Pour la deuxième année consécutive, il s'est ouvert plus d'établissements commerciaux (69 582) qu'il ne s'en est fermé (62 856). À la fin 1976, il y avait donc 6 726 établissements de plus. En 1975, on avait déjà enregistré un solde positif de 3 719 unités. Côté grandes surfaces, on a ouvert 34 hypermarchés, ce qui porte leur nombre à 337, et 315 supermarchés, ce qui en fait 3 246 dans l'Hexagone.

Un phénomène difficile à chiffrer est à noter. On assiste depuis quelques années à la naissance d'un petit succursalisme : lorsqu'un petit commerçant voit ses affaires prospérer, il ouvre bientôt, dans un autre quartier de sa ville, ou dans une ville voisine ou dans la galerie marchande d'un centre commercial, un deuxième, puis un troisième point de vente, voire un quatrième. Cela va souvent de pair avec la mise sous forme de société de l'entreprise commerciale. Quelques chiffres confirment le phénomène, sans permettre de le cerner statistiquement avec précision : le nombre des sociétés de personnes (par opposition à sociétés de capitaux) n'a cessé de croître (+ 8 945 en 1976), ainsi que les extensions d'activité d'entreprises personnelles (+ 5 785 en 1976).

On serait tenté de considérer également comme un signe de bonne santé du petit commerce le bilan du régime d'aide aux commerçants et artisans âgés, constitué en juillet 1972, modifié par la loi Royer et élargi une nouvelle fois au cours de la session de printemps du Parlement.

Pécule de départ

Mais à la fin de 1975, le régime (alimenté par deux taxes sur les grandes surfaces) avait des excédents financiers de plus d'un milliard de F, 27 694 commerçants et artisans ayant reçu, en quatre ans, l'aide spéciale compensatrice, qui, en 1977, peut atteindre 38 250 F pour une personne seule et 76 500 pour un ménage. Sans doute, le versement d'une somme unique aux petits patrons âgés n'est-il pas une très bonne formule. L'Administration reconnaît que ceux qui pourraient en bénéficier n'y ont pas tous recours, préférant rester en activité tant qu'ils le peuvent : mais que deviendraient-ils, une fois épuisé le pécule de départ, s'ils n'ont pas d'autres ressources ? On trouve certainement dans ce raisonnement une des raisons du peu de succès de ce système. En tout cas, ce thème a cessé d'être un cheval de bataille pour les organisations de petits commerçants.

Le plan Barre en octobre 1976 a cependant soulevé, pendant quelques jours, la grogne des détaillants en fruits et légumes parisiens, ulcérés par le blocage en valeur absolue de la marge bénéficiaire de certains légumes d'hiver (carottes, poireaux, choux-fleurs, artichauts, salades...).

Inquiet de la brutale flambée des prix au cours du premier trimestre 1977, le gouvernement étudie, en mai, de nouvelles mesures de blocage et décide de taxer, dans les premiers jours de juin, la marge bénéficiaire des grossistes et intermédiaires.

On crut un instant, au cours d'un meeting à Rungis, que Lucien Kerbart, bouillant animateur de l'UJPFL (Union des jeunes professionnels des fruits et légumes), allait reprendre le flambeau de Gérard Nicoud. Mais ce fut sans lendemain. L. Kerbart fut cependant condamné en correctionnelle à 7 000 F d'amende et à une fermeture de 7 jours, en compagnie de quelques brasseries parisiennes, d'une chaîne de magasins de chaussures de luxe et de plusieurs autres.

Grands magasins

Dans l'univers commercial, ce sont sans aucun doute les grands magasins qui ont le plus de problèmes. Le groupe suisse MAUS, qui avait repris en 1971 les grands magasins du Printemps, n'a pas réussi à redresser la barre. De départs en départs de responsables, une réorganisation de la direction générale a été entreprise. Le groupe a enregistré, au cours de son dernier exercice, une perte de plus de 15 millions de F pour un chiffre d'affaires de près de 6 milliards de F. Il semble que ces difficultés soient dues essentiellement aux unités périphériques des centres commerciaux de la région parisienne : le Printemps de Créteil a dû réduire sa surface. D'autre part, les Prisunic ont besoin de deux ans pour retrouver leur dynamisme. Les diverses décisions se traduisent par 800 à 900 suppressions d'emplois (sur 22 000 salariés, dont 4 000 à temps partiel).