En revanche, les éléments positifs en faveur de la sécurité aérienne sont légion. Études préalables, essais statiques et en vol durant des années ; rigueur des procédures internationales de certification des nouveaux appareils ; programmes d'entretien périodique et de vérifications rigoureux et précis ; contrôles sévères pour l'obtention et le renouvellement du certificat de navigabilité de chaque appareil : autant d'éléments qui font que tout avion, de ligne ou privé, est le moyen de transport le plus élaboré et le plus contrôlé qui soit. À chaque décollage, un avion appartenant à une compagnie sérieuse (la quasi-totalité) est pratiquement neuf. Ni les constructeurs, ni les exploitants, ni les assureurs ne peuvent se permettre de prendre volontairement des risques qui, en cas de catastrophe, se traduisent par des pertes se chiffrant par dizaines de millions de dollars. Outre l'aspect humain, les négligences ou les défaillances sont coûteuses en aéronautique. Chaque incident, ou accident, fait l'objet d'une étude approfondie et toutes mesures utiles sont prises pour en éviter le renouvellement ; on ne peut évidemment tout prévoir, mais on peut corriger ce qui n'était pas à l'origine prévisible.

La sécurité des vols est la préoccupation de tous les instants, dans les bureaux d'études et les ateliers, certes, mais aussi dans les centres d'entraînement du personnel navigant, dans ceux de formation des personnels au sol, et même dans les cuisines : pour éviter tout risque d'intoxication alimentaire, malgré les précautions draconiennes d'hygiène qui règnent dans les « caterings », les plats servis aux deux pilotes doivent provenir de traiteurs différents. Tout est mis en œuvre aussi à bord pour éliminer les imprudences des passagers : rondes incessantes la nuit (pour surveiller, entre autres, les fumeurs qui s'endorment sans éteindre leur cigarette), extincteurs automatiques dans les toilettes, etc. Les recherches se poursuivent aussi dans le domaine du carburant, que l'on s'efforce de rendre ininflammable en cas d'atterrissage forcé, et dans celui de l'ignifugation des tissus et éléments décoratifs des parois des cabines.

Il faut constamment avoir à l'esprit que de nombreuses compagnies, au cours de la dernière décennie, ont effectué des centaines de milliers d'heures de vol, couvert des dizaines de millions de kilomètres et transporté des dizaines de millions de passagers sans enregistrer le moindre accident. Même dans les circonstances dramatiques et imprévisibles de détournements d'avions, l'entraînement et le sang-froid des équipages a presque toujours permis de sauver les passagers et l'appareil, même si, parfois, des membres d'équipage ont payé de leur vie l'accomplissement de leur devoir.

Chaque jour, la sécurité aérienne réalise de nouveaux progrès. L'utilisation croissante des matériaux composites, rendant fuselage et voilure plus résistants et plus légers, la mise au point de moteurs plus performants, moins bruyants, plus économiques et d'une fiabilité accrue, l'implantation de systèmes et d'avionique plus perfectionnés (commandes électriques, écrans vidéo de contrôle) rendent les appareils entrant en service plus sûrs et plus performants. Les dispositifs au sol d'aide à la navigation et à l'atterrissage progressent également rapidement, de même que les prévisions météorologiques se font plus précises et à plus longue échéance. La perfection, certes, n'est pas de ce monde et la « une » des journaux sera inévitablement, un jour ou l'autre, consacrée à un accident grave. Ce que l'on peut cependant affirmer, sans risque d'erreur, c'est que ce sera de plus en plus exceptionnel !

Philippe Delaunes