les Médicis
en italien Medici
Famille italienne de banquiers toscans remontant au xiiie siècle et qui domina Florence avant d'y régner, du xvie au xviiie siècle.
1. Les origines
C'est dès le xiiie siècle que l'on trouve mention de cette famille, originaire du Mugello (30 km de Florence). Le premier Médicis à apparaître dans le gouvernement de Florence est Sylvestre (Salvestro) [Florence 1331-Florence 1388], gonfalonnier, qui déclenche en 1378 l'insurrection des Ciompi contre les Albizzi, ce qui lui vaut d'être exilé.
C'est Jean d'Averardo (Giovanni di Bicci) [1360-1429], gonfalonnier également en 1421 et représentant d'une autre branche de la famille, qui fonde la puissance des Médicis en développant la banque familiale avec des filiales à Rome, Venise et Naples et regroupant autour de lui un véritable parti. Ses deux fils, Cosme l'Ancien (Cosimo il Vecchio) [Florence 1389-Careggi 1464] et Laurent l'Ancien (Lorenzo il Vecchio) [Florence 1395-Florence 1440], sont à l'origine des deux branches appelées à régner sur Florence.
2. Les défenseurs du peuple
2.1. Cosme
Cosme hérite de la direction de l'entreprise Médicis en 1429. il consolide, grâce à une gestion habile, l'affaire familiale, qui devient banque, maison de commerce et centre de fabrication. Exilé en 1433 par le chef de l'oligarchie Rinaldo degli Albizzi, il fait un retour triomphal en 1434. Il prête également aux grands : ainsi il est au service du Saint-Siège, des rois de France et d'Angleterre, des ducs de Bourgogne. Une part importante de ses profits est placée dans le Monte dei dotti, qui se charge des emprunts de la cité florentine, ou encore dans le mécénat, faisant de ce marchand un amateur éclairé en matière d'art.
Cosme fonde l'Académie platonicienne et fait de Florence la capitale de l'humanisme, protégeant notamment des artistes comme le sculpteur Donatello, les peintres Fra Angelico, Filippo Lippi et des architectes comme Michelozzo. Ainsi sont achevés pour Cosme le palais-forteresse de la via Larga et la bibliothèque de San Marco, l'église St-Laurent.
Il domine le monde politique en se contentant de fausser avec l'aide de Luca Pitti les institutions traditionnelles et en confiant les magistratures à exercer à des obligés. À sa mort, il reçoit le titre de Pater Patriae (« père de la patrie »). L'autorité morale des Médicis est si grande que le fils de Cosme, Pierre le Goutteux (Florence vers 1414-Florence 1469), peut diriger Florence de 1464 à 1469, sans quitter sa demeure, secondé par son fils Laurent qui lui succède bientôt avec son jeune frère Julien (Giuliano) [Florence 1453-Florence 1478].
2.2. Laurent le Magnifique
Laurent le Magnifique réalise pendant son principat à Florence (1469-1492) l'idéal de la Renaissance italienne. Il est poète, animant les milieux littéraires et écrivant des stances et sonnets (comme le Triomphe de Bacchus et Ariane), philosophe, mécène et diplomate. Collectionneur, il fonde la bibliothèque Laurentienne, protège les artistes et les savants tels Verrocchio à Venise, Botticelli, Andrea Sansovino et Léonard de Vinci. Sa cour est celle d'un prince où se déroulent fêtes et réceptions, mais il est aussi contraint à une intense activité diplomatique et militaire. Il se heurte à l'opposition du patriciat, soutenu par le pape Sixte IV, qui laisse organiser la conjuration des Pazzi, banquiers florentins : ils tentent d'assassiner les Médicis (1478) dans la cathédrale ; Julien est tué, mais Laurent échappe aux meurtriers. Le pape déclenche contre lui une guerre avec le soutien du roi de Naples Ferdinand Ier. Laurent va alors trouver le roi en 1480 et réussit à le gagner à sa cause. Le pouvoir des Médicis sort renforcé, mais, accaparé par les affaires politiques, Laurent laisse péricliter l'affaire familiale, dont les filiales de Londres, Bruges et Lyon font faillite. En puisant dans le capital familial pour ses dépenses culturelles et politiques, il provoque la banqueroute de Monte dei dotti.
Laurent laisse trois enfants : Pierre II (Florence 1472-Cassino 1503) et Julien, qui règnent après lui sur Florence, et Jean (Florence 1475-Rome 1521), qui accède au cardinalat à 14 ans et devient pape (→ Léon X) de 1513 à 1521, marquant ainsi le sommet de l'ascension sociale des Médicis. Rompant avec la tradition familiale, ils ne s'appuient plus sur le peuple, mais sur les grandes familles.
3. Les exils, la tutelle pontificale
Pierre II (Florence 1472-Cassino 1503), fils aîné et successeur de Laurent, s'allie avec le roi de France Charles VIII, provoquant de ce fait la colère des Florentins, qui, excités par la prédiction de Savonarole, le chassent (novembre 1494).
