Celle-ci, cependant, devait se heurter à plusieurs obstacles constitués par des divergences portant sur la procédure, les modalités de la mise en œuvre du projet et surtout sur le problème central des frontières définitives de l'État d'Israël.

Le 23 juillet 1971, le président Sadate insiste sur le fait que l'objectif final de l'accord partiel en vue de négociations devrait être l'évacuation totale du Sinaï par les forces du général Dayan. Le 29, Joseph Sisco, sous-secrétaire d'État américain, se rend à Jérusalem, où il plaide pendant une semaine — mais en vain — en faveur du retrait de l'armée israélienne d'une partie importante du Sinaï et de l'installation, sur la rive orientale du canal de Suez, de forces égyptiennes, quoique symboliques.

Le 19 août, le général Dayan déclare qu'Israël devait se considérer comme le gouvernement permanent des territoires occupés et ajoute : « Nous devons agir unilatéralement et immédiatement, et ne pas nous attendre à une coopération avec nos voisins ou même l'espérer ; le mouvement national juif n'a jamais obtenu des Arabes que la reconnaissance de faits accomplis. »

Washington, qui qualifie ces déclarations de « dangereuses », poursuit néanmoins ses efforts de médiation et présente le 4 octobre, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, William Rogers, un plan de règlement en six points auquel Mme Golda Meir oppose, le 26 octobre, un projet comportant neuf propositions. Les divergences portent notamment sur la durée du cessez-le-feu, sur l'importance des effectifs militaires égyptiens aux bords du canal, sur l'ampleur du retrait israélien. L'Égypte, pour sa part, avait rejeté le plan Rogers dès le 6 octobre, en lui reprochant surtout de ne pas prévoir les étapes ultérieures conduisant à un règlement définitif. Le Caire tient, en effet, à ce que l'accord partiel ait un caractère strictement transitoire.

Quant à la procédure, le président Sadate paraît disposé à assouplir ses positions. Le 1er octobre, son représentant aux Nations unies rejette l'idée de pourparlers directs avec Israël. Mais, dans une interview publiée début décembre par la revue américaine Newsweek, le chef de l'État égyptien déclare qu'il est prêt à engager des négociations avec l'État hébreu en vue de la conclusion d'un « accord définitif de paix permanente » à condition que Jérusalem accepte de revenir aux frontières de 1967. Cependant, estimant que les États-Unis n'ont pas exercé des pressions suffisantes pour amener Israël à épouser les conceptions du Caire, le président Sadate considère à la fin de l'année que la médiation américaine s'est soldée par un échec. Le successeur de Nasser avait, en effet, fixé le 31 décembre comme date limite pour l'élaboration d'une solution pacifique.

OUA

Les bons offices offerts par l'Organisation de l'unité africaine (OUA) avaient, de même, abouti à une impasse. Les chefs d'État africains, réunis à Addis-Abeba le 22 juin 1971, avaient adopté une résolution particulièrement sévère pour Israël. Ils s'étaient prononcés en faveur de l'évacuation des territoires occupés et avaient renouvelé leur solidarité avec l'Égypte. Le 24 août, quatre présidents africains — Léopold Senghor (Sénégal), Ahmedou Ahidjo (Cameroun), Yakubu Gowon (Nigeria) et Joseph Mobutu (Zaïre) — sont chargés d'une mission de conciliation ayant deux objectifs : obtenir la confirmation par l'Égypte qu'elle accepterait de reconnaître l'État d'Israël et de conclure avec lui un accord de paix ; persuader l'État hébreu de proclamer qu'il ne visait pas à annexer une partie quelconque du territoire égyptien.

Du 2 au 8 novembre, les quatre sages africains engagent des pourparlers successivement à Jérusalem et au Caire, et quittent le Proche-Orient persuadés que leur mission sera couronnée de succès. Les réponses écrites qu'ils reçoivent du président Sadate, le 23 novembre, et de Mme Golda Meir, le 28, paraissent en effet positives. D'autant plus que Abba Eban, le ministre israélien des Affaires étrangères, assure le président Senghor que son gouvernement n'a nullement l'intention d'annexer une partie du Sinaï.