Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Californie (suite)

Le développement des industries modernes à haute technicité (électronique, missiles) ou de luxe (cinéma) et des secteurs tertiaire et quaternaire ne s’accommode que du genre de vie urbain. Aussi la population urbaine représente-t-elle 90 p. 100 de la population totale (les deux tiers de celle-ci se rassemblent à Los Angeles, San Francisco et San Diego). Une métropole tricéphale, déjà baptisée Sansan (San Francisco - San Diego, en passant par Los Angeles), s’esquisse. La société et l’espace géographique s’organisent en fonction de cette mégalopolis de la côte pacifique, le reste de l’État étant destiné à lui fournir les vivres, l’énergie, les matières premières et un domaine récréatif (les parcs nationaux et le désert). Les petites villes assurent le relais des services et équipements dans un sens, du ravitaillement et de la transformation des denrées alimentaires dans l’autre. Cette forme d’aménagement du territoire exige la construction d’un réseau d’autoroutes interurbaines et intra-urbaines ; aussi les agglomérations s’étendent-elles sans cesse, rendant insolubles les problèmes de la circulation et de l’approvisionnement d’eau. La civilisation du pétrole est responsable de la pollution de l’air urbain et même des eaux de mer (on attribue à une série de marées noires la destruction du plancton et le déclin des pêcheries californiennes évoqué plus haut).

La place de la Californie aux États-Unis

• Premier rang pour la population, le revenu personnel et le niveau de vie, le montant des salaires dans les industries et services (à égalité avec l’État de New York), le montant des salaires agricoles (23 p. 100 du total des États-Unis), la puissance installée et la production d’électricité, la production de mercure, de tungstène et de ciment, la valeur des pêches maritimes, la valeur totale de la production agricole, les industries alimentaires.

• Deuxième rang pour la valeur ajoutée par l’ensemble de l’industrie, la production du magnésium et de la potasse, la production du bois.

• Troisième rang pour la production minérale totale (pétrole en particulier), le troupeau bovin, la production de coton.

P. B.

➙ États-Unis / Los Angeles / San Francisco.

 W. E. Bean, California. An Interpretative History (New York, 1968). / R. J. Roske, Everyman’s Eden. A history of California (New York, 1968). / J. Degas, Histoire de l’Ouest américain (Nouv. Éd. latines, 1969). / R. Durrenberger, California : the Last Frontier (New York, 1969).

Caligula

(Antium, auj. Anzio, 12 apr. J.-C. - Rome 41), empereur romain (37-41).


Fils de Germanicus et d’Agrippine l’aînée, il goûte, tout jeune enfant, à la vie des camps ; il reçoit alors son surnom, dérivé de la caliga, sandale de l’infanterie. Il échappe aux assassinats qui déciment les siens sous le règne de Tibère. Celui-ci le recueille près de lui, à Capri, mais sans lui accorder de sympathie, car il le considère comme un dangereux sadique. Caligula avait dû justifier cette opinion, car l’historien Suétone l’accuse d’avoir plusieurs fois tenté d’empoisonner l’empereur. Quand il s’agit pour celui-ci de se désigner un successeur, il songe à Tiberius Gemellus, son petit-fils, mais il se décide finalement pour Caligula.

L’avènement de Caligula (Caius Caesar Augustus Germanicus) provoque, après les cruautés de Tibère, un immense soulagement, et quelques mesures heureuses lui acquièrent une certaine popularité. Le sénat l’acclame seul empereur, négligeant la part de pouvoir que Tibère a voulu réserver à Gemellus par testament, et lui donne d’emblée tous les pouvoirs impériaux. Il en profite pour accorder une amnistie générale, réduire les impôts, exprimer son désir de gouverner en accord avec le sénat, suspendre la loi de majesté et faire des distributions au peuple. Il ramènera à Rome les cendres d’Agrippine.

Puis tout change subitement : au bout de sept ou huit mois, Caligula tombe malade. Il a déjà eu, dans son enfance, des crises d’épilepsie. Que lui arrive-t-il alors ? Selon l’historiographie traditionnelle, il sombre dans la folie. On peut penser qu’insomniaque notoire, en proie aux cauchemars, épileptique et schizophrène, il représentait en quelque sorte le point de convergence de toutes les tares de sa famille.

Les auteurs anciens nous rapportent maints témoignages du comportement de ce fou. L’histoire la plus célèbre est celle de son cheval Incitatus, logé dans une écurie de marbre, nourri d’avoine dorée et qualifié du titre de consul. Folie sanguinaire surtout : une férocité instinctive l’amenait à faire décapiter à tout propos, et à souhaiter ouvertement toutes sortes de calamités. Folie sanguinaire qui s’est exercée surtout aux dépens des riches Romains, car le manque d’argent l’incitait à les décimer. De cette façon, il se faisait énormément d’ennemis dans la classe cultivée, et l’on peut trouver là l’explication de l’obstination avec laquelle Suétone et Dion Cassius l’ont chargé de toutes les infamies. Jusqu’à la fin du xixe s., on a cru ces auteurs sur parole. Il n’en est plus de même aujourd’hui : grâce à leurs divergences, on détecte la calomnie, sans pouvoir bien préciser ses limites. Suétone raconte que, après avoir construit un pont entre Baies et Pouzzoles, Caligula fit précipiter dans la mer ceux qu’il avait invités à l’inauguration. Flavius Josèphe, lui, se contente de dire qu’il parcourait son pont fièrement accoutré en Alexandre...

Un premier élément d’explication se trouve dans l’idée que Caligula s’est faite du pouvoir, idée qu’il doit à l’Égypte. Il a été flatté dans son enfance par ses serviteurs égyptiens, et s’est convaincu qu’il était un monarque à la mode des Lagides. Comme ceux-ci, il s’entoure d’Égyptiens, favorise le culte d’Isis et pratique peut-être l’inceste avec sa sœur. Comme eux, il se prend pour un roi dieu. De là ses déguisements en divinité, et aussi son absolutisme convaincu : par la solutio legibus, il se donne le droit, exceptionnel alors, de prendre toutes décisions à sa convenance, sans souci de la législation antérieure. Le sénat romain devient un tribunal qui, terrorisé, ne sait quelle décision prendre, et préfère s’en remettre volontairement à l’empereur. Celui-ci annonce, par son comportement, la tyrannie du dominât, auquel les Romains se résigneront longtemps après. On comprend alors la hargne de l’opposition sénatoriale.