Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

artisanat (suite)

Les perspectives de l’artisanat

L’idée répandue de considérer l’artisanat comme un reliquat du passé vient de son histoire prestigieuse, et notamment du caractère original et remarquable de son organisation et de son insertion dans la société depuis le Moyen Âge jusqu’à la révolution industrielle sous la forme des corporations*, auxquelles on a fréquemment attribué un rôle de frein à l’industrialisation, également de l’absorption et de la transformation de métiers artisanaux par la grande industrie, de la disparition spectaculaire, due au progrès technique, de nombreux métiers (maréchaux-ferrants, sabotiers, bourreliers-selliers, charrons), et de l’impossibilité pour l’entreprise artisanale, par définition, de donner lieu à cette différenciation des fonctions dont on a fait souvent l’un des critères de la rationalité et de la modernité.

En réalité, l’évolution économique contemporaine lui ouvre des perspectives nouvelles. En effet, le progrès technique, qui rend désuets certains métiers, en suscite sans cesse de nouveaux, s’exerçant dans un cadre artisanal (photographie, prothèse dentaire, petits métiers de l’électricité et de l’électronique). L’amélioration du niveau de vie et la transformation du genre de vie depuis le début du siècle donnent une impulsion nouvelle à un artisanat traditionnel : métiers de l’alimentation, des soins corporels, artistiques. Mais, surtout, la grande industrie se révèle avoir de plus en plus recours à des petites entreprises, avec lesquelles elle sous-traite.

Trois voies sont ouvertes à l’artisanat. D’abord, le développement de l’automobile, de la télévision, de l’équipement électroménager et du confort domestique ont suscité d’énormes besoins d’entretien et de réparations ; en quelque sorte, l’« artisanat de service » en vient à assurer, dans le sillage de la grande industrie, le service après-vente. Ensuite, l’élévation générale du niveau de vie et des revenus, le phénomène d’urbanisation inclinent les individus à souhaiter des services ou des produits de plus en plus personnalisés, ce qui donne une chance à un artisanat d’art et de création, fixant lui-même une main-d’œuvre jeune. Enfin, à la rigidité de la grande industrie, l’artisanat oppose sa capacité d’adaptation à des besoins déterminés et sa souplesse de fabrication face à un besoin industriel précis. C’est l’artisanat de production et de transformation, lié parfois à la grande industrie par des contrats de sous-traitance et lui fournissant des biens intermédiaires ou des modèles hautement spécialisés. Mais, pour profiter de ces possibilités, les artisans doivent se former et s’informer sur les dernières techniques, et s’initier à la gestion et à la vente.

Il faut noter enfin les aides publiques à l’artisanat : les artisans souhaitant s’installer dans une région rurale ou en zones urbaines nouvelles ou rénovées pourront bénéficier de primes d’installation. (Décret du 29 août 1975.)


La défense professionnelle et les organisations

Les menaces pesant en permanence non pas sur l’artisanat en général mais sur chaque type d’artisanat en particulier expliquent la sensibilité périodique de ce secteur aux actions directes ou extrémistes. Les débuts de l’organisation artisanale remontent en France au lendemain de la Première Guerre mondiale. Le même effort patient qui a conduit à la création de chambres de métiers (1925) et à la constitution de syndicats (il existe aujourd’hui quatre confédérations, la Confédération nationale de l’artisanat et des métiers, la Confédération générale de l’artisanat français, la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, enfin la Confédération nationale des artisans ruraux, auxquelles il convient d’ajouter le Centre des jeunes artisans) a permis une adaptation progressive aux impératifs de la société industrielle (législation, formation, problèmes difficiles du crédit, voire recherche). Les coopératives pour l’achat, la vente, l’utilisation en commun du matériel, etc., sont moins développées en France que dans d’autres pays européens, notamment la Scandinavie.


L’artisanat en dehors des pays occidentaux

Dans les pays en voie de développement, où l’artisanat assure l’essentiel de la production et occupe une importante main-d’œuvre, on assiste à des processus comparables à ceux qui accompagnèrent l’industrialisation occidentale. D’importants secteurs artisanaux qui furent prospères et parfois exportateurs (cotonnades de l’Inde et soie de Chine) ont périclité, concurrencés par la production industrielle étrangère, les grandes entreprises nationales ou le progrès technique. L’exemple japonais montre cependant que l’industrialisation peut aller de pair avec l’essor de l’artisanat spécialisé.

De nombreux gouvernements organisent l’assistance technique artisanale et incitent à la formation de coopératives pour répondre au défi lancé par la rationalité industrielle. Certains emplois relatifs à l’approvisionnement, au crédit et aux débouchés sont incompatibles avec cette rationalité.

B. M. et G. R.

➙ Professionnelle (organisation).

 J. Robert, l’Artisanat et le secteur des métiers (A. Colin et Bourrelier, 1966).

Artois

Région du nord de la France.



Géographie

Le terme désigne géographiquement un bombement orienté N.-O. - S.-E., de la fosse du Boulonnais, sur les bords de laquelle il culmine à un peu plus de 200 m, à Arras, où il s’abaisse à un peu moins de 100 m (seuil de Bapaume). Vers le sud, les altitudes s’abaissent mais restent voisines de 120-140 m. Par contre, vers le nord, la pente est plus abrupte ; une dépression, dont l’altitude est inférieure à 30 m, longe l’Artois de Calais à Lens, en passant par Saint-Omer. C’est la limite entre le Bassin parisien et le bassin de la mer du Nord qui introduit, de part et d’autre, des modes différents d’occupation du sol. La craie donne un paysage vallonné, où des vallées sèches voisinent avec des vallées aux eaux rapides. Elle est recouverte, à l’est, de plusieurs mètres de limons qui cèdent la place, à l’ouest, à des argiles mêlées de silex (le « bief »), moins propices à l’agriculture.