En fait, les deux globes ne sont pas similaires, car il semble que celui de Mercure, à l'instar du globe terrestre, recèle un noyau qui contiendrait 75 % de sa masse. Autour de cette sphère primitive, une couche plus légère s'est formée ultérieurement. Sur cette couche, des escarpements longs de plusieurs centaines de kilomètres, orientés dans tous les sens, témoignent d'un phénomène inconnu sur la Lune : la contraction du noyau de la planète a provoqué des rides dans une enveloppe devenue trop grande.

Les Américains n'ont pas baptisé les cirques et autres accidents du relief. Les noms des grands savants figurent déjà sur les cartes récentes de la Lune ; les attribuer à des accidents de Mercure serait une source de confusion. Cependant deux cratères ont été baptisés. Le premier (qui mesure 40 km de diamètre) s'est vu attribuer le nom de Kuiper, l'astronome américain né en 1905, grand spécialiste du système solaire et auteur de la découverte de deux petits astres : Miranda (satellite d'Uranus) et Néréide (satellite de Neptune).

L'autre cratère (1 500 m de diamètre) est visible comme un simple point très net. Cela lui a valu d'être retenu comme repère pour la définition des méridiens. Plus précisément, c'est par ce point que passe le méridien 20° de la cartographie de Mercure, baptisé pour cette raison Hun Kal (vingt, en langue maya).

Jupiter

La sonde Pioneer 11, lancée en avril 1973 (sœur jumelle de Pioneer 10, Journal de l'année 1971-72), a commencé à photographier Jupiter et à étudier spectrométriquement son atmosphère le 30 novembre 1974. C'est le 3 décembre que le géant du système solaire est survolé à 42 000 km d'altitude seulement. Soumis à l'intense rayonnement de l'environnement jovien, les équipements de la sonde résistent suffisamment bien pour que l'administrateur de la NASA s'affirme satisfait : « L'engin a frôlé la gueule du dragon et il y a laissé quelques plumes, mais il fait maintenant route vers Saturne. »

Autour de Jupiter, Pioneer 11 a étudié également deux des satellites de cette planète : Ganymède et Callisto. Une photographie montre que ce dernier a une petite calotte polaire blanche, comme la Terre et Mars.

Rebaptisée Pioneer-Saturn, la sonde, après le survol de Jupiter, a foncé à 200 000 km/h vers Saturne (elle devrait atteindre cette planète le 5 septembre 1979). Si ses équipements résistent à l'action du temps (ils auront alors de sept à huit ans), la sonde explorera cette dernière planète et son satellite Titan.

L'URSS : pas de crise

De leur côté, les Soviétiques, toujours intéressés par Vénus, ont repris l'exploration de ce monde le 8 juin en lançant Venera 9, première d'une série de sondes planétaires d'un type nouveau.

La recherche spatiale soviétique, qui ne connaît pas les crises et les restrictions qui affectent son homologue américaine, poursuit l'exécution de ses programmes et parfois les accélère. Les vols habités (un nouveau matériel ayant été mis au point) ont repris avec succès.

Cette activité n'a pas échappé aux observateurs étrangers qui, au cours des derniers douze mois, se sont rendus dans les centres et laboratoires soviétiques. Ainsi, en juin 1974, des journalistes français ont visité, à une quarantaine de kilomètres de Moscou, la célèbre Cité des étoiles (où s'entraînent les cosmonautes), l'Institut de recherches spatiales (IKI) dans la banlieue de la capitale, et d'autres laboratoires.

Coopération

Les visiteurs américains ont été nombreux. Une sorte de pont aérien s'est établi entre le centre des vols habités de la NASA, à Houston, et la Cité des étoiles. Cosmonautes et techniciens font la navette entre ces deux hauts lieux de l'astronautique, en vue du vol conjoint d'un Apollo et d'un Soyouz qui, en juillet 1975, doivent se rencontrer dans l'espace et échanger leurs équipages. Ceux-ci s'entraînent activement au sol, dans leur pays respectif, et en faisant des séjours fréquents chez leur partenaire pour se familiariser avec l'autre vaisseau. La symbiose est totale : les Russes apprennent l'anglais et les Américains le russe ; les cosmonautes soviétiques, qui, dans leurs vaisseaux, respirent de l'air à la pression ordinaire, s'habituent à respirer l'oxygène pur à 260 mm de mercure des Apollo américains.