Journal de l'année Édition 1979 1979Éd. 1979

Le soutien prévu en sixième et cinquième pour les élèves faibles (une heure par semaine en français, en mathématiques et en langue vivante) est assoupli, comme l'ont souhaité les professeurs. Ceux-ci peuvent aussi, cette année, organiser des enseignements complémentaires pour les plus faibles ou même, en français, prévoir un enseignement totalement distinct pour les élèves en difficulté, et, enfin, créer des sections séparées à faible effectif.

En fait, Christian Beullac, le nouveau ministre de l'Éducation, prend quelque distance avec la réforme de son prédécesseur. L'achèvement du collège unique est renvoyé à plus tard. Un quart, environ, des élèves sortant de cinquième sera, à la rentrée 1979, dirigé vers des lycées d'enseignement professionnel (ex-collèges techniques). Ces élèves auront 9 heures par semaine d'enseignement technique ; les autres commenceront directement la préparation d'un CAP.

L'objectif visé, c'est d'éviter que les élèves en difficulté n'abandonnent l'enseignement avant d'avoir achevé leur formation. Mais cela répond aussi aux désirs plus ou moins avoués des enseignants des collèges, peu disposés à accueillir tous les enfants dans des classes ordinaires. La proportion d'exclus correspond presque à celle qui était fixée autrefois pour les classes de transition supprimées par la réforme Haby.

L'apprentissage, après un long déclin, retrouve sa place

Un intérêt nouveau se manifeste pour les formations axées sur le travail professionnel (par opposition au travail scolaire) : apprentissage, formation en alternance.

D'une part, le patronat souhaite contrôler davantage la formation, pour mieux contrôler l'embauche dans une période où l'on recrute moins et où il est moins facile de licencier. À ses précédentes assises sur la formation, le Conseil national du patronat français, qui s'était montré relativement bien disposé à l'égard de l'enseignement public — et en particulier des universités —, présente à Deauville, en décembre 1978, un projet de création d'Instituts techniques professionnels sous contrôle patronal et axés sur la formation en entreprise.

D'autre part, les difficultés d'emploi remettent en faveur l'apprentissage, après un long déclin ; le nombre des apprentis, qui dépassait 300 000 dans les années 60 et était tombé à 163 000 en 1975, remonte à 185 000. L'industrialisation a réduit le nombre des métiers recourant à l'apprentissage, et le développement de l'enseignement technique public lui a fait concurrence. Les jeunes qui ne pouvaient entrer dans cet enseignement ont plus de mal qu'en période d'expansion à trouver du travail, lorsqu'ils sont sans formation.

Les premières mesures prises pour améliorer l'apprentissage — qui souffrait d'une totale absence de coordination entre le travail et la formation en entreprise d'une part, et les cours professionnels, de l'autre —, en instituant un contrôle plus strict de la formation, ont joué un rôle dissuasif. Mais les avantages accordés par le gouvernement aux patrons prenant des apprentis et les mesures prises dans le cadre du pacte pour l'emploi des jeunes entraînent une reprise de l'apprentissage.

Le gouvernement souhaite encourager aussi l'ensemble des formations en alternance. Un projet de loi prévoit que celles-ci pourront être organisées pour les lycéens comme pour les jeunes occupant déjà un emploi ou pour les jeunes au chômage. L'opposition de la FEN, qui craint que ce système donne au patronat davantage d'influence sur la formation, fait restreindre la portée du projet : les établissements scolaires pourront organiser des stages dans des entreprises pour leurs élèves, mais non une véritable alternance entre l'école et le travail.

Le sport : colère des professeurs et des élèves

L'éducation physique est l'objet d'un vif conflit à la rentrée 1978. Pour accroître le nombre d'heures d'enseignement dans les lycées et collèges (150 000 lycéens et collégiens n'ont eu aucune heure d'éducation physique en 1977-1978, faute d'enseignants), Jean-Pierre Soisson, ministre de la Jeunesse, des sports et des loisirs, annonce le 31 août un plan de relance.