circulation atmosphérique (suite)
• Au niveau de la mer. L’influence des conditions géographiques pressenties plus haut prend ici une importance considérable. La figure 2 dans anticyclone (pressions de surface en janvier et juillet) exprime, par référence au substratum, la permanence de certains individus isobariques, l’alternance saisonnière de certains autres. Sont permanentes de basses ou relativement basses pressions axées sur l’équateur. Se maintiennent également les anticyclones maritimes des Hawaii, des Açores, de l’océan Indien méridional, du Pacifique Sud et de Sainte-Hélène, tandis qu’aux mêmes latitudes subtropicales, sur les continents, on rencontre en été de basses pressions d’origine thermique (Californie, ensemble saharo-arabique, nord-ouest de l’Inde). Les hautes pressions qui, en hiver, appuient jusqu’au sol, sont alors simplement reportées en altitude. Les basses pressions subpolaires sont, de même, dans l’ensemble, permanentes : continues autour de l’Antarctide, cellulaires autour de l’Arctique. Avec certaines nuances, on peut convenir que des pressions fortes ou moyennes règnent en permanence près des pôles. Nous avons vu (art. anticyclone) que les hautes pressions subtropicales sont d’origine dynamique, et celles des pôles, surtout thermique. Les basses pressions équatoriales et subtropicales ont un caractère mixte. L’essentiel est cependant de constater que de tels systèmes de pression assurent la permanence d’une circulation zonale. Le maintien des alizés est net sur l’est des océans Pacifique et Atlantique. Les vents d’ouest extra-tropicaux sont, de même, tenaces, surtout dans l’hémisphère Sud.
Certains détails rencontrés précédemment introduisent des altérations azonales. Nous en relèverons quelques-unes en nous référant à l’hémisphère boréal et en ajoutant à la présence estivale des dépressions subtropicales continentales celle des puissants anticyclones d’hiver centrés sur l’Amérique du Nord et l’Asie froide (Manitoba, Sibérie), anticyclones temporaires auxquels se substituent en saison chaude de faibles pressions (fig. 2 dans anticyclone). C’est ainsi qu’en été (hémisphère Nord) des transgressions méridiennes d’air austral se trouvent contrôlées, d’une part, par la dépression du nord-ouest de l’Inde, de l’autre, par les basses pressions de l’Asie orientale. Il en résulte l’intervention des moussons sur l’Inde, la Chine, voire le Japon. Un processus du même ordre existe en Afrique occidentale. En période d’hivernage, le flux issu de l’anticyclone de Sainte-Hélène passe l’équateur et se dirige vers la dépression saharienne. Les basses pressions californiennes ne provoquent pas d’effet identique. On sait que la mousson impose sur les longitudes de son application une composante d’ouest aberrante par rapport aux dispositions du schéma moyen. En hiver, les hautes pressions américaines et asiatiques suscitent également des écoulements méridiens. Ceux-ci correspondent à l’advection des masses d’air arctiques et polaires, dont nous savons (art. anticyclone) la localisation sur les façades orientales des deux continents. On parle de mousson d’hiver pour désigner le processus établi sur l’est de l’Asie... et non sur l’est des États-Unis, où la situation est pourtant semblable. Les principaux faits relevés en superficie sont synthétisés par les figures 14 et 15.


• Corrélation entre les niveaux (hémisphère boréal). En été, la combinaison des dispositions zonales et des altérations azonales aboutit au niveau de la mer à la transgression vers le nord des anticyclones subtropicaux et aussi des flux chauds (moussons ; alizés de bords occidentaux des hautes pressions qui affectent par exemple l’est des États-Unis). En hiver, à l’inverse, les hautes pressions thermiques continentales glissent vers le sud ; de puissantes impulsions d’air froid arrivent ainsi jusqu’au tropique. En altitude, la situation est comparable du fait du balancement saisonnier d’un jet relativement proche du pôle en été et des basses latitudes en hiver. Les deux évolutions sont même étroitement en phase. En hiver par exemple, le jet-stream subtropical permet l’étalement de la circulation circumpolaire d’altitude dans le temps où les coulées polaires de superficie appuient elles-mêmes au plus près des régions chaudes, aidées en cela par les continents refroidis. Car le balancement saisonnier en latitude et à tous les niveaux des centres d’action et des flux zonaux (en accord global et non étroit avec le mouvement apparent du Soleil) se trouve épaulé, principalement en superficie, par des circulations secondaires plus ou moins méridiennes traduisant l’influence du substratum géographique. Mais ce n’est pas tout. Ce dernier se manifeste également par le degré de vigueur qu’il impose aux dépressions de front polaire, grâce aux contrastes thermiques plus ou moins grands existant entre continents et masses océaniques. Or, on sait que la rapidité du jet hivernal est liée à l’accroissement de la turbulence de saison froide, elle-même corrélative d’un fort contraste terre-mer. On arrive ainsi à l’idée selon laquelle le courant d’altitude duquel nous étions partis dépend lui-même de facteurs géographiques, variables dans leurs effets selon la saison. Si l’on rapproche cela de la conception selon laquelle le jet construit (ou entretient) les centres d’action majeurs de l’atmosphère, et en particulier les hautes pressions subtropicales, on aboutit à un enchaînement tel que le moteur de la circulation générale est à rechercher aux latitudes moyennes et élevées. Cette remarque pose en fait le problème des mécanismes fondamentaux de l’atmosphère en mouvement, beaucoup plus qu’elle n’exprime sa résolution.
Les conceptions concernant la nature et la source de la circulation atmosphérique
Les éléments de départ nous sont connus. La circulation dépend au niveau le plus général d’un échauffement, par le Soleil, de la surface du globe (échauffement inégal) en même temps que de la rotation de ce dernier sur lui-même. Les théories éclairant la circulation atmosphérique se situent donc plus ou moins implicitement au-delà de ces dispositions initiales. La question qui se pose alors est celle de savoir quelle est la nature (thermique ou dynamique ?) des mouvements et aussi quelles sont les latitudes où ils démarrent (inter- ou extra-tropicales ?). Le développement qui précède reflète de ces divers points de vue une certaine position, puisqu’il souligne l’importance des latitudes moyennes et élevées, de même que celle des processus dynamiques.