Pierre Marie Auguste Broussonet
Médecin, naturaliste et homme politique français (Montpellier 1761-Montpellier 1807).
Fils d'un médecin de Montpellier, il commence par suivre les traces de son père : il est reçu docteur à 18 ans (à cette époque, il est vrai, les études de médecine durent moins longtemps qu'aujourd'hui). Cependant, non content d'étudier le corps humain, il dissèque les animaux, herborise avec ardeur et, selon le témoignage de sa famille, vit entouré de squelettes, de plantes, de coquilles et de minéraux. En 1780, il présente à la Société royale de Montpellier ses premiers travaux de zoologie, un Mémoire sur les différentes espèces de chiens de mer, dans lequel il décrit vingt-sept espèces de ces requins, alors que Linné n'en a signalé que quinze. Grand admirateur du naturaliste suédois, il ambitionne de faire pour la zoologie ce que celui-ci a fait pour la botanique, c'est-à-dire d'établir une classification de toutes les espèces animales et d'en donner une description précise.
Afin de poursuivre ses travaux d'ichtyologie (étude des poissons), Broussonet part pour l'Angleterre, où résident de grands naturalistes possédant de riches collections. Il se lie avec Joseph Banks qui a accompagné James Cook lors de son premier voyage d'exploration et a découvert de nombreux animaux et plantes. Banks confie au naturaliste français le soin de classer sa collection de poissons, et il le fait élire, malgré son jeune âge, membre de la prestigieuse Royal Society. Revenu en France en 1782, Broussonet publie, les années suivantes, divers travaux qui attirent l'attention : son Ichtyologiæ decas prima, en latin, qui est le premier fascicule d'un grand ouvrage d'ichtyologie où l'auteur doit décrire 1 200 espèces de poissons (mais la suite ne sera jamais écrite) ; Sur le trembleur, espèce peu connue de poisson électrique ; Observations sur le loup marin ; Mémoire pour servir à l'histoire de la respiration des poissons ; Sur le voilier (poisson proche du thon) ; Considérations sur les dents en général et sur les organes qui en tiennent lieu…
Ces travaux lui valent d'être choisi, en 1785, par le célèbre naturaliste Louis Daubenton comme son adjoint à l'École vétérinaire de Maisons-Alfort et son suppléant au Collège royal (aujourd'hui Collège de France). La même année, il est élu à l'Académie royale des sciences, en qualité de membre de la section d'anatomie et de zoologie, et il devient secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture. Avec Daubenton, il s'emploie à lancer en France l'élevage du mouton mérinos et de la chèvre angora, et à développer la qualité de la laine. Il encourage les essais de cultures nouvelles : celle du mûrier à papier, celle du thé en Corse, celle de la pomme de terre dont la consommation a été initiée par Antoine Augustin Parmentier.
Les recherches utilitaires sur les plantes, les travaux sur l'agriculture ont détourné Broussonet de ses études sur les poissons, qu'il ne reprend plus. La Révolution fait de lui un homme politique. Membre de la Commune de Paris en 1789, il est élu en 1791 député à l'Assemblée législative, dont il devient le secrétaire général. Mais il réprouve les excès de la Convention et quitte Paris à la fin de 1792 pour s'installer dans son domaine de Pous, dans l'Hérault. Pendant la Terreur, il passe en Espagne, à la faveur d'une excursion botanique, huit jours avant la chute de Robespierre. En juillet 1794, il séjourne au Portugal et au Maroc, puis rentre en France où, élu membre de l'Institut, il est nommé, sur sa demande, vice-consul à Mogador, au Maroc (1798). Une épidémie de peste le contraint à se réfugier aux Canaries. Il reste quatre ans à Tenerife où il exerce des fonctions consulaires, tout en se livrant à des recherches botaniques. Rentré en France en 1803, il devient professeur de botanique à l'école de médecine de Montpellier et directeur du jardin botanique de cette ville, qu'il enrichit de plantes indigènes et exotiques. Il meurt à 46 ans.
Broussonet et la pseudobranchie
Broussonet et la pseudobranchie
Dans son ouvrage d'ichtyologie recensant plus d'un millier de poissons, Broussonet décrit notamment quelques espèces de poissons osseux et signale qu'ils possèdent un organe alors inconnu, « situé dans la partie antérieure de la cavité branchiale et composé d'un certain nombre de lames comparables à celles des vraies branchies ». Il reviendra, dans son Mémoire pour servir à l'histoire de la respiration des poissons (1785), sur cet organe qu'il appelle « pseudobranchie », en raison de ses petites dimensions, et qu'aucun naturaliste n'a encore mentionné. Il l'a donc découvert et il a eu raison de le considérer comme une annexe respiratoire puisque, 150 ans plus tard, grâce aux techniques modernes, on l'a identifié comme un réservoir d'oxygène.