Le Pendjab est déchiré par les violences interethniques : malgré le succès du parti du Congrès aux élections de février, le boycott de la plupart des partis sikhs (à l'origine d'un taux d'abstention record de 72 %) enlève toute crédibilité au scrutin. Les attentats se poursuivent dans la région, notamment le massacre d'hindous par des militants sikhs. En Assam, les actions séparatistes de l'ULFA (Front uni de libération de l'Assam) se multiplient, tandis que le Cachemire subit une recrudescence des attentats des séparatistes musulmans qui luttent, les uns pour un rattachement au Pakistan, les autres pour l'indépendance. En décembre, la destruction de la mosquée d'Ayodhya (Uttar-Pradesh) par des hindouistes fanatiques relance les affrontements meurtriers avec les musulmans.

Pakistan

Arrivé au pouvoir le 6 novembre 1990, Nawaz Sharif, président de l'Alliance démocratique islamique (coalition conservatrice modérée), doit affronter de multiples difficultés : il perd, en mai 1992, le soutien du principal parti fondamentaliste musulman, le Jamaat, qui lui reproche sa prudence en matière islamique. En effet, s'il avait adopté en mai 1991 une loi sur l'institution de la charia (législation islamique), il en était resté jusqu'alors au stade des intentions.

Mais le principal danger vient du pouvoir des militaires. Ceux-ci apparaissent comme l'unique rempart contre l'intensification des séparatismes du Cachemire et surtout du Sind. Dans cette province, située au sud du pays, de violents affrontements opposent les Sindhis de souche et les Mohajirs originaires de l'Inde et installés là depuis l'indépendance du Pakistan en 1947. À cela s'ajoute la menace constante des puissantes bandes criminelles. En juillet 1992, le gouvernement accorde à l'armée des pouvoirs considérables : désormais, elle peut mener des perquisitions et interroger des suspects sans être liée par les lois ordinaires. Cette faiblesse du pouvoir civil est d'autant plus préoccupante qu'elle n'est pas contrebalancée par de bonnes performances économiques.

Conflit entre les logiques de la religion et du capitalisme : le Pakistan est une république islamique qui prône en même temps l'économie libérale. Or, la charia (loi musulmane), réintroduite par le gouvernement de Nawaz Sharif, condamne l'usure. Les banques doivent dès lors rembourser les intérêts qu'elles perçoivent, et ne pas pratiquer de prêts à intérêts. Pourtant, le Pakistan s'est lancé dans un programme important de libéralisation de l'économie.

Un marasme économique persistant

Depuis son arrivée au pouvoir, et rompant avec le traditionnel dirigisme de ses prédécesseurs, Nawaz Sharif défend une politique libérale : privatisations massives, abolition du contrôle des changes, dérégulation, ouverture aux investissements étrangers, tels sont les moyens mis en œuvre pour sortir de la récession. Les résultats sont médiocres : si le PIB s'accroît de 6,4 % en 1991-1992, le déficit budgétaire et la dette extérieure s'alourdissent. Les inondations de septembre, à l'origine d'une perte de 70 % des récoltes de coton, assombrissent encore le bilan.

Démographie

Excepté le Sri Lanka, l'Asie du Sud n'est guère parvenue à limiter la croissance de sa population. L'Inde, avec 844 millions d'habitants en 1991, devrait dépasser le cap du milliard en l'an 2000, le Pakistan (113 millions) devrait approcher des 150 millions et le Bangladesh (108 millions) devrait atteindre les 130 millions.

Sri Lanka

Le président conservateur Ranasinghe Premadasa est accusé d'avoir secrètement livré aux rebelles tamouls, pour combattre l'armée indienne, des armes que ceux-ci ont ensuite utilisées contre l'armée sri-lankaise.

Sri Lanka

Même si la croissance dépasse les 4 % en 1992, le chômage frappe 16 % de la population, et la pauvreté demeure importante, avec un produit intérieur brut inférieur à 500 dollars par habitant. Malgré les troubles interethniques, le tourisme a retrouvé ses records de 1982 et contribue à rendre excédentaire la balance des paiements (+205 millions de dollars en 1991).

Chrono. : 12/02, 15/09, 18/11, 6/12.

V. S. Naipaul, l'Inde, un million de révoltes, Plon, 1992.

Paul Roberts