Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sammartini

Patronyme italianisé des deux fils nés à Milan du hautboïste français Alexis Saint-Martin.


L’aîné, Giuseppe (Milan v. 1693 - Londres v. 1751), est formé à l’orchestre ducal de Milan avant de s’installer à Londres comme hautboïste de l’orchestre royal et directeur de la musique de chambre du prince de Galles. Par son activité d’interprète et de compositeur, il se situe au premier rang des créateurs qui, avec Händel et Geminiani, déterminèrent la vie musicale de la capitale britannique dans la première moitié du xviiie s. Ses concertos et sonates montrent l’influence des musiciens du nord de l’Italie, mais aussi un lyrisme comparable à celui des mouvements lents de Händel et souvent des recherches harmoniques qui font apparaître un tempérament tourné vers l’avenir.

Son frère, Giovanni Battista (Milan v. 1700 - id. 1775), fait carrière dans la musique d’église. À moins de trente ans, il est maître de chapelle de Sant’ Ambrogio, mais, entre 1760 et 1770, il a la responsabilité d’au moins sept des principales églises de Milan. Il sera le maître de Giorgo Giulini (à partir de 1730) et de Gluck (de 1737 à 1741) ; il devait également rencontrer, aider et apprécier Johann Christian Bach, L. Boccherini et le jeune Mozart. Ses œuvres vocales et instrumentales se sont répandues à travers l’Europe dès le milieu du siècle : des exécutions de ses œuvres ont été données jusqu’à Prague ou en Hongrie par exemple ; le jeune Haydn semble l’avoir connu et avoir été influencé par ses œuvres, surtout par ses symphonies.

On doit à G. B. Sammartini au moins 78 symphonies, 17 concertos, une trentaine de quatuors et quintettes, plus de 200 sonates avec ou sans basse continue, 15 sonates pour clavier, 3 opéras et un assez grand nombre de compositions pour l’église. Dans son œuvre, on voit s’esquisser la synthèse — qui sera magistralement réalisée par Johann Christian Bach — entre les éléments du style galant, concertant dans l’esprit de l’opéra, et la polyphonie contrapuntique et expressive, avec parfois de curieuses recherches harmoniques. C’est G. B. Sammartini qui est l’auteur des premières symphonies datables, mais il est surtout le créateur de l’école symphonique milanaise (avec Giorgio Giulini, Galimberti, Brioschi, Giovanni Battista Lampugnani et Melchiorre Chiesa), dont on commence seulement à mesurer l’influence décisive dans l’élaboration de la symphonie* classique ; dès ses premières partitions datées, il utilise la forme sonate, écrit des mouvements lents spécifiquement lyriques et développe ses thèmes à la manière des grands classiques.

C. de N.

Samoa

Archipel de Polynésie.


Les Samoa, découvertes en 1722 par le Néerlandais Jacob Roggeveen (1659-1729), furent visitées en 1768 par Bougainville, qui leur donna le nom d’« îles des Navigateurs » et en 1787 par La Pérouse*. Dans la première moitié du xxe s., elles furent l’objet de rivalités entre la Grande-Bretagne, les États-Unis et l’Allemagne. L’archipel fut partagé en 1899 entre les Américains, qui occupèrent Tutuila, et les Allemands, qui prirent le contrôle des deux grandes îles occidentales, Savaii et Upolu. Les Néo-Zélandais remplacèrent les Allemands en 1914 ; ils administrèrent les Samoa occidentales sous mandat de la S. D. N. (1920), puis sous tutelle de l’O. N. U. En 1962, les Samoa occidentales sont devenues indépendantes, mais sont restées dans le Commonwealth britannique, tandis que les Samoa orientales sont toujours administrées par les États-Unis.


Les Samoa occidentales

Les îles de Savaii (1 715 km2) et d’Upolu (1 122 km2) [2 842 km2 pour l’État, y compris certains îlots isolés, Manono et Apolina] sont montagneuses (plus de 1 800 m à Savaii ; 1 100 m à Upolu) : leur relief résulte de grands épanchements de basalte, plus anciens à Upolu qu’à Savaii, où les dernières coulées datent du début du siècle. Ces deux îles sont entourées de récifs coralliens qui protègent une plaine littorale où se concentre la plus grande partie de la population. Par suite de sa latitude (13-14° S.), l’archipel jouit d’un climat chaud (26 °C) et pluvieux (2 852 mm à Apia). L’intérieur des deux îles est en grande partie couvert par la forêt dense. Les plaines et les collines littorales sont bien mises en valeur ; les cultures vivrières (taro, igname, arbre à pain, bananier, cocotier) permettent à la population de manger à sa faim, et, grâce à leurs plantations, les Samoans peuvent également exporter environ 15 000 t de coprah, 5 000 t de cacao, des bananes. En valeur, le cacao arrive nettement en tête. Les terres appartiennent généralement aux communautés paysannes, mais les Allemands avaient créé dans la région d’Apia de vastes plantations, qui sont gérées aujourd’hui par l’État.

Les Samoans vivent dans des villages de quelques centaines d’habitants, particulièrement denses sur la côte nord d’Upolu. Cette île est, d’ailleurs, beaucoup plus peuplée que sa voisine Savaii (106 000 hab. contre 41 000 en 1971) et possède la capitale, Apia, dont le développement est très rapide (26 000 habitants). Les Samoans, qui sont des Polynésiens, habitent pour la plupart dans de très belles maisons (fale) entièrement végétales, construites sur un socle de pierre. Ils sont tous chrétiens, surtout protestants, avec une forte minorité de catholiques (20 p. 100).

Le dynamisme démographique est remarquable : la population est passée de 34 000 habitants en 1921 à 147 000 en 1971... Pour les jeunes, il reste encore heureusement des terres disponibles. Les Européens sont peu nombreux, mais il y a un groupe important de métis (Samoans-Allemands principalement), qui vivent pour la plupart à Apia. Les Asiatiques sont très peu nombreux.

Les activités industrielles sont très limitées : quatre scieries, une fabrique de savon, une biscuiterie... Les importations dépassent largement les exportations ; en 1967, le Western Samoa dollar (tala) a remplacé la livre samoane. L’essentiel du commerce se fait par le port d’Apia. Un réseau routier de quelques centaines de kilomètres dessert certaines parties des zones littorales.

Les communications avec l’extérieur sont assurées par des services maritimes (un bateau tous les quinze jours pour les Fidji et la Nouvelle-Zélande) et surtout par avion : un service hebdomadaire pour Nandi (Fidji) et Niue, deux services pour Tonga et un service quotidien pour Tutuila, la principale île des Samoa orientales.