sucre (suite)
La sucrerie et l’environnement
La pollution industrielle est maintenant très contrôlée, et les sucreries ont dû s’adapter à des conditions nouvelles.
• La consommation d’eau. Le pompage dans les nappes phréatiques est réglementé, et les usines ont très fortement réduit leur consommation par des recyclages et par l’emploi des eaux condensées de l’évaporation.
• Le rejet d’eaux résiduaires. Les eaux résiduaires ne contiennent aucun toxique. Leur effet nocif provient des matières fermentescibles : sucres et petites quantités de composes azotés. Les fermentations qui se produisent dans ces eaux ou dans un cours d’eau après rejet ont pour effet d’absorber l’oxygène dissous et de causer la mort par asphyxie des poissons et autres animaux aquatiques. Le problème se pose surtout pour les sucreries métropolitaines (betteraves).
Les eaux résiduaires sont :
a) les eaux boueuses provenant du lavage des betteraves, qui entraînent la terre et qu’on décante de manière à ne rejeter que 20 p. 100 de boues épaissies ;
b) les eaux provenant du pressage des pulpes, très nocives, car très chargées en éléments solubles, et qui sont totalement recyclées dans l’appareil de diffusion ;
c) l’eau sortant avec les tourteaux de filtres, dont la quantité a pu être réduite à 50-60 p. 100 du poids des tourteaux secs, soit 50 litres par tonne de betteraves ;
d) l’eau de refroidissement des condenseurs, maintenant entièrement recyclée à travers un système de réfrigérants ;
e) les eaux de lavage et de régénération des appareils échangeurs d’ions, très chargées, très difficiles à épurer et qui sont la cause du développement réduit de ces procédés de traitement modernes (même difficulté avec les eaux provenant de la sucraterie).
Les tourteaux de filtres sont pompés dans un bassin où l’eau s’évapore peu à peu, laissant le résidu sec. Les boues décantées et mélangées aux autres effluents en moindre quantité sont également envoyées dans des bassins de surface importante — une dizaine d’hectares —, parfois situés à plusieurs kilomètres de l’usine. La terre se dépose, et l’eau surnageante est le siège de fermentations qui éliminent peu à peu les matières nocives. Le fond des bassins a été rendu imperméable pour éviter toute contamination des eaux souterraines par les infiltrations. On peut reprendre ces eaux après un traitement complémentaire éventuel (passage sur lits bactériens) et les utiliser de nouveau pour la manutention hydraulique des betteraves dans la cour. Ou bien ces eaux restent stockées dans les bassins et vont s’évaporer pendant les mois chauds de l’été. Ou encore, l’épuration par fermentation étant à peu près complète, on peut enfin les rejeter dans une rivière. Mais la terre, qui représente un apport de quelque 500 kg par tonne de betteraves traitées, comble peu à peu les bassins, qui doivent périodiquement être recreusés.
Un autre facteur de nuisance provient des fermentations elles-mêmes dans les bassins d’épuration. L’odeur dégagée est assez désagréable ; heureusement, ces terrains sont le plus possible situés à l’écart des agglomérations.
M. R.
➙ Aliment / Betterave / Glucides / Tropicales (cultures).
E. Hugot, la Sucrerie de cannes (Dunod, 1949 ; 2e éd., 1970). / F. Charny, le Sucre (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1950 ; 2e éd., 1965). / J. Dubourg, Sucrerie de betteraves (Baillière, 1952). / V. E. Baikow, Manufacture and Refining of Raw Cane Sugar (New York, 1967). / H. Cayre, Vingt Ans d’économie betterave-sucre en Europe (Éd. Cujas, 1967). / R. Fauconnier et D. Bassereau, la Canne à sucre (Maisonneuve et Larose, 1970).