Au début du mois de mars 1974, sept pays producteurs de bauxite ont signé un accord prévoyant la création d'une organisation permanente. Les sept fondateurs vont tenter d'harmoniser leur position pour la production et la vente de bauxite. Ils souhaitent voir s'implanter chez eux des industries d'aluminium et, en général, participer au maximum au développement de leurs ressources naturelles.

Le ministre chilien des Mines a annoncé, en avril 1974, que son gouvernement envisage de proposer aux pays producteurs de cuivre de fixer eux-mêmes les prix. « Le Chili, a ajouté le ministre, a les plus grandes réserves de cuivre du monde ; pourquoi ne pas exiger des prix qui nous permettent de sortir de la situation chaotique dans laquelle nous nous trouvons ? »

Leader des pays regroupés au sein du CIPEC (Comité international des pays exportateurs de cuivre) depuis plusieurs années, le Chili semble bien décidé à aller plus loin.

Moyenne

Les pays nantis s'interrogent. L'évolution des prix des produits de base est en hausse depuis près de trois ans. Entre 1950 et juin 1974, l'indice moyen des prix des produits primaires a doublé ; la hausse moyenne de tous les produits primaires a été très légèrement inférieure à l'accroissement de la valeur unitaire des produits manufacturés exportés.

Ainsi, les termes de l'échange (rapport entre les prix des exportations et les prix des importations), moyens entre les prix des produits primaires et ceux des produits manufacturés, sont restés à peu près inchangés en 1973-1974 par rapport à la moyenne de 1950.

Selon une étude de l'ONU, si l'on classe les différents produits de base d'après l'ampleur de la variation subie par leurs prix depuis 1950, la modification à peu près négligeable des termes moyens de l'échange recouvre un très vaste éventail de changements positifs et négatifs, dont certains de proportions extraordinaires ; la viande de bœuf, par exemple, a augmenté de plus de 250 % par rapport à la valeur unitaire des produits manufacturés ; le poisson, la volaille, le mouton, l'agneau et le porc, ainsi que le bois de construction et certains métaux et minerais de métaux – zinc, cuivre et nickel notamment – ont augmenté d'environ 50 à 100 % par rapport à la valeur unitaire des produits manufacturés.

La hausse la plus importante (155 %) depuis 1950 concerne les matières premières minérales ; la hausse la plus faible (77 %), les matières premières agricoles autres que les produits alimentaires, qui ont augmenté, eux, de 120 %.

L'augmentation des prix enregistrée depuis 1950 est imputable aux hausses qui se sont produites depuis 1970 seulement : les prix des produits primaires ont plus que doublé entre 1970 et le premier trimestre 1973, pour atteindre de nouveaux sommets pendant le premier semestre 1974.

Accélération

Depuis 1970, le rythme d'accroissement de l'indice des valeurs unitaires des produits manufacturés exportés s'est également accéléré. Néanmoins, la hausse des prix des produits primaires a été bien supérieure à celle de la valeur unitaire des produits manufacturés exportés, et les termes de l'échange des produits primaires par rapport aux produits manufacturés ont augmenté d'environ 45 %, ce qui a à peu près compensé les pertes subies pendant les années 1950 et 1960.

Ce rattrapage, les pays producteurs entendent bien le consolider. Leurs dossiers, à l'Assemblée générale extraordinaire de l'ONU, comportaient la même conclusion que lors de la troisième session de la CNUCED, en avril 1972, à Santiago du Chili : la maîtrise des prix des produits par tous les moyens.

Cette idée-force du tiers monde passe par la multiplication des associations de producteurs, la signature d'accords commerciaux avec les pays consommateurs, la fixation de fourchettes solides pour l'évolution des cours grâce à la constitution et au financement de stocks régulateurs.

À ces revendications, il faut ajouter le souhait de plus en plus souvent exprimé par les pays producteurs : associer leurs principaux clients à leur propre développement industriel.