Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Y

Yokohama (suite)

Cet ensemble se rattache à la zone industrielle du Grand Tōkyō, dont il forme la section méridionale. Ses différents secteurs (Yokohama, Kanagawa, Kawasaki, Tsurumi) donnaient à la préfecture de Kanagawa (dont Yokohama est le chef-lieu) le cinquième rang dans le pays pour la valeur de la production (6,1 p. 100 du total) en 1960. Ils la classent aujourd’hui au deuxième (derrière Ōsaka) [10,5 p. 100]. La part de l’industrie lourde est plus considérable que dans les autres ensembles du Grand Tōkyō en raison de la situation portuaire. En 1950, 25,3 p. 100 de la production revenaient à la métallurgie lourde, 15,5 p. 100 à l’appareillage de précision et 14,3 p. 100 aux fabrications chimiques. Actuellement, la première ne représente que 13,4 p. 100, mais l’appareillage électrique est passé de 4,3 à 18,6 p. 100, et l’outillage, négligeable auparavant, atteint 8 p. 100, tandis que l’industrie chimique décroît de moitié (7,6 p. 100), bien que la pétrochimie atteigne la moitié de ce total et que son essor se poursuive. Le pourcentage des petites entreprises (3 employés au maximum) s’élève à 34,2 ; 56,2 p. 100 ont de 4 à 29 employés, tandis que 2,5 p. 100 ont plus de 300 ouvriers, dernier pourcentage triple de celui de Tōkyō. Au total, la préfecture dont Yokohama est le chef-lieu possède 2,8 p. 100 du total des entreprises japonaises (huitième rang), et celles-ci font travailler 6,4 p. 100 de la main-d’œuvre industrielle du pays (quatrième rang), produisant 10,5 p. 100 des fabrications nationales (troisième rang). Près de 70 p. 100 des productions de Yokohama et de sa voisine Kawasaki sont en relation avec le matériel de transport (notamment les véhicules routiers) ou les appareils de radio et de télévision ainsi qu’avec le gros matériel électrique. Il s’agit de grosses entreprises (Tōshiba, Sony, Fuji, Mitsubishi, etc.) travaillant avec d’innombrables petits établissements sous-contractants.

Le port est à l’origine de la ville et demeure le signe majeur de sa fonction. Au sein du vaste ensemble portuaire de la baie de Tōkyō (Chiba, Tōkyō, Kawasaki, Yokohama), il garde le caractère original d’organisme international. De 1966 à 1972, son trafic est passé de 75 à 103 Mt, celui des deux organismes voisins, Kawasaki et Yokosuka, s’élevant respectivement de 66 et 8 à 94 et 14 Mt. Alors, toutefois, que Kawasaki importe surtout des matières premières (pétrole, charbon, ciment, ferrailles, minerais), Yokohama joue depuis un siècle le rôle d’importateur de marchandises générales pour toute la moitié septentrionale du pays. Statistiquement, le troisième port du monde (après Rotterdam et New York) et le premier du Japon, à égalité avec Kōbe*, il effectue avec ce dernier 60 p. 100 des importations et 40 p. 100 des exportations japonaises.

Cette double fonction assure à Yokohama un environnement pollué. L’accroissement de sa région urbaine pose notamment avec acuité le problème de l’eau douce et, en 1969, Yokohama a formé avec Kawasaki et Yokosuka une société pour la mise en valeur des ressources de la préfecture, notamment du bassin de la Sakawa : aménagé, celui-ci assurera à la ville un supplément de 406 000 m3/j. Une usine à Chigasaki désalinise 3 000 t d’eau de mer par jour, et une unité traitant 100 000 m3 par jour était prévue avant 1980, une de 1 Mt pour 1985. Les problèmes de Yokohama à cet égard, comme la fonction même et l’évolution future de la ville, ne sauraient être considérés que dans le cadre du Grand Tōkyō, dont, géographiquement, Yokohama ne constitue qu’un secteur.

J. P. M.

➙ Tōkyō.

Yonne. 89

Départ. de la Région Bourgogne ; 7 425 km2 ; 300 071 hab. Ch.-l. Auxerre*. S.-pr. Avallon et Sens*.


Le département de l’Yonne a été constitué, à la Révolution, du baillage d’Auxerre, qui dépendait de Dijon et était bourguignon, et du Sénonais, qui dépendait de Paris, mais qui avait généralement été champenois, sauf pour sa partie occidentale, le Gâtinais, lié à l’Orléanais. Dans l’Antiquité et le haut Moyen Âge, Sens fut une cité importante, sa fonction archiépiscopale le rappelant encore, mais Auxerre a vu progressivement son rôle s’accroître et est devenue une ville active au Moyen Âge. L’essor urbain précoce a été par la suite interrompu à cause de la proximité de Paris, si bien que la région demeure essentiellement rurale malgré une poussée vigoureuse des villes depuis vingt ans.

Le département se présente comme un ensemble de plateaux inclinés depuis le massif ancien du Morvan jusqu’au voisinage de la confluence de la Seine et de l’Yonne au nord-ouest. Le relief est ordonné en bandes grossièrement orientées du sud-ouest au nord-est et séparées par des talus de côtes dont l’abrupt est tourné vers le sud-est : la retombée septentrionale du Morvan plonge sous la dépression de la Terre-Plaine, très verte, bocagère et que dominent les entablements du Jurassique moyen. Ceux-ci offrent les sites de Vézelay et d’Avallon, et arment de grands plateaux calcaires aux sols souvent médiocres, aux petits villages entourés de forêts tristes ; des collines plus basses, plus tourmentées signalent les calcaires marneux, qui ont porté de tout temps le plus riche vignoble, de Tonnerre à Chablis et aux portes d’Auxerre. Les calcaires du Jurassique supérieur dessinent au-dessus un rebord festonné et souvent irrégulier. Les argiles tendres du Crétacé inférieur ont favorisé l’affouillement de la zone de confluence de l’Yonne et de l’Armançon, de Saint-Florentin à Joigny, mais la présence de faciès sableux, gréseux et argileux sur la craie explique la présence de la forêt d’Othe et, plus à l’ouest, l’aspect bocager de la Puisaye. La craie confère à la région de Sens son air de Champagne sèche, mais, vers l’ouest, les sables ont donné en Gâtinais un paysage plus humide, plus ouvert.

Le climat est marqué par les vents d’ouest, qui déterminent l’humidité générale du département, mais il existe des tendances continentales ou méridionales que la nature des sols et l’exposition rendent plus sensibles : dans un département où les très bons sols sont rares (à l’exception de la Terre-Plaine et des alluvions des vallées, celle de l’Yonne en particulier), les secteurs abrités par les côtes, qui se prêtent aux cultures délicates, à la vigne surtout, font figure de bons pays.