Windsor (dynastie de) (suite)
C’est pourquoi le Premier ministre, Stanley Baldwin (1867-1947), bientôt appuyé par les porte-parole de l’Establishment, notamment par l’archevêque de Canterbury, Cosmo Gordon Lang (1864-1945), met en demeure le roi de choisir entre le mariage et l’abdication. Comprenant qu’il ne peut échapper à ce dilemme, contrairement à ce qu’il avait espéré à l’origine, Édouard VIII choisit d’épouser Mrs. Simpson. Le soir même de l’abdication, il explique à ses sujets dans une dernière déclaration à la radio qu’il lui est impossible d’accomplir sa mission royale « sans l’aide et le soutien de la femme que j’aime » (11 déc. 1936). Il quitte alors l’Angleterre et, portant désormais le titre de duc de Windsor (Mrs. Simpson, qu’il épouse en juin 1937, devient la duchesse de Windsor), il va s’installer en France, où il passe le reste de son existence, sauf durant la période 1940-1945, où il est gouverneur des îles Bahamas. Il meurt à Paris en 1972.
George VI
Par bien des côtés, on peut tracer un parallèle entre la destinée de George VI et celle de George V : tous deux ont été appelés au trône alors qu’au départ leur position de cadet semblait les en exclure ; tous deux ont reçu une éducation de marin et ont commencé leur carrière sur mer ; tous deux ont eu, à peine couronnés, à affronter de grandes crises et à conduire leur pays dans une guerre mondiale ; tous deux enfin avaient le même tempérament, partageaient les mêmes goûts et étaient pareillement attachés à la vie de famille.
Le prince Albert Frederick Arthur George, second fils de George V, est né le 14 décembre 1895 à Sandringham. Après une enfance heureuse, il est envoyé à l’école navale de Dartmouth, devient officier de marine, assiste en 1916 à la bataille du Jutland, puis sert dans l’aéronavale. Nommé duc d’York en 1920, il épouse le 26 avril 1923 Lady Elizabeth Bowes-Lyon, fille du 14e comte de Strathmore : celle-ci jouera un rôle très important à ses côtés, notamment en contribuant à lui donner confiance en soi.
En effet, George VI, très conscient de ses limites, est d’un naturel anxieux ; à force de volonté, il parvient à surmonter le bégaiement dont il est affecté, mais la tension que lui imposent les devoirs de sa charge contribuera à miner sa santé et explique pour une part sa mort prématurée. Accédant au trône en décembre 1936 dans des circonstances dramatiques et inattendues, il remplit ses fonctions avec autant de diligence que de minutie, sans pour autant renoncer à sa simplicité de manières. En 1937, il effectue avec la reine une visite en France pour renforcer l’« Entente cordiale » ; en 1939, il se rend aux États-Unis en vue de gagner les sympathies américaines. De 1939 à 1945, le roi multiplie les inspections d’unités combattantes et d’usines de munitions ; à de nombreuses reprises, il visite les quartiers détruits par les bombardements à Londres et dans d’autres villes. Dans son rôle politique, il fait preuve d’une grande discrétion. En 1947, il est le premier Windsor à cesser de porter le titre d’empereur des Indes. Vers 1950, sa santé commence à décliner et il meurt subitement à Sandringham le 6 février 1952.
Élisabeth II
Fille aînée de George VI, la princesse Elizabeth Alexandra Mary, née à Londres le 21 avril 1926, est devenue l’héritière de la couronne en 1936. Son éducation a été entièrement privée, mais en 1945 elle a servi quelque temps dans l’armée auxiliaire.
Très tôt, avec sa sœur Margaret, elle capte la sympathie populaire (les mass media rapportent avec attendrissement les faits et gestes de celles qu’on appelle alors « les petites princesses »). Le 20 novembre 1947, elle épouse Philip Mountbatten (le prince Philippe de Grèce), un officier de marine à l’esprit ouvert et au tempérament dynamique, qui est créé duc d’Édimbourg. Du mariage sont nés quatre enfants : Charles (1948), prince de Galles depuis juillet 1969 ; Anne (1950), mariée en 1973 à un roturier, le capitaine Mark Philips ; Andrex (1960) et Edward (1964).
Devenue reine le 6 février 1952, couronnée le 2 juin 1953, Élisabeth II, tout en se distinguant des deux grandes figures féminines qui l’ont précédée sur le trône — Élisabeth Ire* et Victoria* — et en se cantonnant dans le rôle purement représentatif, a su par sa jeunesse, sa dignité et la conscience de ses fonctions non seulement maintenir, mais accroître le prestige de la royauté et l’attachement à la famille royale en Angleterre et dans tout le Commonwealth.
F. B.
➙ Grande-Bretagne / Hanovre (dynastie de).
J. F. Gore, King George V : a Personal Memoir (Londres, 1941 ; nouv. éd., 1949). / Duc de Windsor, A King’s Story (Londres, 1951 ; trad. fr. Histoire d’un roi, les mémoires du duc de Windsor, Amiot-Dumont, 1952) ; The Crown and the People, 1902-1953 (Londres, 1953). / H. G. Nicolson, King George the Fith, his Life and Reign (Londres, 1952). / J. W. Bennett, King George VI, his Life and Reign (Londres, 1958). / J. P. Hennessy, Queen Mary (Londres, 1959). / R. T. B. Fulford, Hanover to Windsor (Londres, 1960). / F. Hardie, The Political Influence of the British Monarchy, 1868-1952 (Londres, 1970). / D. Judd, The House of Windsor (Londres, 1973) ; The Life and Times of George V (Londres, 1973). / K. Middlemas, The Life and Times of George VI (Londres, 1974). / F. Donaldson, Edward VIII (Londres, 1974). / E. Longford, The Royal House of Windsor (Londres, 1974).