Personnalité complexe, aux prises de position parfois ambiguës, Jimmy Carter, tout en entendant demeurer fidèle aux valeurs traditionnelles de son pays, veut insuffler « un esprit nouveau » au peuple américain. Imprégné de moralisme et de religiosité, l'ancien gouverneur de Georgie n'en est pas moins un réaliste. Il semble avoir bien perçu le désir de dédramatisation et d'assainissement de la vie politique qu'éprouvent ses compatriotes après une longue période orageuse.

Le lendemain de son succès, il déclare : « Le moment est venu d'exalter l'immense force, la vitalité, l'idéalisme, le patriotisme, le sens de la fraternité (...) afin d'unir notre nation, de la grandir. » Le ton est donné.

Le 20 janvier 1977, le nouveau président prête serment. Dans son discours inaugural, J. Carter rappelle les principes fondamentaux dont il affirme vouloir s'inspirer : « Sachons travailler, prier, nous instruire et nous réjouir tous ensemble avec la ferme conviction que finalement nous triompherons ensemble dans la justice. Nous avons appris que le plus n'est pas nécessairement le mieux. »

Première mesure qui se veut de conciliation, même si elle se heurte à l'opposition de larges secteurs d'opinion, J. Carter accorde, le 21 janvier 1977, le pardon aux insoumis de la guerre du Viêt-nam ; pour les déserteurs, chaque dossier sera étudié par le Congrès.

Deux jours plus tard, début de la tournée du vice-président Walter Mondale, qui le conduit à Bruxelles, Bonn, Rome, Londres, Paris et Tokyo. Pour Carter, ce voyage marque le point de départ d'un processus à ses yeux essentiel : instaurer des consultations et une collaboration aussi étroite que possible avec les amis et alliés des États-Unis.

Durant la campagne électorale, J. Carter a indiqué que les négociations SALT avec l'URSS, le Proche-Orient et l'Afrique seraient les trois grands pôles de sa politique étrangère.

Proche-Orient

Le nouveau secrétaire d'État, Cyrus Vance, quitte Washington le 14 février, à destination d'Israël, de l'Égypte, du Liban, de l'Arabie Saoudite et de la Syrie. L'un des objectifs est de relancer la conférence de Genève, à laquelle, selon J. Carter, le peuple palestinien devrait être représenté.

Cet épineux dossier est étudié lors des visites successives aux États-Unis du Premier ministre israélien Itzhak Rabin (début mars 1977), du président égyptien Anouar el-Sadate (début avril) et du roi Hussein de Jordanie (fin avril), du président syrien Hafez el-Assad (début mai) et du prince Fahd d'Arabie Saoudite (fin mai).

Visites qui ne permettent pas d'effacer les divergences de vues entre les différentes parties. Jérusalem, d'ailleurs, fera part à Washington, de son inquiétude quant aux propos tenus (le 16 mars) par J. Carter sur la nécessité de créer un homeland (foyer ou patrie ?) pour le peuple palestinien. J. Carter affirme cependant, le 12 mai, que des « liens spéciaux » seront maintenus avec Israël.

Droits de l'homme

J. Carter va montrer, d'autre part, très rapidement, l'importance qu'il attache au respect des droits de l'homme, notamment en URSS. À deux reprises (26 janvier et 7 février), le département d'État (rompant avec la diplomatie du secret pratiquée par Henry Kissinger) met en garde les gouvernements communistes contre les violations des libertés individuelles qu'ils commettent, et exprime sa préoccupation sur le sort du dissident soviétique Alexandre Guinzbourg.

On apprend que le président américain a envoyé une lettre, le 18 février, au prix Nobel de la paix, Andrei Sakharov, dans laquelle il assure que « le peuple et le gouvernement des États-Unis maintiendront leur ferme engagement de faire respecter les droits de l'homme non seulement dans leur pays mais à l'extérieur ». J. Carter développe de nouveau ce thème dans une conférence de presse donnée le 9 mars.

Entre-temps, il a reçu le dissident soviétique Vladimir Boukovski à la Maison-Blanche, et décide, le 2 mars, de réduire l'aide militaire à plusieurs pays qui, selon lui, ne respectent pas les droits de la personne humaine : Éthiopie, Argentine et Uruguay, notamment.