Journal de l'année Édition 1976 1976Éd. 1976

Tel est le film retraçant le déroulement d'ensemble des échanges extérieurs français en 1975, année contrastée dans ce domaine en fonction de l'évolution des conditions conjoncturelles. Mais s'impose un examen des mouvements qui caractérisent, d'une manière significative, ces échanges sur le plan des produits et de leur géographie.

Contraction

Sur la base des importations comptées valeur CAF, il est clair que la baisse touche tous les grands groupes de produits, celui des produits agricoles y faisant seul exception, avec une progression globale de 8,3 %. Dans ce dernier secteur (30,6 milliards de F d'achats, soit 13,2 % des importations totales du pays), on constate surtout une forte poussée à l'endroit des fruits (+ 42 %) et des légumes (+ 16 %), des viandes et abats (+ 20 %), et singulièrement de la viande bovine (+ 66 %), des vins (+ 34 %), dont les quantités en provenance d'Italie augmentent considérablement (de 3,7 millions d'hl en 1974 à 8,2 millions en 1975).

Les approvisionnements en produits énergétiques (57,5 milliards de F, 22,3 % des importations) reculent de 10,4 %, soit de 6 milliards de F. En 1974, les achats de pétrole brut (130,4 millions de t, 48,6 milliards de F) avaient fléchi de 4,5 % en quantité, mais augmenté de 208 % en valeur ; en 1975, les importations (107 millions de t, 41,6 milliards de F) diminuent donc tant en volume (– 18 %) qu'en valeur (– 14 %). Les tonnages reçus sont à peine plus élevés que ceux de l'année 1971.

Ce sont les importations de matières premières (22,1 milliards de F) qui diminuent le plus (– 8 milliards de F, soit – 27 %). Et c'est aussi le cas des demi-produits industriels (38,2 milliards de F, soit – 7,1 milliards et – 16 %).

Dans le domaine des produits finis (86,3 milliards de F), qui forment 37,3 % des importations nationales, la baisse est moindre (– 3,3 milliards, soit – 4 % environ), mais la plupart des postes sont concernés, notamment du côté des biens d'équipement. Tout au mieux, remarque-t-on, en termes réels, une certaine stabilisation, voire même une très faible progression du côté des biens de consommation. Par exemple, le nombre de voitures particulières importées dépasse 397 000 (contre près de 374 000 en 1974, mais quelque 459 000 en 1973).

Sur les 150 pays étrangers répertoriés dans les statistiques françaises du commerce extérieur, on en dénombre près d'une centaine en provenance desquels les importations s'inscrivent en diminution en 1975. C'est dire qu'une grande majorité de fournisseurs (et souvent les plus importants) voient se restreindre leurs courants de ventes en direction du marché français. Parmi ceux qui occupent habituellement les places de tête : la RFA (– 11 %), l'UEBL (– 15 %), les États-Unis (– 11 %), le Japon (– 6 %), la Suède (– 12 %), L'Algérie (– 34 %) rétrograde du 12e au 17e rang des pays fournisseurs.

Les importations reculent de 13 % au total en provenance du Moyen-Orient, en liaison essentiellement avec la réduction des approvisionnements pétroliers (l'Arabie Saoudite, le Koweït et l'Irak étant les plus touchés). Mais les achats à l'Iran (devenu le 9e fournisseur de la France) s'accroissent de 60 %, ceux à la Syrie de 208 %.

Incontestablement, les pays d'Europe de l'Est constituent la seule zone homogène d'où les importations enregistrent une progression globale très notable de 14 % : d'URSS (+ 17 %) et de Pologne (+ 20 %), par suite du développement des livraisons de produits énergétiques (pétrole et charbon en particulier) ; de RDA (+ 16 %), de Bulgarie (+ 14 %).

Si la part prise par la CEE sur le marché français remonte de 47,6 à 49,1 %, tout en étant encore loin des 55 % de l'année 1973, celle de l'Amérique du Nord décroît toujours pour atteindre 8,4 %.

Repli

La récession frappant les marchés industriels du monde occidental (et quelque 70 % des livraisons françaises sont habituellement dirigées vers l'OCDE) empêche un développement des exportations en 1975 et provoque même leur diminution sur de nombreuses destinations. La contraction des importations de la plupart des pays d'Europe à économie de marché est étonnamment brusque. Elle est imputable surtout au très fort déstockage intervenu au premier semestre. Or, la part de l'importation dans les stocks est relativement élevée.