Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
U

usufruit (suite)

Les obligations de l’usufruitier

• Lors de l’entrée en jouissance, l’usufruitier est obligé de prendre la chose dans l’état où elle se trouve. Et, afin qu’on sache sur quoi porte l’usufruit, il est aussi tenu de faire un inventaire des meubles et de dresser un état estimatif des immeubles. Il doit fournir des garanties de bonne gestion et de restitution : ces garanties prendront la forme soit de l’engagement d’une caution (tierce personne garantissant au nu-propriétaire que l’usufruitier se comportera sainement), soit d’une sûreté* réelle (gage, hypothèque, etc.).

• En cours d’usufruit, l’usufruitier doit veiller à ne rien faire qui diminue la substance de la chose : pourtant, si l’usufruit porte sur des choses destinées par nature à être consommées, il pourra les consommer, mais à charge d’en rendre qui soient équivalentes : dans ce cas, on parle de « quasi-usufruit ». L’usufruitier doit encore jouir de la chose en « bon père de famille », c’est-à-dire comme en jouirait un honnête homme moyennement soigneux. Il doit enfin supporter les « charges usufructuaires », qui sont les divers impôts ayant le caractère d’impôts sur le revenu, liés à l’usage ou à la jouissance de la chose, ou encore les réparations d’entretien, mais non les grosses réparations, qui sont à la charge du nu-propriétaire.

• À la fin de l’usufruit, l’usufruitier doit restituer la chose dans l’état où elle se trouvait au commencement de l’usufruit (sauf usure normale). Il faudra généralement procéder à un règlement de compte entre nu-propriétaire et usufruitier pour la liquidation des fruits « civils » ; éventuellement, l’usufruitier aura droit au remboursement des grosses réparations qu’il aurait lui-même effectuées, mais il ne pourra rien obtenir pour les améliorations qu’il aurait apportées à la chose.

A. V.

Utamaro Kitagawa

Illustrateur, dessinateur d’estampes et peintre japonais (Kawagoe 1753 - Tōkyō 1806).


Ses origines restent obscures. Sa jeunesse semble se passer à Edo (Tōkyō*), où il fréquente l’atelier de l’influent Toriyama Sekien, peintre de l’école Kanō ; il y acquiert aussi le style de l’ukiyo-e*. Ses débuts sont difficiles. Entre 1775 et 1780, sous le nom de Toyoshō ou de Toyoaki, il illustre des livres populaires et des couvertures de livrets du théâtre kabuki. Il dessine aussi des estampes d’acteurs dans le style de Shunshō. Vers 1780-81, il est considéré comme protégé de Tsutaya Jūzaburō, un des plus grands éditeurs d’estampes. À la même époque, il adopte le nom d’Utamaro Kitagawa.

Dans ses premières œuvres, il se montre très influencé par des artistes en grande vogue, comme Kitao Shigemasa et surtout Torri Kiyonaga. En 1788, pour Tsutaya Jūzaburō, il illustre en couleurs un ouvrage intitulé le Choix des insectes illustrés, avec une postface de Sekien qui décrit le goût de son disciple pour ce monde de chenilles et de vers luisants. Cette œuvre, célèbre pour la beauté du tirage, la distinction et le raffinement des tons, indique un don d’observation très aigu. Utamaro publie d’autres ouvrages — les Dons de la marée basse (1789), sur les coquillages, Choix de poèmes satiriques (kyōka), sur les oiseaux chanteurs — qui dénotent le même réalisme. Dans le Poème de l’oreiller, il traite avec nuance de sujets érotiques.

À partir de 1790, dégagé de toute influence et en pleine possession de son talent, il se consacre particulièrement à la représentation de jolies femmes (bijin-ga), un des genres de l’ukiyo-e. Il exécute alors ses plus belles séries, insistant sur le visage de ses modèles, présentés en gros plan ou en bustes, avec des coiffures élaborées. Il supprime le cadre, qu’il remplace par un fond de mica ou de poussière d’or qui fait ressortir la fermeté de la ligne. Psychologue, il traduit admirablement dans les Dix Études de physiognomonie féminine et les Dix Types de visages féminins l’expression des visages triomphants des amoureuses, des visages lassés des courtisanes. Nul mieux que lui n’a su observer les femmes de toutes conditions dans la diversité de leurs expressions et de leurs activités. En témoignent quelques-unes de ses plus célèbres séries : le Miroir choisi des occupations féminines, les Douze Heures des maisons vertes, le Cadran solaire des jeunes filles. Utamaro crée un type féminin à la silhouette élancée, d’où émane une sensualité voluptueuse, même lorsqu’il s’agit de simples jeunes femmes.

À l’équilibre des compositions s’ajoute une incomparable perfection technique qui se manifeste par la luminosité des couleurs. Dans Yamauba et Kintarō et les Pêcheuses d’Awabi, Utamaro joue sur le contraste des corps blancs avec les sombres chevelures défaites. À la fin de sa carrière, il tombe dans un certain maniérisme : quelques-unes de ses femmes ont des gestes contournés, et le dessin trop souple dégénère en arabesques.

Le succès d’Utamaro est immense, et son œuvre considérable. Outre pour Tsutaya Jūzaburō († 1797), Utamaro travaille pour de nombreux imprimeurs. Il fonde son école, fréquentée par de nombreux élèves, dont un « Utamaro II ». Mais il ne peut éviter, à la fin de sa vie, les foudres de la censure et, en 1804, il est condamné à trois jours de prison et à cinquante jours de carcan pour avoir, dans un triptyque, fait allusion aux amusements de Hideyoshi Toyotomi, dictateur et héros national de la fin du xvie s. Il est l’un des premiers artistes de l’ukiyo-e auquel l’Occident s’intéressera.

C. V.

 E. de Goncourt, Outamaro, le peintre des maisons vertes (Charpentier, 1891). / J. Hillier, Utamaro (Londres, 1961). / Muneshige Narazaki et Sadao Kikuchi, Utamaro (trad. du japonais, Tōkyō, 1968).

utérus

Organe creux à parois musculeuses, destiné chez les Mammifères à recevoir l’œuf fécondé, à lui permettre de se développer et à l’expulser au terme de la gestation. (Syn. matrice.)