Empire colonial italien (suite)
L’Empire mussolinien
Une fois le fascisme* instauré en Italie sur une base nettement nationaliste en politique étrangère, les organes officieux du régime s’abandonnèrent à un impérialisme de plus en plus délirant à mesure que le pays se détachait de l’alliance franco-anglaise et se rapprochait de l’Allemagne hitlérienne. Ils voyaient déjà les possessions italiennes de l’Est africain et de Libye rapprochées à travers le Soudan ou Tripoli rejoignant l’Afrique occidentale aux dépens de la France. Plus réaliste, Mussolini se contenta d’obtenir de Laval en 1935 ce qu’il considéra comme un blanc-seing pour attaquer l’Abyssinie et venger la défaite d’Adoua en conquérant ce pays, malgré la condamnation inopérante de la Société des Nations. Sans même un prétexte pour ouvrir les hostilités, 400 000 hommes de troupe, une aviation puissante, des dizaines de milliers de terrassiers propres à construire des routes carrossables débarquèrent en Érythrée, mais y obtinrent peu de succès sous un chef politicien aussi incapable que le maréchal De Bono (1866-1944).
Le négus Hailé Sélassié, cousin de Ménélik, avait, plus facilement encore que celui-ci, pu regrouper autour de lui les principaux féodaux éthiopiens, qui commandaient ses armées, concentrées au centre autour du massif montagneux de l’Amba Aradam et au nord sur les hauteurs rocheuses du Tigré. À la mi-novembre 1935, le maréchal Badoglio (1871-1956) remplaçait De Bono, et, dès lors, selon les nouvelles méthodes de combat qu’appliqueront quelques années plus tard les Américains dans la Seconde Guerre mondiale (première et deuxième bataille du Tembien, 20-30 janv. et 27 févr.-2 mars 1936), des mouvements en tenaille encerclaient et détruisaient les forces ennemies, ouvraient la route de Dessié, seconde ville d’Abyssinie, où l’armée Badoglio entrait le 15 avril, après une victoire sur le négus lui-même. Le 5 mai, elle était à Addis-Abeba, d’où Hailé Sélassié s’était retiré pour s’embarquer à Djibouti sur un croiseur anglais.
L’écrasement de Hitler et de son allié italien allait, toutefois, rendre singulièrement précaires ces succès. Les Américains eussent peut-être consenti à laisser aux Italiens la possession de la Libye, et il en fut question lors des premières négociations de paix, où l’Italie était représentée par le comte Sforza (1872-1952) ; le cabinet anglais lui-même s’y montrait assez favorable, et l’on sait que ces deux puissances rendirent à leur ex-ennemi la part de sa flotte qui leur était assignée. Mais les Russes se montrèrent intraitables, et Sforza lui-même jugea inutile de se dépenser beaucoup pour conserver des territoires africains.
M. V.
➙ Crispi (F.) / Éthiopie / Fascisme / Giolitti (G.) / Italie / Italo-éthiopienne (guerre) / Libye / Mussolini (B.) / Somalie.