Journal de l'année Édition 1990 1990Éd. 1990

Lors de la troisième session des pourparlers sur la réduction des forces conventionnelles (Vienne, 7 septembre), l'Union soviétique faisait savoir qu'elle acceptait les délais très serrés formulés par l'OTAN. Cependant, les questions de définition des matériels posaient de réels problèmes. Le pacte de Varsovie et l'Alliance réussissaient à s'accorder sur les chars de combat et les véhicules blindés de transport de troupes. En revanche, les deux parties défendaient une approche toute personnelle quant à la définition des moyens aériens. Les troupes stationnées hors de leurs territoires nationaux posaient également quelques problèmes : alors que George Bush n'avait envisagé que la présence des troupes américaines sur le sol de la RFA, le représentant de l'URSS insistait sur la nécessité d'y inclure les forces françaises, belges, britanniques ou canadiennes déployées en Allemagne de l'Ouest. La logique de l'argument était telle que plusieurs diplomates occidentaux prévoyaient que l'OTAN serait amenée à céder sur ce terrain.

Guerre des étoiles et armements stratégiques

En signant le traité de Washington de décembre 1987 sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, l'URSS avait écarté un des nombreux obstacles à un accord sur les missiles à longue portée. Les négociations START (Strategic Arms Reduction Talks) portant sur une réduction de 50 % des armes offensives stratégiques se trouvaient cependant dans l'impasse dans la mesure où les Soviétiques subordonnaient toute avance en ce domaine au retrait de l'initiative de défense stratégique (IDS). Symbole reaganien par excellence, cette « guerre des étoiles » ne semblait pas devoir être abandonnée par les Américains. En septembre, Moscou levait l'obstacle. Et, pour se dégager de toute responsabilité en cas de blocage américain, la diplomatie soviétique acceptait de reconsidérer positivement plusieurs autres exigences formulées jusqu'alors par la Maison-Blanche : notamment le démantèlement du radar de Krasnoïarsk considéré par Washington comme contrevenant à l'accord sur les défenses antimissiles (traité ABM de 1972), la notification préalable de manœuvres impliquant les bombardiers stratégiques et des mesures de vérification concernant les missiles stratégiques mobiles. Indiscutablement spectaculaires, ces propositions soviétiques s'expliquent par la nécessité de débloquer les START pour compenser les concessions liées aux accords CAFE.

En effet, les mesures de vérification in situ prévues par les négociations CAFE ne sont applicables qu'à la seule partie européenne de l'URSS, mais non au territoire américain. En revanche, un accord START, et son cortège de vérifications induit, permettrait de rééquilibrer la situation. De plus, les Soviétiques savent pertinemment que l'IDS, dont le budget a été amputé par l'administration Bush, ne constitue plus une réelle menace. M. Gorbatchev a donc relancé la balle dans le camp américain. L'accélération sans précédent du processus de désarmement devrait déboucher sur une rencontre à Washington en 1990 entre les deux chefs d'État.

Philippe Faverjon