Blocus continental
Ensemble des mesures prises par Napoléon Ier, entre 1806 et 1808, pour priver la Grande-Bretagne de relations commerciales avec le continent et qui constituaient une réplique au blocus maritime appliqué par Londres.
1. Le décret de Berlin (21 novembre 1806)
Les Anglais ayant peu à peu imposé aux navires étrangers, même neutres, la visite de leur cargaison et la saisie des marchandises françaises ou destinées à la France, et, en mai 1806, ayant déclaré en état de blocus toutes les côtes européennes de Brest à Hambourg, Napoléon riposte par le décret de Berlin (21 novembre 1806) : les îles Britanniques sont déclarées en état de blocus ; tout commerce et toute correspondance avec elles sont interdits ; toutes les marchandises anglaises seront confisquées ; tout navire même neutre, qui aura relâché dans un port britannique, ne pourra plus être reçu dans un port français ou allié.
2. Les décrets de Fontainebleau et de Milan (1807)
Le gouvernement britannique répond par de nouvelles mesures : par un ordre en conseil du 11 novembre 1807, il déclare n'accorder la libre circulation qu'aux navires ayant acquitté des droits de douane dans un port britannique, faute de quoi ceux-ci seront réputés de bonne prise. Par les décrets de Fontainebleau (13 octobre 1807) et de Milan (17 décembre. 1807), Napoléon décide que tout navire ayant payé un impôt au Trésor britannique ou souffert la visite d'un navire anglais sera considéré comme « dénationalisé » et en conséquence de bonne prise.
Ce blocus continental, peu à peu établi en représailles des initiatives anglaises, deviendra le ressort essentiel de la politique extérieure de l'Empereur. Il s'agit de forcer la Grande-Bretagne à une paix consacrant les conquêtes françaises en Europe, en l'« asphyxiant » économiquement. Le blocus répond, dans l'esprit de Napoléon, à une préoccupation mercantile : donner à la France l'hégémonie économique en réservant à son industrie les marchés européens.
3. Les conséquences
3.1. Conséquences économiques
Le blocus a des effets divers sur l'économie française. Sur l'agriculture, le plus marqué est l'introduction et l'essor de cultures de remplacement des produits coloniaux – la betterave à sucre notamment. Dans l'ensemble, la France souffrira du blocus, perdant son débouché traditionnel, l'Angleterre ; le blocus aura un effet salutaire sur le développement de l'industrie française, mais privera les ports maritimes au profit du commerce terrestre.
De son côté, l'Angleterre subit plusieurs crises graves : en 1808 une baisse considérable de ses exportations; en 1811 une crise financière et industrielle accompagnée d'émeutes ouvrières. Mais elle les surmonte et réussit à compenser en partie la perte du marché de l'Europe occidentale et centrale par l'accroissement de son commerce en Europe du Nord et en Orient, en intensifiant largement ses échanges avec les colonies d'Amérique latine coupées de leurs métropoles. Le blocus, en raison de l'immense étendue des côtes à surveiller, ne sera jamais complet et une contrebande effrénée ne cessera de se développer.
3.2. De sérieuses conséquences politiques
Les conséquences majeures sont d'ordre politique. Dans ceux des pays annexés qui vivent du commerce maritime, comme la Hollande et l'Allemagne du Nord, dans les pays agricoles qui ont besoin d'exporter, le blocus a des effets désastreux et provoque un sentiment antifrançais. Sa volonté d'étendre le blocus à tous les États européens amènera Napoléon à une politique de guerres et d'annexions. Ainsi seront transformés en départements français : le royaume de Hollande, enlevé à Louis Bonaparte (1810) ; les rivages de l'Allemagne sur la mer du Nord, avec les villes hanséatiques, Brême, Hambourg, Lübeck (1810-1811) ; en Italie, le royaume d'Étrurie (1807), les États pontificaux (1807-1809), ce qui entraînera un grave conflit avec le pape.
La question du blocus est à l'origine de l'intervention au Portugal et, par voie de conséquence, en Espagne. Elle est également à l'origine du conflit d'où sortit la campagne de Russie, à la suite de la réouverture des ports russes au commerce britannique.
Pour en savoir plus, voir les articles premier Empire, Napoléon Ier.