bourgeonnement animal (suite)
Si les bourgeons restent solidaires de l’individu initial, il y a formation d’une colonie (bourgeonnement de croissance). C’est le cas, par exemple, chez de nombreux Cnidaires. Si les bourgeons se détachent de l’individu initial, que ce soit ou non en vue de la reproduction sexuée, on parle de bourgeonnement de dissémination. Il s’agit de la forme de blastogenèse la plus fréquente : elle se rencontre dans de nombreux groupes animaux : Protozoaires ou Métazoaires non vertébrés, di- ou triblastiques. Même des organismes à l’état larvaire sont capables de se reproduire par bourgeonnement. Le phénomène est particulièrement spectaculaire chez les Platodes (Vers plats) parasites. Echinococcus granulosus, parasite intestinal du Chien (deuxième hôte), dont la larve cysticerque se développe dans le foie du premier hôte (qui peut être l’Homme), engendre, par bourgeonnement externe ou interne, plusieurs centaines de milliers de vésicules filles, qui, à leur tour, donnent un millier de vésicules proligères, dont chacune contient une vingtaine de scolex. Cette multiplication colossale du nombre des formes larvaires augmente les chances de survie de l’espèce et compense le handicap, lui aussi gigantesque, que représente la nécessité de rencontrer plusieurs hôtes différents.
Dans d’autres cas, les bourgeons, d’un type spécial, sont capables de résister au froid ou à la dessiccation et ne se forment que lorsque les conditions sont défavorables (statoblastes des Bryozoaires, etc.). Ils engendrent des individus qui, sexués ou non, renferment potentiellement toutes les possibilités organogénétiques de l’espèce. Aussi, chez les Protozoaires, peut-on observer la division en deux de l’appareil nucléaire et la répartition de chromosomes équivalents entre l’individu initial et la cellule fille, tandis que chez les Métazoaires, dans la majorité des cas, tous les feuillets participent à la constitution des bourgeons, ainsi qu’un certain nombre de cellules indifférenciées à aspect embryonnaire. Celles-ci jouent un rôle fondamental : elles sont totipotentes, c’est-à-dire susceptibles de former les divers tissus du corps (ou soma), ectodermiques, endodermiques, musculaires, nerveux, ou les cellules germinales (germen). En elles, germen et soma ne sont pas distincts. Sans elles, dans bien des cas, non seulement le bourgeonnement, mais même une vie normale ne sont plus possibles, car l’animal perd la possibilité de régénérer ses tissus usés ou malades.
En ce qui concerne la spécialisation des feuillets chez les Kamptozoaires et chez les Bryozoaires, animaux fixés, souvent coloniaux, doués d’un intense pouvoir de bourgeonnement, c’est à partir d’un massif cellulaire ectoblastique recouvert d’un feuillet mésoblastique que se fait toute l’organogenèse, y compris celle des tissus normalement dérivés de l’endoderme. Chez les Ascidies composées, on observe des phénomènes du même ordre. Les feuillets des bourgeons ont donc la possibilité de se dédifférencier pour acquérir des potentialités nouvelles. L’existence précoce d’une lignée germinale, totalement indépendante des cellules somatiques, est également mise en défaut, puisque, souvent, des cellules indifférenciées restent totipotentes ; il arrive même que des cellules somatiques d’un bourgeon se dédifférencient pour retrouver leur totipotentialité et donner des cellules reproductrices.


R. M.
➙ Dédifférenciation / Développement et différenciation / Embryonnaire (état).
P. Brien, Biologie de la reproduction animale (Masson, 1966).