
  • 1897 Sur l'initiative de Gallieni, la reine de Madagascar, Ranavalona III est déposée et exilée.
  • 1898 Face aux exigences britanniques, le gouvernement français doit s'incliner et évacuer Fachoda.
  • 1898 Guerre hispano-américaine ; vaincue, l'Espagne abandonne Cuba.
  • 1898 Annexion des îles Hawaii, de Porto Rico et des Philippines par les États-Unis.
  • 1898 La Chine est partagée en zones d'influence par les Occidentaux.
  • 1899 Condominium anglo-égyptien sur le Soudan.
  • 1899 Les îles Mariannes sont vendues à l'Allemagne.
  • 1899-1902 Guerre des Boers contre les Anglais en Afrique du Sud.
  • 1901 Le Commonwealth d'Australie, auquel se rattache la Tasmanie, est officiellement proclamé.
  • 1901 Fin de la guérilla antiaméricaine aux Philippines (capture d'Aguinaldo).
  • 1902 Dakar devient la capitale de l'Afrique-Occidentale française (A.-O. F.).
  • 1903 Les Seychelles sont érigées en colonie de la Couronne britannique.
  • 1903 Les États-Unis obtiennent la concession de la zone du canal de Panamá ; les travaux seront engagés en 1904.
  • 1903 La Colombie perd le Panamá, qui devient un État indépendant.
  • 1904-1927 Au Cambodge, règne de Sisovath, qui modernise le pays avec l'administration coloniale française.
  • 1906 La conférence d'Algésiras internationalise le problème du Maroc.
  • 1906 Création de la Ligue musulmane pour la défense des musulmans de l'Inde.
  • 1907 Création du dominion de Nouvelle-Zélande.
  • 1908 Léopold II lègue l'État indépendant du Congo à la Belgique.
  • 1909 La Thaïlande doit renoncer à sa suzeraineté sur quatre États malais au profit de la Grande-Bretagne.
  • 1910-1958 Regroupement de quatre colonies dans l'Afrique-Équatoriale française (A.-É.F.)
  • 1910 Constitution de l'Union sud-africaine, fédérant les colonies britanniques du Cap, du Natal, du Transvaal et de l'Orange.
  • 1910 Annexion de la Corée par le Japon.
  • 1911 Émeutes nationalistes en Tunisie.
  • 1911 La canonnière allemande « Panther » dans le port d'Agadir. Deuxième crise marocaine entre la France et l'Allemagne.
  • 1911 Fondation du parti nationaliste musulman Sarekat Islam aux Indes néerlandaises.
  • 1912 Protectorat français sur le Maroc ; Lyautey est nommé résident général.
  • 1914 Protectorat britannique en Égypte.
  • 1915 Occupation d'Haïti par les Américains.
  • 1917 Les Portoricains reçoivent la citoyenneté américaine.
  • 1917 Terre-Neuve reçoit le statut de dominion.
  • 1919 Les îles Mariannes passent sous mandat japonais.
  • 1919-1920 Les colonies allemandes sont remises à leurs conquérants (Français, Belges, Anglais, Japonais, Néo-Zélandais, Australiens et Sud-Africains), à titre de mandats de la S.D.N.
  • 1920 La Grande-Bretagne obtient de la S.D.N. un mandat sur l'Iraq.
  • 1920 Indépendance du royaume du Yémen.
  • 1920 La France reçoit un mandat sur la Syrie et le Grand-Liban.
  • 1920-1922 En Inde, première campagne de désobéissance civile, dirigée par le Mahatma Gandhi. Grève de la faim de Gandhi pour la reconnaissance des droits des intouchables.
  • 1921 Début de la construction du chemin de fer Congo-Océan.
  • 1921 La Nouvelle-Guinée sous le protectorat de l'Australie.
  • 1921 L'administration de la Transjordanie est confiée par les Britanniques à l'émir hachémite Abdullah.
  • 1921 Indépendance de l'Afghanistan.
  • 1922 Les Britanniques se font confier par la S.D.N. un mandat sur la Palestine et la Transjordanie.
  • 1922 Indépendance nominale de l'Égypte ; le roi Fuad Ier promulgue une constitution parlementaire (1923).
  • 1923 Achèvement du chemin de fer Dakar-Niger.
  • 1924 La Rhodésie du Nord devient un protectorat britannique.
