manganèse (suite)
À l’issue de cette opération, l’acier obtenu peut contenir une certaine proportion de manganèse, ce qui lui confère des propriétés remarquables : sa présence contrebalance la fragilité causée par le soufre dans le cas d’un travail à chaud ; elle accroît la trempabilité et la résistance à l’usure (surtout si la teneur de carbone est également élevée) ; elle améliore le comportement des aciers soumis à hautes températures.
La teneur en manganèse des aciers spéciaux demeure généralement modeste, mais l’élément figure dans presque toutes les combinaisons ; cela, joint au rôle du manganèse dans les convertisseurs, explique les forts tonnages demandés et leur progression : on est passé de 2,5 Mt de métal par an en 1938 à plus de 9 Mt en 1974.
Le minerai le plus utilisé est l’oxyde, qui se présente souvent avec une gangue argilo-sableuse qu’il faut supprimer, ce que l’on fait par des opérations de lavage. On exploite également des silicates de manganèse.
Un gisement n’est exploitable qu’avec une teneur assez forte, plus de 35 p. 100. Des progrès ont, toutefois, permis d’abaisser ce chiffre et d’ouvrir des exploitations dans des zones jusque-là négligées. Les districts miniers demeurent cependant peu nombreux, et leur répartition est très différente de celle des puissances sidérurgiques : l’approvisionnement en manganèse est donc un problème stratégique.
L’U. R. S. S. fournit, grâce à ses gisements de Nikopol en Ukraine et de Tchiatoura en Géorgie, le tiers de la production mondiale. La position soviétique était plus forte encore avant la Seconde Guerre mondiale. L’Inde constituait alors le seul producteur moyen. Ils sont six maintenant : l’Afrique du Sud et l’Inde, où l’exploitation est ancienne, le Gabon, le Brésil, l’Australie et la Chine continentale, dont l’essor est récent. Les sept premiers producteurs assurent 80 p. 100 de l’approvisionnement mondial.
Le manganèse ne tient pas sur les marchés de matières premières la même place que les autres métaux non ferreux : la production et la consommation sont également concentrées ; une bonne partie des exploitations est financée par les utilisateurs. Cela soustrait le métal aux fluctuations qui caractérisent le cuivre, le zinc, le plomb ou l’étain.
P. C.
R. S. Dean, Electrolytic Manganese and its Alloys (New York, 1952). / Le Manganèse dans la sidérurgie (P. U. F., 1953).