Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bouteillerie (suite)

• Soufflage. La paraison est chargée et comprimée sur le fond du moule ébaucheur, lequel est contigu au moule de bague prolongeant la tête de soufflage. Puis une rapide bouffée d’air comprimé amorce un creux (perçage), qui se développe pour appliquer le verre contre les parois du moule. Enfin, maintenue par son goulot formé dans le moule de bague, l’ébauche est basculée pour être transférée dans le moule finisseur, qui lui donne la forme définitive. Tenue par le goulot et restant molle, l’ébauche doit rapidement passer d’un moule à l’autre. L’ensemble constitué par le moule ébaucheur et le moule de bague bascule de 180° autour d’un axe horizontal, l’ébaucheur s’ouvre pour libérer l’ébauche, qui reste suspendue par le moule de bague, et le moule finisseur se referme sur elle. Les moules sont disposés sur deux carrousels tangents et synchronisés, ou tourelles, comportant de 6 à 8 postes. Dans une autre technique, un bras portant le moule de bague subit lui-même un basculement de 180° pour transférer l’ébauche. Cette méthode a l’avantage de se prêter à une juxtaposition d’un nombre indéterminé de sections indépendantes, et présente de ce fait une souplesse d’exploitation que n’a pas la machine précédente. Dans une version récente des machines à tourelle, on retrouve une combinaison du principe des deux carrousels synchronisés en rotation continue et du renversement en l’air de l’ébauche. Cette machine peut produire 100 000 bouteilles par jour. Les cadences de production n’ont d’ailleurs cessé de croître. Une verrerie type peut comprendre plusieurs fours munis chacun de 5 à 8 feeders. La production d’un tel atelier peut atteindre un million de bouteilles de 75 cl par jour. Pour des bouteilles plus petites (33 cl ou flacons) et pour maintenir autant que possible le débit de chaque feeder, celui-ci distribue simultanément 2 et même 3 paraisons, qui sont conduites par des déflecteurs spéciaux dans des sections différentes des machines. Dans ces procédés, le travail est dit « au soufflé-soufflé ».


Procédé d’avenir

La technique la plus évoluée se libère entièrement du travail traditionnel. Dérivée de la machine à ruban imaginée par la Corning Glass Works pour la fabrication des ampoules électriques à la cadence de 30 par seconde, elle a été mise au point par la firme américaine Owens Illinois pour la production de bouteilles en très grande série. Il n’y a plus formation de paraison individuelle : un filet de verre à débit contrôlé s’écoule régulièrement et s’étale sur une bande transporteuse, alors qu’un rouleau lamineur en régularise l’épaisseur et marque une empreinte en forme d’œuf sur le plat. Ce ruban de verre mou s’affaisse sous pression dans des ouvertures présentées par la bande transporteuse, et pénètre entre deux bandes affrontées, sortes de chenilles dont la supérieure porte des têtes de soufflage et l’inférieure des moules de formage. À la sortie de cette double chenille, le corps creux est formé et se détache du ruban dont les restes reviennent au four. À cette cadence, il n’est plus possible de fabriquer des bouteilles de forme traditionnelle. Le fond est arrondi et exige un support en plastique. Le goulot ne peut pas supporter les efforts du bouchage classique, et un autre mode de fermeture légère doit être utilisé. Cette technique est particulièrement intéressante pour les bouteilles ou flacons à paroi mince et à col étroit. Pour les récipients à col large (bocaux), l’ébauche est généralement obtenue par pressage. Un poinçon s’enfonce dans le verre mou reçu par le moule ébaucheur et répartit régulièrement les épaisseurs. Le transfert et le soufflage dans le moule finisseur s’effectuent comme précédemment. Le travail est alors dit « au pressé-soufflé ». Dans certaines machines destinées à produire en verre mince des gobelets ou des pots, on évite la couture, trace de la jonction des deux demi-coquilles formant le moule, en faisant tourner l’ébauche : c’est le travail « au soufflé-tourné ». Lorsque le corps creux voit son ouverture s’agrandir de plus en plus (saladier, assiette, gobelet), la phase du soufflage n’est plus nécessaire, car le poinçon peut donner au verre pressé la forme définitive et être aisément retiré.

I. P.

➙ Verrerie.

 R. Dralle et G. Keppeler, Die Glasfabrikation (Munich, 1926). / H. Thiene, Glas (Iéna, 1931-1939 ; 2 vol.). / F. V. Tooley (sous la dir. de), A Handbook of Glass Manufacture (New York, 1953). / E. B. Shand, Glass Engineering Handbook (New York, 1958). / W. Giegerich et W. Trier, Glasmaschinen (Berlin, 1964). / P. Piganiol, les Industries verrières (Dunod, 1965).

Bouts (Dieric)

Peintre des anciens Pays-Bas (Haarlem v. 1410-1420 - Louvain 1475).


L’importance de cet héritier spirituel de Van der Weyden* est égale, en Brabant, à celle de Memling* en Flandre. Comme Memling, il fut un émigré, originaire de Haarlem selon Carel Van Mander ; de fait, son style présente certaines caractéristiques hollandaises. Les archives de Louvain le mentionnent de 1457 jusqu’à sa mort. Il fut un bourgeois aisé et un artiste réputé, auquel la ville assura à maintes reprises d’importantes commandes. Deux de ses quatre enfants, Dieric et Albrecht, furent également peintres.

Nous sommes bien documentés sur ses ouvrages majeurs par des pièces d’archives. Le triptyque de la Dernière Cène fut commandé en 1464 pour Saint-Pierre de Louvain, où il est encore conservé ; la dernière quittance de paiement est de 1468. Les tableaux de « la justice de l’empereur Otton » (musées royaux de Bruxelles) furent commandés la même année par les magistrats de Louvain pour la salle du conseil de l’hôtel de ville ; sur quatre panneaux prévus, deux seulement furent à peu près terminés avant la mort du peintre : la Décapitation de l’innocent et l’Épreuve du feu. La ville s’adressa à Hugo van der Goes* pour l’estimation du travail effectué. Le même document nous apprend qu’une autre œuvre, un triptyque du Jugement dernier, était achevée au même moment : on peut identifier ses volets avec les Bienheureux et les Damnés du musée de Lille. Un deuxième triptyque de Saint-Pierre, enfin, le Martyre de saint Érasme, est attesté comme œuvre de Bouts.

De nombreuses controverses concernent soit un, soit deux épigones qui auraient exécuté une série d’œuvres dans un style purement boutsien. On parle ainsi d’un Maître de la « Perle du Brabant » (par « Perle du Brabant », on entend l’Épiphanie de la pinacothèque de Munich) et d’un Maître de la Captivité du Christ (également à Munich).