  • 1925 Chypre devient une colonie britannique.
  • 1925-1926 Soulèvement des Druzes contre les Français en Syrie.
  • 1927 Hô Chi Minh fonde le parti communiste indochinois.
  • 1927 Congrès anticolonialiste de Bruxelles.
  • 1928 Octroi d'une constitution en Guyane britannique.
  • 1930 Traité anglo-irakien, qui accorde une indépendance nominale à l'Iraq.
  • 1930-1933 Seconde campagne de désobéissance civile organisée par le Mahatma Gandhi en Inde (mars 1930 : « marche du sel »).
  • 1931 Le statut de Westminster rend effective la complète indépendance du Canada, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.
  • 1931 Exposition coloniale en France.
  • 1932 La Haute-Volta (aujourd'hui Burkina) est partagée entre le Soudan, la Côte d'Ivoire et le Niger.
  • 1935 Government of India Act accordant l'autonomie aux provinces indiennes.
  • 1935-1936 Guerre italo-éthiopienne. L'Éthiopie constitue, avec l'Érythrée et la Somalie, l'Afrique orientale italienne.
  • 1936 Un accord anglo-égyptien confirme l'indépendance de l'Égypte. Cependant, les troupes britanniques restent dans le pays.
  • 1936 Autonomie de la Syrie et du Liban.
  • 1937 Aden devient une colonie britannique.
  • 1941 Indépendance de la Syrie proclamée par la France libre (septembre).
  • 1942 Mouvement antibritannique « Quit India » en Inde.
  • 1943 Le Manifeste du peuple algérien, ouvrage politique de F. Abbas, leader du combat pour l'indépendance, est à l'origine du renouveau du nationalisme algérien.
  • 1943 Indépendance du Liban (décembre).
  • 1944 Conférence de Brazzaville sur le futur statut des colonies françaises (30 janvier).
  • 1945 Soulèvement sanglant dans le Constantinois (Algérie) [mai].
  • 1945 Libération de l'Indonésie et proclamation de l'indépendance et de la République indonésienne, présidée par Sukarno (17 août).
  • 1945 Création d'une République démocratique indépendante du Viêt Nam, présidée par Hô Chi Minh (2 septembre).
  • 1946 La Réunion, la Guyane française, la Guadeloupe et la Martinique deviennent des départements français d'outre-mer (D.O.M.). La Nouvelle-Calédonie et la Côte française des Somalis deviennent des territoires français d'outre-mer (T.O.M.).
  • 1946 Fondation de l'Union française, regroupant toutes les possessions coloniales françaises.
  • 1946 F. Houphouët-Boigny prend la tête du Rassemblement démocratique africain.
  • 1946 Échec des conférences de Dalat et de Fontainebleau entre la France et le Viêt-minh (Front de l'indépendance du Viêt Nam) et début de la guerre d'Indochine.
  • 1946 Indépendance des Philippines.
  • 1946 Les Britanniques créent l'Union malaise.
  • 1946 Bombardement d'Haïphong par les Français (novembre).
  • 1947 La France réprime la révolte de Madagascar (environ 80 000 morts) [mars].
  • 1947 Indépendance de l'Inde et partition en deux États : le Pakistan à majorité musulmane, l'Inde à majorité hindoue.
  • 1947-1948 Insurrection malgache.
  • 1948 Indépendance de Sri Lanka (anciennement Ceylan) et de la Birmanie.
  • 1949 Reconnaissance, par les Pays-Bas, de l'indépendance de l'Indonésie proclamée en 1945.
  • 1950-1953 Internationalisation de la guerre en Indochine : aide sino-soviétique à Hô Chi Minh et soutien américain aux Français.
  • 1951 Formation d'un gouvernement semi-autonome au Ghana.
  • 1951 Indépendance de la Libye.
  • 1953 La France dépose le sultan du Maroc Muhammad V.
  • 1953 Instauration du suffrage universel en Guyane britannique.
  • 1954 Insurrection dans les Aurès et en Grande Kabylie, début de la guerre d'Algérie.
  • 1954 Autonomie interne de la Tunisie.
  • 1954 Autonomie du Suriname.
  • 1954 Chute du camp de Diên Biên Phu (7 mai). Accords de Genève divisant le Viêt Nam en deux suivant le 17e parallèle et confirmant l'indépendance du Cambodge (20 juillet).
