Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

endocrinologie (suite)

Quelques années avant les travaux décisifs de ces physiologistes avaient eu lieu les premières études anatomo-cliniques des médecins qui s’intéressaient à un certain nombre d’affections mortelles. Ainsi, en Grande-Bretagne Graves et en Allemagne Basedow étudient en 1840 les états d’hyperfonctionnement du corps thyroïde, et l’Anglais Addison décrit en 1855 la maladie (insuffisance surrénale) qui porte son nom. La confirmation des théories de Claude Bernard et de Brown-Séquard est apportée par la découverte de l’adrénaline en 1901 par Jokichi Takamine et Aldrich, substance sécrétée par les glandes surrénales. L’action de l’adrénaline à dose infinitésimale démontre le rôle de « messager chimique » auquel, en 1905, Bayliss et Starling donnaient le nom d’hormone*. La découverte de l’adrénaline, première hormone connue, ouvrait l’ère biochimique de l’endocrinologie (v. biochimie et hormone). Vers la même époque, E. Gley montrait l’action favorable de l’extrait thyroïdien sur l’insuffisance thyroïdienne (myxœdème) et établissait expérimentalement la différence de nature entre thyroïde et parathyroïdes (les premières ablations de thyroïde enlevaient les deux systèmes et provoquaient un syndrome complexe très différent du myxœdème provoqué par l’ablation de la thyroïde seule). En 1914, M. Simmonds décrit la grande insuffisance hypophysaire qui porte son nom. L’Américain Kendall devait isoler en 1915 la thyroxine, considérée alors comme la seule hormone thyroïdienne (on sait maintenant que c’est la plus abondante, mais non le corps le plus actif).

Après la Première Guerre mondiale, F. G. Banting et C. H. Best isolent l’insuline (1921). En 1923, Allen et Doisy montrent l’action de l’hormone folliculaire sur le tractus génital féminin, puis G. Roussy découvre les rapports entre l’hypophyse et l’hypothalamus, établissant ainsi les liens qui existent entre le système nerveux et le système endocrinien, jusqu’alors considérés comme complètement indépendants. L’action de l’hypophyse sur les glandes génitales est montrée par B. Zondek d’une part et Philip Edward Smith d’autre part (1926) ; R. Courrier établit la dualité des sécrétions ovariennes (folliculine et progestérone) et étudie leurs relations fonctionnelles, les hormones pures étant isolées en 1929 par A. Butenandt, E. A. Doisy et G. F. Marrian. Certains syndromes d’hyperfonctionnements surrénaux sont attribués en 1932 à un adénome basophile de l’hypophyse par Cushing, qui réussit à guérir certains cas par hypophysectomie (ablation de l’hypophyse).

Les travaux ultérieurs ont porté pendant les quarante dernières années sur l’isolement et la synthèse des hormones. Une étape importante est franchie en 1949 par Hench et Kendall, qui découvrent l’efficacité thérapeutique de la cortisone, permettant ainsi le traitement de nombreuses maladies jusque-là incurables. Dans le même temps, les cliniciens précisent les signes des différents états d’hyper- et d’hypofonctionnement des glandes endocrines. Les procédés de diagnostic s’affinent grâce aux dosages hormonaux, aux épreuves de stimulation et de freinage des glandes. Le devenir de certaines hormones dans l’organisme est étudié grâce à l’utilisation des corps radio-actifs (iode 131 pour le corps thyroïde). Les études les plus récentes portent sur le mécanisme d’action des hormones au niveau des tissus, à l’échelon cellulaire.

M. B.

➙ Adrénaline / Biochimie / Glande / Hormone / Hypophyse / Insuline / Ovaire / Pancréas / Parathyroïde / Stéroïdes / Surrénal / Testicule / Thyroïde.


Les grands spécialistes de l’endocrinologie


Thomas Addison,

v. surrénal.


Thomas B. Aldrich,

v. surrénal.


Frederick G. Banting,

v. insuline.


Karl Basedow,

v. thyroïde.


William M. Bayliss,

v. hormone.


Claude Bernard,

v. l’article.


Charles H. Best,

v. insuline.


Théophile de Bordeu,

médecin français (Izeste, Béarn, 1722 - Paris 1776). Il fut le premier à pressentir le rôle des glandes dans le fonctionnement de l’organisme. Dans son traité l’Analyse médicinale du sang, il suspecta en effet que les symptômes observés après castration puissent être dus à un déficit des sécrétions élaborées par les glandes génitales. Ami de Diderot et de d’Alembert, il collabora à l’Encyclopédie.


Charles Édouard Brown-Séquard,

physiologiste (Port-Louis, île Maurice, 1817 - Sceaux 1894), naturalisé français en 1878. Il est le véritable précurseur de la thérapeutique par les extraits de glandes, ou opothérapie. Professeur à la faculté de médecine de Paris, puis successeur de Claude Bernard au Collège de France, il expérimenta sur lui-même l’injection d’extraits testiculaires dans le dessein de restaurer l’énergie des sujets sénescents et des convalescents. Bien que les doses d’hormone ainsi mises en jeu aient été trop faibles pour donner des résultats constants, sa méthode est le point de départ de l’utilisation actuelle des androgènes*. (Acad. des sc., 1886.)


Adolf Butenandt,

v. testicule.


Harvey W. Cushing,

v. neurologie.


Émile Gley,

médecin et physiologiste français (Épinal 1857 - Paris 1930). Il a énoncé dès 1914 les conditions permettant d’affirmer qu’un organe a une sécrétion interne : il faut que celui-ci comporte des cellules glandulaires ; une même substance active doit être trouvée dans l’organe et dans le sang ; le sang efférent de l’organe doit être actif sur un autre animal perfusé. Gley a compris la complexité des sécrétions (qui ne contiennent pas seulement des hormones) et la différence qui existe entre les extraits et les hormones pures.


Robert James Graves,

v. thyroïde.


Charles R. Harington,

v. thyroïde.


Philip S. Hench,

v. surrénal.


Bernardo A. Houssay,

physiologiste argentin (Buenos Aires 1887 - New York 1971). Il a étudié le rôle de l’hypophyse, notamment celui de son lobe antérieur, sur le métabolisme des glucides. Il reçut en 1947 le prix Nobel de physiologie et de médecine avec C. F. et G. T. Cori.


Edward C. Kendall,

v. stéroïdes.


Jones James Rickard Macleod,

v. insuline.


Tadeusz Reichstein,

v. stéroïdes.


Gustave Roussy,