On annonce que Kollias est nommé chef du gouvernement, tandis que le général Spandidekis devient vice-Premier ministre. Il semble que le roi ait été mis devant le fait accompli.

Ce coup d'État militaire est l'aboutissement d'une succession de crises ministérielles et de la peur d'un retour des partis de gauche au pouvoir.

Élections anticipées

Après la démission du gouvernement de Georges Papandréou, le 15 juillet 1965, après une opposition systématique du Parlement, Stephanopoulos, par 152 voix contre 148, obtient la confiance de la Chambre, ayant rallié 45 députés centristes à ses côtés.

Le 20 décembre 1966, ce gouvernement doit démissionner à la suite d'un désaccord entre Canellopoulos, chef de l'Union nationale radicale (UNR) et de Stephanopoulos, à propos de la réforme électorale. En effet, le gouvernement désire une représentation proportionnelle simple avantageant les petits partis, l'UNR préférant une proportionnelle renforcée. Le 21, le roi Constantin charge Paraskevopoulos, gouverneur de la Banque de Grèce, de former le nouveau gouvernement. Le lendemain, il annonce des élections anticipées pour le mois de mai.

Le 13 janvier 1967, le gouvernement est investi par le Parlement par 295 voix contre 61. À cette occasion, un désaccord avait éclaté entre G. Papandréou et son fils qui s'opposait au vote de l'investiture, mais qui se plia finalement aux injonctions de son père devant la menace de se séparer de l'Union du centre.

Ce gouvernement composé d'extraparlementaires, chargé de préparer les élections du 28 mai, modifie la loi électorale, qui est adoptée à la première lecture par le Parlement. Mais un amendement va être la raison du conflit entre l'Union du centre et l'UNR.

Cet amendement proposé par G. Papandréou prévoyait qu'aucune poursuite judiciaire ne pourrait être engagée contre un député entre la dissolution du Parlement et l'ouverture de la nouvelle Chambre. En effet, l'immunité parlementaire ne joue que 28 jours, tandis que l'ouverture entre la dissolution de la Chambre et des élections est de 45 jours.

Le procès de l'ASPIDA

Cet amendement réclamé par Papandréou avait pour but de protéger son fils Andréas, impliqué dans l'affaire ASPIDA, organisation d'officiers neutralistes accusés d'avoir voulu renverser la monarchie et institué un régime nassérien. Andréas Papandréou en aurait été la tête. Le procès ASPIDA, ouvert le 14 novembre 1966, se poursuivit à huis clos à partir du 31 janvier 1967. Sur 28 accusés, 15 furent condamnés à des peines allant de 2 à 18 ans de prison. A. Papandréou ne vit pas son immunité parlementaire levée. (Ce n'était que partie remise : le 10 mai, A. Papandréou était incarcéré et inculpé de haute trahison par les putschistes.)

Après l'échec des tentatives de compromis entre Papandréou et Paraskevopoulos, ce dernier remet au roi, qui l'accepte, la démission de son gouvernement. La police et l'armée sont mises en état d'alerte. La situation se dégrade rapidement.

Canellopoulos (UNR), nouveau président du Conseil, chargé de la Constitution du gouvernement, a des prérogatives très étendues : il a notamment la possibilité de dissoudre le Parlement, s'il n'en obtient pas la confiance, et de continuer de gouverner durant les 45 jours précédant les élections. Ses tentatives pour obtenir les 151 voix nécessaires furent vaines, et n'ayant aucun espoir d'obtenir la confiance du Parlement, il le dissout le 14 avril. Plusieurs partis protestent contre le fait que le roi ait demandé à un parti de droite d'organiser les élections.

Une « nouvelle société »

C'est dans ces conditions que l'armée prend le pouvoir et met à la tête du gouvernement Kollias, magistrat, connu pour ses opinions politiques, d'extrême droite (impliqué lors de l'instruction du procès Lambrakis député de gauche assassiné en mai 1963).

Depuis, le 21 avril, de nombreuses personnalités ont été arrêtées (officiellement : 6 509 prisonniers, dont 724 transférés dans l'île de Yaros). Plusieurs capitales européennes s'élèvent contre cette atteinte à la démocratie.