miroir (suite)
Principe de la métallisation
Le verre est par lui-même légèrement réfléchissant. Les lois de la réflexion vitreuse fournies par Augustin Fresnel (1788-1827) lui assignent pour chaque face un facteur de réflexion donné, en fonction de l’indice de réfraction n, par la formule L’indice du verre étant 1,5, c’est 4 p. 100 de la lumière incidente qui sont réfléchis par la première face rencontrée, et 4 p. 100 par la seconde, cela sous l’incidence normale. Sous une incidence oblique, ce facteur croît d’abord très peu, puis atteint 0,25 pour un angle d’incidence de 70°, et la réflexion est pratiquement totale pour une incidence rasante. Cette lumière est insuffisante pour donner l’effet demandé aux miroirs ; en outre, l’image est dédoublée du fait de la réflexion sur les deux faces. Il convient donc d’augmenter le facteur de réflexion de l’une des deux faces par le dépôt d’un revêtement métallique. Pour des raisons de protection, c’est la face arrière qui est généralement métallisée.
Technique ancienne : étamage
L’étamage des glaces s’obtenait en déposant la feuille de verre, fraîchement polie ou nettoyée au rouge, sur une feuille d’étain, en interposant un bain de mercure. L’excès de mercure étant chassé, l’amalgame formé adhérait au verre d’une façon suffisamment résistante et était protégé par un vernis à la gomme-laque.
Technique actuelle : argenture
Longue et insalubre, l’opération de l’étamage a été remplacée peu à peu à partir de 1835 par l’argenture, après l’observation par le chimiste allemand Justus von Liebig (1803-1873) de la réduction d’un sel d’argent dissous en milieu basique qui provoque le dépôt d’une couche adhérente d’argent métallique. Différents réducteurs ont été utilisés : aldhéhyde formique, acide tartrique, sel de Seignette (tartrate double de sodium et de potassium), etc. On utilise aujourd’hui le sucre interverti (glucose) C6H12O6. La solution argentifère est préparée au moment de l’emploi à partir de deux solutions : l’une contenant pour un litre d’eau distillée 500 g de nitrate d’argent NO3Ag et 800 cm3 d’ammoniaque NH4OH (d = 0,91) ; l’autre, la même quantité d’ammoniaque et 125 g de soude caustique NaOH. Ces deux solutions concentrées sont versées, pour l’usage, dans 100 litres d’eau distillée. De son côté, la solution réductrice comporte 500 g de sucre dans 2 litres d’eau ; l’ébullition avec 5 g d’acide sulfurique et 15 cm3 d’alcool provoque l’interversion du sucre. Lors du mélange dans la proportion de 20 cm3 de la solution réductrice pour 1 litre de la solution argentifère, l’argent précipite sur la glace soigneusement nettoyée, traitée au chlorure stanneux et rincée à l’eau distillée. L’argenture se fait à plat, au bain ou par pulvérisation simultanée des deux solutions. La protection est obtenue par un vernis à la gomme-laque dissoute dans de l’alcool, que l’on recouvre ensuite d’une peinture chargée à l’ocre jaune ou au minium de plomb. Pour les endroits très humides (salles d’eau), un cuivrage électrolytique sur argenture est tout d’abord pratiqué.
L’argenture est normalement réservée aux verres à glace de haute qualité (glace « qualité argenture »), mais les progrès faits dans la fabrication du verre à vitre bien plan ont permis d’argenter ce matériau économique ; les miroirs ainsi obtenus sont pourtant réservés aux petites dimensions ou aux équipements de meubles courants. Quant aux miroirs de télescopes, de projecteurs, etc., ils sont métallisés sur la face avant par évaporation cathodique d’aluminium, en cloche à vide.
I. P.