bouteillerie (suite)
• Soufflage. La paraison est chargée et comprimée sur le fond du moule ébaucheur, lequel est contigu au moule de bague prolongeant la tête de soufflage. Puis une rapide bouffée d’air comprimé amorce un creux (perçage), qui se développe pour appliquer le verre contre les parois du moule. Enfin, maintenue par son goulot formé dans le moule de bague, l’ébauche est basculée pour être transférée dans le moule finisseur, qui lui donne la forme définitive. Tenue par le goulot et restant molle, l’ébauche doit rapidement passer d’un moule à l’autre. L’ensemble constitué par le moule ébaucheur et le moule de bague bascule de 180° autour d’un axe horizontal, l’ébaucheur s’ouvre pour libérer l’ébauche, qui reste suspendue par le moule de bague, et le moule finisseur se referme sur elle. Les moules sont disposés sur deux carrousels tangents et synchronisés, ou tourelles, comportant de 6 à 8 postes. Dans une autre technique, un bras portant le moule de bague subit lui-même un basculement de 180° pour transférer l’ébauche. Cette méthode a l’avantage de se prêter à une juxtaposition d’un nombre indéterminé de sections indépendantes, et présente de ce fait une souplesse d’exploitation que n’a pas la machine précédente. Dans une version récente des machines à tourelle, on retrouve une combinaison du principe des deux carrousels synchronisés en rotation continue et du renversement en l’air de l’ébauche. Cette machine peut produire 100 000 bouteilles par jour. Les cadences de production n’ont d’ailleurs cessé de croître. Une verrerie type peut comprendre plusieurs fours munis chacun de 5 à 8 feeders. La production d’un tel atelier peut atteindre un million de bouteilles de 75 cl par jour. Pour des bouteilles plus petites (33 cl ou flacons) et pour maintenir autant que possible le débit de chaque feeder, celui-ci distribue simultanément 2 et même 3 paraisons, qui sont conduites par des déflecteurs spéciaux dans des sections différentes des machines. Dans ces procédés, le travail est dit « au soufflé-soufflé ».
Procédé d’avenir
La technique la plus évoluée se libère entièrement du travail traditionnel. Dérivée de la machine à ruban imaginée par la Corning Glass Works pour la fabrication des ampoules électriques à la cadence de 30 par seconde, elle a été mise au point par la firme américaine Owens Illinois pour la production de bouteilles en très grande série. Il n’y a plus formation de paraison individuelle : un filet de verre à débit contrôlé s’écoule régulièrement et s’étale sur une bande transporteuse, alors qu’un rouleau lamineur en régularise l’épaisseur et marque une empreinte en forme d’œuf sur le plat. Ce ruban de verre mou s’affaisse sous pression dans des ouvertures présentées par la bande transporteuse, et pénètre entre deux bandes affrontées, sortes de chenilles dont la supérieure porte des têtes de soufflage et l’inférieure des moules de formage. À la sortie de cette double chenille, le corps creux est formé et se détache du ruban dont les restes reviennent au four. À cette cadence, il n’est plus possible de fabriquer des bouteilles de forme traditionnelle. Le fond est arrondi et exige un support en plastique. Le goulot ne peut pas supporter les efforts du bouchage classique, et un autre mode de fermeture légère doit être utilisé. Cette technique est particulièrement intéressante pour les bouteilles ou flacons à paroi mince et à col étroit. Pour les récipients à col large (bocaux), l’ébauche est généralement obtenue par pressage. Un poinçon s’enfonce dans le verre mou reçu par le moule ébaucheur et répartit régulièrement les épaisseurs. Le transfert et le soufflage dans le moule finisseur s’effectuent comme précédemment. Le travail est alors dit « au pressé-soufflé ». Dans certaines machines destinées à produire en verre mince des gobelets ou des pots, on évite la couture, trace de la jonction des deux demi-coquilles formant le moule, en faisant tourner l’ébauche : c’est le travail « au soufflé-tourné ». Lorsque le corps creux voit son ouverture s’agrandir de plus en plus (saladier, assiette, gobelet), la phase du soufflage n’est plus nécessaire, car le poinçon peut donner au verre pressé la forme définitive et être aisément retiré.
I. P.
➙ Verrerie.
R. Dralle et G. Keppeler, Die Glasfabrikation (Munich, 1926). / H. Thiene, Glas (Iéna, 1931-1939 ; 2 vol.). / F. V. Tooley (sous la dir. de), A Handbook of Glass Manufacture (New York, 1953). / E. B. Shand, Glass Engineering Handbook (New York, 1958). / W. Giegerich et W. Trier, Glasmaschinen (Berlin, 1964). / P. Piganiol, les Industries verrières (Dunod, 1965).