Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sicile (suite)

En dehors de Palerme*, cet art est représenté d’abord par de grandes églises de fondation royale, où s’affirme le plan basilical inspiré de l’Occident. La nef, très large, est comme ses bas-côtés couverte d’une charpente apparente. Dans l’alignement de ces trois vaisseaux s’élèvent autant d’absides, hautes comme des tours. Enfin, la croisée du transept présente, au lieu de coupole, un fort exhaussement rectangulaire de la toiture. Les principaux exemples de cette formule sont la cathédrale de Messine, reconstituée après le tremblement de terre de 1908 ; celle de Cefalù, commencée en 1131 par Roger II et dont l’abside principale offre un bel ensemble de mosaïque ; et surtout celle de Monreale, fondée en 1174 par Guillaume II, avec ses mosaïques* occupant une superficie inégalée, ses portes de bronze dues aux sculpteurs Bonanno Pisano et Barisano da Trani, ses absides dont l’extérieur est d’inspiration arabe, son cloître au décor précieux.

L’influence musulmane et celle de Byzance l’emportent dans les églises plus petites, de plan souvent centré ; ainsi Santa Trinità de Delia, dont la coupole apparente surmonte une structure cubique, ou l’Annunziata dei Catalani de Messine, remarquable par la décoration de ses murailles.


L’âge gothique et la Renaissance

La tradition arabe se perpétue dans les châteaux forts élevés au xiiie s. par Frédéric II (Catane, Enna, castello Maniace de Syracuse), au xive et au xve s. par la société féodale (Caccamo, Falconara). Une forte influence de l’Aragon et de la Catalogne marque les palais gothiques de Syracuse et de Taormina. À Messine, les trois portails de la cathédrale (xve s.) sont de caractère plus italien avec leur décor polychrome de marbres finement sculptés.

Dans la seconde moitié du xve s., la peinture et la sculpture accueillent les innovations de l’Italie continentale. Le génie d’Antonello* da Messina résume l’école sicilienne de peinture, mais en déborde le cadre un peu étroit. Architecte et surtout sculpteur, Antonello Gagini (1478-1536) est le représentant le plus fécond d’une dynastie d’origine lombarde dont l’activité s’est exercée à Palerme et en Sicile occidentale ; la riche décoration de la chapelle de la Vierge, à l’Annunziata de Trapani, donne une idée de sa manière gracieuse et facile.

Dans la seconde moitié du xvie s., le foyer principal est Messine, où triomphe le maniérisme apporté par des artistes toscans : Giovanni Angelo Montorsoli (1507-1563), auteur des somptueuses fontaines d’Orion et de Neptune ; Andrea Calamecca (1514-1578), qui établit un plan régulateur de la ville et y dresse des statues dont subsiste celle de don Juan d’Autriche.


La Sicile baroque

Les premières années du xviie s. sont marquées par le séjour du Caravage* ; la force de son réalisme dramatique est démontrée par l’Ensevelissement de sainte Lucie, à Santa Lucia de Syracuse, par l’Adoration des bergers et la Résurrection de Lazare, au musée de Messine. Venu des Pays-Bas, Matthias Stomer (v. 1600 - apr. 1650) concilie le clair-obscur du Caravage avec le coloris des maîtres du Nord (Adoration des bergers, au palais municipal de Monreale).

L’épanouissement de l’architecture et de la sculpture baroques n’est guère antérieur au début du xviiie s. ; deux régions de Sicile en sont le théâtre. Autour de Palerme, avec les stucs de Serpotta* et la Gloire de saint Benoît, puissante composition sculptée par Ignazio Marabitti (1719-1797) dans une chapelle de la cathédrale de Monreale, on remarque surtout les fastueuses villas de Bagheria, dont les deux plus célèbres, par Tommaso Maria Napoli († 1723), sont la villa Valguarnera (1721) et la villa Palagonia (1715). Cependant, l’essor de l’art baroque a marqué davantage la Sicile orientale, où le tremblement de terre de 1693 est l’occasion de reconstruire plusieurs villes selon des plans réguliers, dans une architecture d’effet scénique. C’est ainsi que Giovanni Battista Vaccarini (1702-1768) dirige la reconstruction de Catane, dessinant lui-même, dans un style mouvementé, la façade de la cathédrale, l’église circulaire de Sant’Agata, la fontaine de l’Éléphant, plusieurs palais. À Noto, l’ensemble théâtral des rues et des escaliers tire habilement parti de la déclivité du sol ; les principaux bâtiments sont de Vincenzo Sinatra et de Rosario Gagliardi. On retrouve, non loin de là, le premier de ces architectes à l’église San Giorgio de Modica, le second à San Giorgio de Raguse (1738), offrant l’une et l’autre une haute façade bombée. À Syracuse, la cathédrale reçoit en 1728 sa façade au puissant relief, du dessin d’Andrea Palma. La façade de San Sebastiano, à Acireale, déploie un faste évoquant le style churrigueresque de l’Espagne.

B. de M.

 L. Paretti, La Sicilia antica (Gênes, 1959 ; trad. fr. la Sicile antique, Hachette, 1963). / L. Bernabo Brea, Musées et monuments de Sicile (Novare, 1961). / P. Lévêque, la Sicile (P. U. F., 1967).

sidérurgie

Ensemble des procédés métallurgiques d’élaboration et de transformation des produits ferreux, fontes et aciers.


Les procédés d’obtention du fer et de l’acier à partir du minerai étant encore limités industriellement, la sidérurgie classique comporte trois groupes d’opérations essentielles :
— la réduction du minerai de fer par le carbone dans le haut fourneau, aboutissant à la coulée de fonte, alliage de fer contenant de 2,5 à 4 p. 100 de carbone ;
— la conversion de la fonte en acier, alliage de fer à moins de 1 p. 100 de carbone, par les procédés d’aciérie d’oxydation du carbone de la fonte ;
— la transformation de l’acier, obtenu sous forme de lingots ou de semi-produits par coulée continue, en produits sidérurgiques utilisables directement ou constituant les éléments de nombreuses industries (mécanique, construction métallique, bâtiment, automobile, électroménager, etc.), cette transformation se réalisant par déformations mécaniques à chaud ou à froid telles que le laminage, le forgeage, l’étirage, complétés par des traitements thermiques éventuels.

La sidérurgie « lourde » est celle qui traite les plus gros tonnages de fontes et d’aciers courants, peu alliés. Par opposition, la sidérurgie « fine » élabore et transforme les aciers alliés et spéciaux par des procédés plus spécifiques, de plus haute technicité et, de ce fait, plus coûteux.