À sa mort, la direction de la famille passe à son frère cadet Julien (Giuliano) [Florence 1478-Rome 1516], fait duc de Nemours par François Ier en épousant Philiberte de Savoie (tante de François Ier). Il retrouve le pouvoir grâce à l'appui du pape Jules II et des troupes espagnoles (1512), mais meurt prématurément. Pierre II et Julien ont été immortalisés par Michel-Ange à San Lorenzo et par la dédicace du Prince de Machiavel.
Laurent (Florence 1492-Florence 1519), fils de Pierre II, gouverne en fait par l'autorité du pape Léon X, son oncle, qui lui donne le titre de capitaine général de l'Église et le duché d'Urbino (1515). Marié à Madeleine de La Tour d'Auvergne (1518), il n'aura qu'une fille, Catherine, future reine de France (→ Catherine de Médicis).
Florence est gouvernée par le cardinal Jules (Giulio) [Florence 1478-Rome 1534], bâtard de Julien (le frère de Laurent le Magnifique), qui s'appuie sur son cousin de la branche cadette, le condottiere Jean des Bandes noires (Giovanni dalle Bande Nere) [Forli 1498-Mantoue 1526]. Le cardinal Jules, devenu le pape Clément VII (1523-1534), confie Florence à des cardinaux, qui l'administrent au nom de deux bâtards : Hippolyte (Urbino 1511-Itri 1535), fils du duc de Nemours, et Alexandre (1512-1537), dont la filiation est incertaine. Clément VII rallie les ennemis de Charles Quint, qui lance contre lui les bandes protestantes : Florence chasse les Médicis et proclame la république de 1527 à 1530.
3. La domination espagnole
Le pouvoir est rendu aux Médicis par Charles Quint lui-même, réconcilié avec le pape. Il impose la domination d'Alexandre, fait duc de Florence (1532-1537) et fiancé à sa fille naturelle Marguerite (1531). Le nouveau souverain, par ses débauches, s'attire la haine des Florentins. Il meurt assassiné, en 1537, par son cousin Lorenzino (Florence 1513-Venise 1548), de la branche cadette (le Lorenzaccio de Musset), qui lui-même mourra assassiné sur les ordres de Cosme Ier. Avec lui s'éteint la branche aînée des Médicis.
Les Florentins choisissent le fils de Jean des Bandes noires, Cosme I er (Cosimo) [Florence 1519-Villa di Castello 1574], duc de Florence de 1537 à 1569. Mais Charles Quint lui impose des garnisons espagnoles ; il réprime la révolte républicaine des Strozzi en 1538, conquiert Sienne et Lucques et transforme les structures de la seigneurie en créant un Conseil de 200 membres et un Sénat de 48 membres, coiffés par un comité restreint, dirigé par le prince lui-même. Il centralise entre ses mains le pouvoir politique et économique. Collectionneur, il fonde l'Académie en 1561, fait construire le palais des Offices et fait entourer le palais Pitti des jardins de Boboli. Le pape Pie V le fait grand-duc de Toscane en 1569 et il devient le fondateur d'une dynastie qui va durer environ 200 ans.
Son fils François (Francesco) [Florence 1541-Florence 1587], grand-duc de Toscane, continue la politique de son père et cherche un allié ; il se tourne vers les Habsbourg d'Espagne et se proclame leur vassal. De sa première femme, il eut une fille qui devint la reine de France (→ Marie de Médicis). Le trône passe à son frère Ferdinand (Florence 1549-Florence 1609), qui abandonne la pourpre cardinalice et devient grand-duc de Toscane (1587-1609). Bon administrateur, il encourage le commerce en créant le port de Livourne, développe l'agriculture et se révèle également un grand mécène, protégeant Jules Romain et Galilée. Désireux de pratiquer une politique indépendante, il cherche un allié dans la France : Henri IV épouse sa nièce Marie de Médicis en 1600.
Après Ferdinand Ier la décadence s'affirme : son fils et successeur Cosme II (Florence 1590-Florence 1621), grand-duc de Toscane de 1609 à 1621, ferme la banque Médicis. Le fils de Cosme, Ferdinand II (Ferdinando) [Florence 1610-Florence 1670], dominé par les prêtres et les moines, est incapable de protéger efficacement Galilée, qu'il admire.
4. Les derniers Médicis
Après Ferdinand II, son fils aîné Cosme III (Cosimo) [Florence 1639-Florence 1723] est grand-duc de Toscane de 1670 à 1723. Le dernier de la lignée est son fils Jean-Gaston (Florence 1671-Florence 1737), qui devient grand-duc de Toscane de 1723 à 1737, mais déjà toute l'Europe se dispute sa succession, qui ira au duc de Lorraine. La sœur de Jean-Gaston, la princesse Palatine, Anne-Marie-Louise (1667-Florence 1743), la dernière des Médicis, lègue le trésor des collections familiales à l'État toscan.
Pour en savoir plus, voir les articles Italie : histoire, Renaissance : beaux-arts.