diffamation

(bas latin diffamatio, -onis)

Action de diffamer ; écrit ou parole diffamatoires.

DROIT

La loi du 29 juillet 1881 sanctionne l'allégation ou l'amputation d'un fait précis qui porte atteinte à l'honneur ou à la considération d'une personne ou d'un corps constitué. La diffamation est un délit si elle est publique. À défaut, c'est une contravention.

SOCIOLOGIE

Entre propos calomnieux et diffamatoires, la différence semble ténue. Pourtant, les premiers peuvent se cantonner à un cercle passablement restreint, tandis que les seconds ont vocation à se répandre jusqu’à mobiliser l’opinion publique elle-même. Étymologiquement, la diffamation est l’opinion publique qui s’en prend à l’opinion qu’un individu a de lui-même ou qu’il avait de lui jusqu’alors. En effet, fama signifie « bruit » ; fama est : le bruit court que ; fama venerat : le bruit s’est répandu. Fama signifie également « opinion générale », et ce n’est qu’en troisième acception que l’on arrive à « réputation ».

La diffamation fait coïncider les trois sens de fama. Le suicide de Roger Salengro, ministre du Front populaire, après une campagne de presse outrageante menée contre lui par l’extrême droite, montre combien risque d’être dévastatrice une telle opération. La diffamation peut avoir partie liée avec la machination orchestrée par la propagande. Elle n’est jamais si efficace qu’en période de crainte d’un complot et sur fond d’exacerbation de la xénophobie ou de l’antisémitisme. L’affaire Dreyfus est révélatrice de la portée d’accusations fausses qui débouchent sur une condamnation déchirant la conscience nationale. Par un choc en retour, briser une personne revient à fissurer la collectivité jusqu’à la béance, ce que la simple médisance n’aurait pu manifestement obtenir.

Si la dimension publique est consubstantielle à la diffamation, si celle-ci fait rejaillir sur l’honneur de la personne privée la souillure publique, elle se transforme aussi au fil des mutations affectant les relations entre sphère publique et sphère privée. On parle aujourd’hui de « droit à l’image », et les paparazzis, à l’heure du numérique, font ressortir les connivences entre indiscrétion et diffamation, laquelle n'est plus une cabale, mais un simple cliché circulant clandestinement sur Internet.