  • 1955 Conférence afro-asiatique de Bandung condamnant le colonialisme.
  • 1956 Indépendance de la Tunisie et du Maroc.
  • 1956 Loi Defferre préparant l'indépendance des colonies (mars).
  • 1956 Envoi du contingent en Algérie (avril).
  • 1957 En Algérie, opération de rétablissement de l'ordre menées dans les villes (« bataille d'Alger ») [janvier-février].
  • 1957 Indépendance du Ghana dans le cadre du Commonwealth.
  • 1957 Indépendance de la Malaisie.
  • 1958 Insurrection à Alger (13 mai).
  • 1958 La Guinée devient indépendante sans lien avec la France ; Sékou Touré, maître absolu.
  • 1958 Création de la Communauté, association entre la République française et la plupart de ses colonies.
  • 1958 Madagascar devient une république autonome.
  • 1958 Autonomie du Nyassaland.
  • 1958 La Polynésie française constitue un territoire d'outre-mer (T.O.M.)
  • 1960 Le Ghana devient une république dont Nkrumah est le premier président.
  • 1960 Indépendance du Nigeria.
  • 1960 Les États autonomes de la Communauté accèdent à l'indépendance. Houphouët-Boigny, président de la Côte d'Ivoire, et Léopold S. Senghor, président du Sénégal.
  • 1960 Indépendance du Congo-Kinshasa (ex-Congo belge).
  • 1960 Constitution de la République de Somalie.
  • 1961 Référendum adoptant le principe de l'autodétermination en Algérie (janvier).
  • 1961 Indépendance de la Sierra Leone et du Tanganyika.
  • 1961 Création de l'O.A.S. (Organisation Armée secrète), après l'échec du putsh militaire d'Alger (avril).
  • 1961 Insurrection nationaliste en Angola.
  • 1961 Répression d'une manifestation algérienne à Paris (octobre).
  • 1961 Indépendance de l'émirat du Koweït.
  • 1962 À la suite des accords d'Évian (18 mars), approuvés par référendum le 8 avril, indépendance de l'Algérie.
  • 1962 Indépendance du Rwanda, du Burundi et de la fédération des cinq États ougandais.
  • 1962 Indépendance de la Jamaïque et des Samoa occidentales dans le cadre du Commonwealth.
  • 1963 Autonomie de la Gambie.
  • 1963 Indépendance du Kenya dans le cadre du Commonwealth.
  • 1963 Le Nigeria devient une république.
  • 1964 La Rhodésie du Nord, indépendante, prend le nom de Zambie.
  • 1964 Le Nyassaland devient indépendant sous le nom de Malawi.
  • 1964 Indépendance de Malte.
  • 1965 Indépendance de la Gambie.
  • 1965 Indépendance de la Rhodésie du Sud (Zimbabwe) qui fait suite à celle de la Rhodhésie du Nord (Zambie en 1964).
  • 1965 Indépendance de Singapour.
  • 1966 Indépendance du Lesotho et du Botswana.
  • 1966 Proclamation de la République de Guyana (ancienne Guyane britannique).
  • 1966 Discours de C. de Gaulle à Phnom Penh (septembre).
  • 1968 Indépendance de la Guinée-Équatoriale, ancienne Guinée espagnole.
  • 1968 Ouverture de la conférence de Paris dans le but de mettre fin à la guerre du Viêt Nam.
  • 1968 Offensive du Têt au Viêt Nam (février).
  • 1974 L'Espagne se retire du Sahara espagnol. Début du conflit entre le Maroc, la Mauritanie et le Front Polisario.
  • 1974 Le Portugal reconnaît la République de Guinée-Bissau.
  • 1975 Indépendance des colonies portugaises de l'Angola et du Mozambique.
  • 1975 Indépendance de la partie orientale de la Nouvelle-Guinée, qui devient la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
  • 1977 Indépendance de la République de Djibouti qui adhère à la Ligue arabe.
  • 1980 Indépendance de la Rhodésie du Sud, sous le nom de Zimbabwe.
  • 1981 Le Belize (ancien Honduras britannique) accède à l'indépendance.
  • 1990 Indépendance de la Namibie.
  • 1993 Indépendance de l'Érythrée.
  • 1997 Le Royaume-Uni restitue Hongkong à la Chine ; mort de Deng Xiaoping.
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