Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

agrumes (suite)

Le Bigaradier produit l’orange amère destinée à la confiturerie ; c’est aussi un très bel arbre ornemental. Il constitue dans de nombreuses régions agrumicoles le porte-greffe le plus utilisé. Les Bouquetiers de Nice sont des variétés naines, dont la distillation des fleurs fournit l’essence de néroli. Le Bergamotier est une autre variété de Bigaradier ; l’essence de bergamote est tirée de la pulpe du fruit.

Il existe de nombreux autres agrumes, hybrides intergénériques ou interspécifiques présentant souvent un grand intérêt pour les botanistes, pour les généticiens, comme porte-greffe, comme détecteurs de maladies à virus ; aucun n’a vraiment une importance économique notable dans la production des fruits.


Conditionnement

Afin de satisfaire aux exigences du consommateur et aux normes imposées par la réglementation des pays importateurs, la récolte — 20 à 25 t en moyenne à l’hectare — doit subir un certain nombre d’opérations : prétriage, lavage, traitement fongicide, rinçage, séchage, brossage, lustrage, triage, et enfin calibrage, opérations effectuées dans des « stations de conditionnement », devenues aujourd’hui de véritables usines.


Utilisations industrielles

Les agrumes fournissent des essences destinées à la parfumerie : l’« essence de néroli », tirée des fleurs, l’« essence de petit-grain », extraite des feuilles, et l’« essence de Portugal », extraite de la peau. Ils sont utilisés aussi en confiturerie (confiture d’oranges amères), en confiserie (chinois) et dans la préparation de certains apéritifs et du curaçao. Mais la principale utilisation industrielle, en pleine expansion, est la fabrication de jus de fruits*.


Le marché des agrumes

La production mondiale s’est considérablement développée ; elle atteint 35 Mt, et les risques, dans un avenir proche, de surproduction mondiale sont préoccupants. Les grandes régions de production sont les États-Unis (10 Mt), l’ensemble des pays du Bassin méditerranéen (7 Mt), notamment l’Espagne, l’Italie, le Maroc et Israël, et enfin le Brésil, le Japon, le Mexique et l’Afrique du Sud. Il convient de signaler que la France est devenue productrice d’agrumes ; les plantations, principalement de Clémentiniers, sont réalisées en Corse depuis 1956. Les pays du Bassin méditerranéen exportent plus de 4 Mt de fruits, le premier exportateur mondial restant l’Espagne avec plus de 1 Mt. Les marchés d’importation sont constitués essentiellement par les pays de l’Europe occidentale, principalement l’Allemagne et la France.

R. R.

 L.-J. Klotz et H. S. Fawcett, Manuel en couleurs des maladies des Citrus (Société d’éd. techniques coloniales, 1952). / H. Rebour, les Agrumes (Baillière, 1966). / Conférences citricoles à la Ire Semaine internationale de l’orange (Valence, Espagne, 1968). / I. N. R. A., les Agrumes au Maroc (Rabat, 1968). / Compte rendu de la réunion de la Commission agro-technique du Comité des agrumes de la zone franc (A. S. P. A. M., Casablanca, 1969). / J.-C. Praloran (sous la dir. de), les Agrumes (Maisonneuve et Larose, 1972).

Aguesseau (Henri François d’)

Chancelier de France (Limoges 1668 - 1751).


Fils d’Henri d’Aguesseau, intendant du Limousin, il était apparenté par sa mère au célèbre avocat général du parlement de Paris, Omer Talon. Il eut la chance d’avoir, en la personne de son père, un remarquable précepteur ; celui-ci avait dressé un programme d’études pour ses enfants et poursuivit l’éducation de ses fils dans les diverses intendances où il fut nommé : Guyenne, Languedoc. Le jeune d’Aguesseau dut à cette formation première une connaissance remarquable des langues mortes et vivantes, du droit, de la philosophie. Comme aide de son père, il rédigea des rapports et fit son apprentissage de magistrat en entrant en contact avec les réalités juridiques et administratives.

Arrivé à Paris en 1685 avec sa famille, d’Aguesseau gravit rapidement les échelons de la magistrature. Avocat général du parlement de Paris à vingt-deux ans, il fit des débuts éclatants, et son éloquence le rendit célèbre au point que Saint-Simon l’appelle « l’Aigle du parlement ». En 1700, le roi lui donna la charge de procureur général ; en 1717, à la mort de Voysin, le Régent fit de lui un chancelier de France et un garde des Sceaux.

Le chancelier était, comme de nombreux robins de son temps, fortement marqué par l’esprit janséniste. Il n’en admirait pas moins Descartes, dont il écrivait : « On dirait que ce soit lui qui ait inventé de faire usage de la raison. » D’esprit cartésien et de morale austère, d’Aguesseau était aussi imbu des principes gallicans. Ces tendances expliquent qu’au moment de la bulle Unigenitus, en 1713, il s’unit au parlement pour la combattre ; seule la mort de Louis XIV empêcha sa disgrâce. Il varia ensuite sur cette question, puisque, une fois chancelier, il imposa au lit de justice de 1720 l’acceptation pure et simple de la bulle, les droits de l’Église gallicane étant saufs. Déjà, à propos de l’affaire du « quiétisme » et en qualité de procureur général, il avait défendu les doctrines gallicanes et particulièrement le pouvoir et l’autorité des évêques en matière de croyances ; il s’était d’ailleurs contenté d’une adhésion de pure forme et avait donné des ordres pour que l’application de la bulle ne fût pas suivie d’effets pratiques.

Son indépendance d’esprit s’affirma mieux en matière économique et politique, au point que, par deux fois, il fut écarté des affaires. Il fut disgracié d’abord, de 1718 à 1720, à cause de son opposition aux innovations de Law. Dans ses livres Considérations sur les monnaies et Mémoire sur le commerce de la Compagnie des Indes, il prit nettement position contre le « système ». Son attitude s’explique par la crainte d’un bouleversement des structures sociales qui résulterait de l’excès de misère et de l’excès de luxe. « Il importe au bien de l’État, écrivait-il, que les biens soient placés dans les mains de ceux à qui la naissance et l’éducation ont appris à en faire usage utile à eux-mêmes et au bien public. »