Capitale et principale ville de l’Irlande du Nord ; 400 000 hab.
Dès sa fondation en 1177, Belfast apparut comme une ville anglaise en territoire irlandais, mais les Anglais en furent rapidement chassés, et la ville resta pendant quatre siècles aux mains d’une famille noble irlandaise, les O’Neill. Elle ne fut définitivement reconquise par les Anglais qu’en 1573. Des immigrants écossais et anglais, la plupart de religion réformée, s’y installèrent en nombre à la fin du xvie s. et au xviie s., en butte à l’hostilité de la population indigène, restée catholique. Les protestants constituent aujourd’hui 70 p. 100 de la population (presbytériens et anglicans surtout), et la minorité catholique 27 p. 100. Le statut social des catholiques est en général inférieur à celui des protestants. Les tensions religieuses et sociales s’ont toujours très vives ; une véritable guerre de barricades a opposé catholiques et protestants dans les rues de Belfast à partir de 1969.
La ville est située au fond d’une rade grossièrement rectangulaire, dite Belfast Lough, longue de 20 km, large de 8 environ, qui entaille la côte nord-est de l’Irlande. La rade et la dépression du Lagan, qui lui fait suite en amont, résultent d’un effondrement. Par la vallée du Lagan, Belfast communique facilement avec la cuvette lacustre du Loch Neagh et, plus à l’ouest, avec la plaine du Lough Erne. Un relief bien articulé, une rade aux eaux tranquilles, la proximité de l’Écosse (65 km) donnent à Belfast la meilleure situation géographique en Irlande du Nord.
Le port bénéficia de ces avantages. Il est accessible aux navires tirant 6 m d’eau, mais l’étroitesse des chenaux d’accès exige le recours au pilotage. La dénivellation des marées, relativement faible, rend inutile la construction de bassins à flot ; les trois groupes de bassins ouvrent directement sur la rade. Environ 65 p. 100 du trafic maritime total de l’Irlande du Nord passent par Belfast ; 6 Mt aux entrées (pétrole, charbon, grains, matériaux de construction) ; plus de 1 Mt aux sorties (produits pétroliers raffinés, pommes de terre, produits de l’élevage). Plus de la moitié du trafic est à destination ou en provenance d’autres ports des îles Britanniques, surtout Liverpool et Glasgow.
Le port a suscité la fonction industrielle. La plus grande entreprise de l’Irlande du Nord s’y trouve : des chantiers navals spécialisés dans la construction de navires de gros tonnage. Belfast possède aussi l’unique firme irlandaise de constructions aéronautiques, l’unique raffinerie de pétrole de l’Irlande du Nord, une grosse fabrique d’engrais agricoles, des câbleries, etc. En ville même sont installées des firmes plus petites : des fabriques de cigarettes et de produits alimentaires, mais surtout des filatures et des tissages de lin (industrie traditionnelle en déclin). Un tiers de la production industrielle de l’Irlande du Nord est assurée à Belfast même, et 80 p. 100 dans l’agglomération.
L’essor démographique a été fulgurant au xixe s., grâce à l’industrialisation. La ville avait 40 000 habitants en 1821, 100 000 en 1851, 200 000 en 1881. 400 000 en 1914 et, en 1951, 445 000 habitants. La population de la ville a diminué à mesure qu’elle se redistribue en grande banlieue (Larne, Carrickfergus, Holywood, Bangor, Newtownards, Lisburn, Lurgan, Portadown). Les villes de la banlieue ouest (Lisburn, Lurgan, Portadown) ont de nombreux ateliers de tissage de lin ; Carrickfergus abrite la seconde entreprise industrielle de la province, une grande usine de rayonne et de fibres synthétiques. Bangor est une station balnéaire recherchée, ainsi que Holywood, par la résidence riche. En 1965, le gouvernement de l’Irlande du Nord a décidé de fonder la ville nouvelle de Craigavon, à 40 km au sud-ouest de Belfast. Cette ville englobera les deux villes préexistantes de Lurgan et de Portadown, et devrait abriter 100 000 personnes en 1981. On compte sur elle pour absorber les mal-logés de Belfast, et le départ de ceux-ci permettra de démolir les quartiers vétustés proches du port et de donner à cette ville, d’aspect industriel et ouvrier, un peu plus de confort et d’agrément.
C. M.