Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bayonne et la Côte basque française (suite)

L’activité portuaire avait permis, à la fin du xixe s., le développement d’industries que les besoins régionaux suscitèrent : sidérurgie pour la production de rails, fonderies, industries chimiques, usine à gaz. La plupart de ces usines ont été fermées au cours des deux dernières décennies, l’épisode le plus marquant de ce déclin ayant été l’arrêt de l’usine sidérurgique du Boucau. Avec l’aide des pouvoirs publics, la reconversion industrielle fut, dans une large mesure, réussie, et une seconde génération industrielle est née sur les rives du bas Adour : la fabrication d’engrais et l’industrie aéronautique en sont les activités essentielles.

Bayonne, ville d’art

Née à l’époque gallo-romaine sur la butte qui domine le confluent de la Nive et de l’Adour, Bayonne est à partir du xiie s., sous la suzeraineté du roi d’Angleterre, une petite mais prospère république maritime. Sa progression est reflétée par les enceintes successives qui engloberont la ville basse, ou Bourgneuf — étroite presqu’île serrée entre les deux cours d’eau —, puis le faubourg Saint-Esprit, sur la rive droite de l’Adour. Soumise au roi de France en 1451, Bayonne devient au xvie et au xviie s. une puissante forteresse, gardienne de la frontière espagnole. En 1680, Vauban renouvelle son système défensif, notamment par la citadelle Saint-Esprit, qui demeure avec ses bastions plantés d’arbres magnifiques. Si le visiteur ne découvre rien de la Bayonne souterraine, surprenant réseau médiéval de caves voûtées d’ogives, en revanche, deux centres d’intérêt s’offrent à lui : la cathédrale et le musée Bonnat.

La cathédrale, entreprise en 1213, reprise ensuite après plusieurs incendies, est la première cathédrale méridionale qui reflète directement le style du Nord — en fait celui de Soissons et de Reims, dont s’inspire le beau chevet avec son déambulatoire et ses chapelles rayonnantes. Elle fut élevée sans doute par un maître d’œuvre pèlerin de Compostelle, et c’est avec les cathédrales espagnoles de Burgos et de Léon qu’elle a le plus d’affinités. Son cloître, construit en 1240, reste le plus imposant des cloîtres gothiques de la France du Sud, malgré les remaniements du xixe s. Le double portail du transept, remarquable ensemble de la fin du xiiie s. (Vierge, Jugement dernier), rappelle le portail royal de Bordeaux. Le gothique méridional, plus sec, apparaît dans la nef, qui date du xive s. et n’a reçu ni façade ni tours : celles-ci constituent une addition peu heureuse du xixe s.

Bayonne possède — en dehors du Musée basque, très riche pour le folklore régional — un musée d’art de premier ordre, héritage du peintre qui l’a constitué. Léon Bonnat (1833-1922) légua à sa ville natale les collections qu’il avait réunies et présida à leur installation. Très éclectiques, avec des antiques, des tapisseries, des sculptures de la Renaissance italienne, elles sont surtout importantes pour la peinture : toutes les grandes écoles d’Europe — y compris l’Espagne et l’Angleterre, trop rarement représentées dans les musées français — y figurent ; c’est en outre à Bayonne qu’on peut se faire la meilleure idée de Bonnat, peintre « hispanisant » et portraitiste. Enfin, une admirable collection de dessins associe Pisanello et Raphaël, Dürer et Rembrandt, Ingres, Delacroix et Degas.

P. G.

 A. Personnaz et G. Berges, le Musée de Bayonne (Laurens, 1925). / Musée Bonnat. Catalogue sommaire (Musées nationaux, 1930). / Congrès archéologique de France, 1939, 101e session tenue à Bordeaux et Bayonne (Picard, 1942). / E. Lambert, Bayonne (Privat, Toulouse, 1959).


Biarritz

Peu à peu, l’agglomération de Bayonne-Anglet s’est soudée à celle de Biarritz, qui s’est très rapidement développée, en un siècle, à partir de l’ancien village de pêcheurs jouxtant le Port Vieux et de la Grande Plage, elle-même comprise entre la pointe Saint-Martin et le rocher de la Vierge. Autour de ce front de mer, où se dressent les silhouettes des palaces édifiés à la fin du xixe s. et celle du casino, le centre montre ses rues bordées d’un grand nombre de commerces, notamment de succursales des maisons parisiennes (commerce de luxe). Puis, très rapidement, on passe à des quartiers résidentiels, constitués en grande majorité de villas et de maisons individuelles le long des chemins qui gagnent l’intérieur des terres, au point d’atteindre Ilbarritz au sud et le quartier de la Négresse, autour de la gare, à l’est. L’agglomération a ainsi atteint la R. N. 10 et l’aéroport de Biarritz-Parme, tandis qu’au sud elle s’arrête au-dessus de la dépression du lac du Mouriscot. Le tourisme aristocratique français et étranger (Anglais et Russes), qui avait fait la fortune de Biarritz à la fin du xixe s. et au début du xxe, a bien décliné : les grands palaces, qui avaient fait la renommée de Biarritz, connaissent des difficultés ou sont vendus par appartements. Si des Espagnols viennent encore en nombre à Biarritz, les Français sont, de très loin, les plus nombreux. La saison s’anime durant les fêtes printanières et connaît un afflux massif de touristes en juillet et en août.

Au sud de Biarritz, l’agglomération littorale est discontinue. Bidart et Guéthary, établis sur les deux versants de la vallée de l’Ouhabia, à son débouché dans la mer, rassemblent 4 000 habitants environ, mais, du fait de l’existence d’un très grand nombre de résidences secondaires, voient leur population augmenter considérablement à la belle saison.

Plus loin encore, au-delà d’un secteur côtier resté rural, près de 20 000 personnes vivent en permanence dans l’agglomération formée par Saint-Jean-de-Luz et Ciboure. La pêche a toujours été une des activités fondamentales sur le littoral basque : à la chasse de la baleine dans le golfe de Gascogne, puis dans l’Atlantique Nord avait succédé la pêche de la morue sur les bancs de Terre-Neuve. Au xxe s., Saint-Jean-de-Luz s’est en fait spécialisé dans la pêche des poissons migrateurs des mers tempérées. Les prises des thons, qui avaient fait la renommée de Saint-Jean-de-Luz vers 1960, ont beaucoup diminué ; de nouveau, on note de substantiels apports de sardines et d’anchois. En été, les pêcheurs luziens travaillent dans le golfe de Gascogne ; en hiver, ils gagnent les voisinages du Sénégal et de la Mauritanie. Plus rémunérateur pour la cité est le tourisme estival, de séjour et de passage. La présence d’une vaste plage de sable au fond d’une baie bien abritée, le cachet basque d’une cité à laquelle sont attachés des souvenirs historiques du règne de Louis XIV, l’existence d’équipements sportifs de qualité (golf de Chantaco) ont fait de Saint-Jean-de-Luz la station la plus recherchée de la Côte basque.

À l’extrémité méridionale de celle-ci, Hendaye est tout à la fois station balnéaire et centre climatique.