Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

amygdales

Élément lymphoïde essentiel du pharynx. Les amygdales sont situées de part et d’autre de l’isthme pharyngien, dans une loge formée par les « piliers » du voile du palais. En fait, le tissu lymphoïde de cette région forme un cercle, ou anneau lymphatique de Waldeyer, qui comprend aussi les végétations, ou amygdales pharyngiennes, l’amygdale linguale dans la base de la langue et les amygdales tubaires situées à l’orifice pharyngien de la trompe d’Eustache.



Anatomie

Les amygdales ont une forme d’amande, de volume variable avec les individus et avec l’âge. Elles adhèrent à la paroi du pharynx au niveau d’un épaississement, ou coque amygdalienne, mais le clivage chirurgical est possible. La saillie plus ou moins grande de l’amygdale dans la cavité pharyngée permet de parler d’amygdales pédiculées, sessiles, ou, au contraire, enchatonnées, lorsqu’elles sont cachées par le pilier antérieur du voile. À leur face interne, on peut noter des dépressions irrégulières, qui représentent les orifices des cryptes amygdaliennes. Les cryptes contiennent du mucus.


Rôle

Comme l’ensemble du tissu lymphoïde, les amygdales ont un rôle de défense. Cependant, elles ne représentent qu’un élément du tissu lymphoïde pharyngé. C’est dire que leur suppression, lorsqu’elle est justifiée, ne saurait être considérée comme véritablement privative.


Pathologie

L’augmentation de volume des amygdales, ou hypertrophie amygdalienne, bien que fréquemment source de préoccupations chez l’enfant, ne constitue pas à proprement parler une affection. Elle donne parfois des troubles de la voix, plus rarement une gêne à la déglutition, mais jamais de véritable gêne respiratoire lorsqu’elle est isolée. L’indication de leur ablation doit être particulièrement nuancée devant la constatation de grosses amygdales.


L’infection

On ne saurait dissocier l’amygdalite aiguë de l’angine*, les deux termes pouvant être utilisés indifféremment. On peut pourtant noter parfois une localisation élective du processus pathologique au niveau des amygdales ; c’est le cas en particulier des angines unilatérales (angine de Vincent par exemple). Les complications à distance, rhumatismales (rhumatisme articulaire aigu, rhumatisme postangineux), rénales (néphrites), dépendent du germe en cause et non de la localisation. La répétition des angines constitue une des meilleures indications de l’amygdalectomie.

Le phlegmon de l’amygdale réalise une collection purulente située entre l’amygdale et la paroi du pharynx ; c’est dans la zone clivable que le pus devra être recherché. Il entraîne des douleurs atroces et une importante atteinte de l’état général, avec l’impossibilité de s’alimenter. Un traitement antibiotique peut parfois amener la guérison au tout début, mais, en règle générale, l’ouverture chirurgicale et, ultérieurement, l’amygdalectomie sont nécessaires. La tendance à la récidive est en effet habituelle.

L’amygdalite chronique est fréquente et marquée par une gêne pharyngée, une mauvaise haleine et la présence d’amas blanchâtres dans les cryptes amygdaliennes : le caséum, qui peut être expulsé par pression de l’amygdale. Elle subit généralement des poussées aiguës, s’accompagnant d’adénopathies cervicales ; son traitement n’est guère que chirurgical. Enfin, l’amygdale peut être le siège de lésions tuberculeuses ou syphilitiques.

Le cancer de l’amygdale a un traitement difficile. La précocité du diagnostic est le facteur le plus favorable. Toute douleur unilatérale qui persiste en dehors d’une angine impose un examen par un spécialiste, surtout si elle s’accompagne d’une douleur dans l’oreille du même côté.


Chirurgie des amygdales

L’amygdalectomie, ou ablation chirurgicale de l’amygdale, peut être réalisée chez l’enfant à l’aide d’un amygdalotome, formé de deux lames coulissantes : l’une est fenêtrée, permettant d’engager l’amygdale dans sa lumière, l’autre, glissant dans cette lumière, permet de détacher l’amygdale de la paroi du pharynx.

Cette intervention se fait généralement avec anesthésie de courte durée au masque. Chez l’adulte, sous anesthésie locale ou générale, on réalise une dissection de l’amygdale suivant les techniques chirurgicales habituelles ; les suites sont généralement simples. La complication essentielle est représentée par l’hémorragie, aussi ces interventions doivent-elles être pratiquées en milieu chirurgical après étude de la coagulation sanguine. Une anomalie importante des examens du sang, non corrigée par un traitement simple, contre-indique l’intervention. Celle-ci ne sera pas non plus effectuée en période d’infection. La cautérisation de l’amygdale, chimique ou mieux électrique, peut se justifier lorsqu’il existe une contre-indication à l’intervention. C’est une méthode longue et qui ne donne souvent que des résultats partiels. Plus récemment, on a proposé la cryothérapie, c’est-à-dire l’application de froid intense au niveau de l’amygdale ; l’azote liquide (– 180 °C) constitue la source de froid. Cette méthode presque indolore permet de supprimer le tissu amygdalien qui a pu proliférer après intervention ancienne. Elle peut être utilisée lorsque la chirurgie est contre-indiquée.

J. T.

 R. Maduro, Pathologie de l’amygdale (Masson, 1953) / A. Ennuyer et J.-P. Bataini, les Tumeurs de l’amygdale et de la région vélo-palatine (Masson, 1956).

anabaptistes

Membres d’une secte religieuse du xvie s.


Les anabaptistes ont été ainsi nommés parce qu’ils rebaptisaient les adultes, le baptême des petits enfants étant à leurs yeux illégitime ou nul.

En fait, ils vont bien au-delà de cette seule remise en question. C’est à une révolution globale dans l’Église et la société qu’ils visent :

• par rapport au catholicisme, considéré comme le carrefour de toutes les hérésies et de toutes les superstitions, ils refusent radicalement la soumission à la hiérarchie et affirment l’autorité de la conscience individuelle, éclairée par le Saint-Esprit. Ils représentent ainsi un ferment de désintégration de toute institution ecclésiastique ;

• par rapport à la Réforme et à son principe fondamental de l’autorité de la Parole entendue dans la lecture communautaire de l’Écriture, ils refusent le recours au « pape de papier », et s’en remettent à l’inspiration directe, confirmée par de nombreuses visions et miracles divers ;

• par rapport à la relation de l’Église avec le pouvoir politique, ils dénoncent la prostitution que représente une liaison, quelle qu’elle soit, refusent le serment, le service militaire, le paiement de l’impôt, la nécessité des magistrats et de la morale traditionnelle.