Deux films font un écho indirect à ce documentaire : 11′ 09″ 01 September 11 (collectif : Samira Makhmalbaf, Claude Lelouch, Youssef Chahine, Danis Tanovic, Idrissa Ouedraogo, Ken Loach, Alejandro Gonzalez Iñárritu, Amos Gitaï, Mira Nair, Sean Penn, Shohei Imamura) et À l'ombre de la haine, de Marc Forster (États-Unis).

Le premier est une réflexion parfois humoristique ou décalée (Shohei Imamura parle de la Seconde Guerre mondiale) des événements tragiques qui ont marqué le 11 septembre 2001 (dont ce film évoque le premier anniversaire). Diverses sensibilités du monde entier s'y donnent rendez-vous pour appréhender, sous divers angles, ce tragique événement.

À l'ombre de la haine plonge au plus profond des préjugés américains et met en scène un officier pénitentiaire profondément raciste qui rencontre une femme noire et s'en éprend. Il change... Il tente de changer. Mais y arrivera-t-il vraiment ? À la fin du film, les deux protagonistes connaissent leur passé et souhaitent rester ensemble. Ce film a valu à l'actrice de couleur Halle Berry un oscar. C'est la première fois qu'une actrice noire reçoit ce trophée pour un premier rôle.

On note quelques découvertes ou confirmations comme le très beau film du Franco-Israélien établi aux États-Unis, Raphaël Nadjari, Apartment # 5 C, l'histoire d'une dérive entre un garçon et une fille, mais traitée avec beaucoup de tact.

Le Fils, des Belges Luc et Jean-Pierre Dardenne, confirme leur appétence pour un cinéma très sobre, au plus près des acteurs et des corps : un menuisier retrouve l'assassin involontaire de son fils, un adolescent qui vient juste de sortir de prison. Il l'engage comme apprenti et des relations troubles et complémentaires se nouent entre eux.

Parmi les cinéastes confirmés, Woody Allen déçoit avec Hollywood Ending, l'histoire d'un cinéaste qui n'arrive plus à tourner. Tandis que David Cronenberg affine sa problématique en l'épurant dans Spider. Plus d'effets spéciaux ici, mais la lente analyse d'un homme (meurtrier présumé de sa mère) sur son passé. L'Iranien Abbas Kiarostami scrute, avec toujours autant de talent, la société iranienne dans Ten, ou le périple d'une femme divorcée qui circule en voiture et prend en stop des représentants de toutes les catégories sociales.

2002 aura été une année de transition pour le cinéma français. Nous saurons dans quelques mois si les politiques et les puritains vont le handicaper. Le climat politique troublé du monde n'a pas été très favorable à l'émergence de nouveaux talents comme d'autres années. Celle-ci se termine sur un point d'interrogation.

Festival de Cannes

– Palme d'or : le Pianiste de Roman Polanski (coproduction Allemagne/France/Pologne/Royaume-Uni)

– Grand prix du jury : l'Homme sans passé de Aki Kaurismäki (Finlande)

– Prix de la mise en scène : Im Kwon-Taek pour Ivre de femmes et de peinture et Paul Thomas Anderson pour Punch-Drunk Love

– Prix d'interprétation féminine : Kati Outinen pour l'Homme sans passé de Aki Kaurismäki (Finlande)

– Prix d'interprétation masculine : Olivier Gourmet pour le Fils de Luc et Jean-Pierre Dardenne (Belgique)

– Prix du scénario : Paul Laverty pour Sweet Sixteen de Ken Loach

– Prix du jury : Intervention divine d'Elia Suleiman

– Prix du 55e anniversaire : Bowling for Columbine de Michael Moore

– Palme d'or du court-métrage : Eso utan de Peter Meszaros (Hongrie)

– Prix du jury du court-métrage : The Stone of Folly de Jesse Rosensweet (Canada) et A Very Very Silent Film de Manish Jha (Inde)

– Caméra d'or : Bord de mer de Julie Lopes-Curval (France)

– Mention spéciale du jury : Japon de Carlos Reygadas (Mexique)

Oscars 2002

– Meilleur film : Un homme d'exception de Ron Howard

– Meilleur acteur : Denzel Washington pour Training Day

– Meilleure actrice : Halle Berry pour À l'ombre de la haine (Monster's Ball)

– Meilleure réalisation : Ron Howard pour Un homme d'exception

– Meilleur second rôle masculin : Jim Broadbent pour Iris