Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

aridité

Indigence en eau, mesurée au sol et dans l’atmosphère.


Les deux milieux réagissent l’un sur l’autre. L’évaporation du sol et la transpiration des plantes fournissent de la vapeur d’eau à l’air, bien que l’eau atmosphérique provienne normalement d’une source maritime ou lacustre. Au-dessus d’une région continentale humide et forestière, l’air connaît de hauts degrés hygrométriques (Amazonie intérieure). Corrélativement, c’est au-dessus des déserts que l’air est le plus sec. Les liens sont réversibles : une atmosphère humide résultant d’une advection maritime, ou simplement de l’évapotranspiration, alimentera le sol en eau, tandis qu’une masse d’air anticyclonique subsidente imposera l’aridité au substratum.

L’aridité se traduit par l’absence d’écoulement superficiel (aréisme), ou par son indigence. Dans ce dernier cas, il y a impossibilité pour les cours d’eau d’atteindre les mers et océans libres (endoréisme). L’aridité impose un paysage minéral dû à l’inexistence ou à la rareté de la végétation, et des formes de relief spécifiques (pédiments et glacis d’érosion, dépressions fermées, dont les sebkhas couvertes de sel en phase d’intense évaporation, surfaces caillouteuses, grandes formations dunaires). Elle résulte finalement, au contact des deux milieux évoqués plus haut, d’un déficit établi entre des apports hydriques insuffisants, d’origine atmosphérique principalement, et des rejets excessifs, à partir du sol et de sa végétation, par écoulement, et surtout évaporation et transpiration. L’alimentation en eau (pluie — brouillard — rosée) et les processus de rejet étant dominés par l’allure des températures, l’aridité s’établit donc essentiellement en fonction des divers modes de précipitation, de l’évapotranspiration et des températures de l’air et du sol. Lorsqu’on convient qu’un mois est sec s’il tombe moins de 10 mm de pluie quand la température moyenne est inférieure à 10 °C, ou moins de 25 mm quand elle est comprise entre 10 et 20 °C, etc., on implique que, les précipitations augmentant, l’aridité est maintenue du fait d’un accroissement des températures, qui impose celui de l’évaporation.

Divers indices d’aridité (ou indices climatiques) ont été établis dans le but d’exprimer les degrés de l’aridité à la surface du globe, ou d’évaluer la sécheresse sur des domaines plus restreints. Ces indices expriment davantage les réponses à des préoccupations, particulières à chaque auteur, que des essais de formulation exhaustive de l’aridité.


Les facteurs de l’aridité


Les facteurs atmosphériques

Le plus important d’entre eux est fourni par les anticyclones. Ceux-ci imposent une stabilité atmosphérique qui interdit ou minimise la thermoconvection (v. circulation), et immunise contre la pénétration des perturbations pluvieuses. L’inhibition pluviométrique ainsi obtenue est remarquable au-dessus des déserts chauds, de la banquise arctique et de l’est de l’Antarctide. Un second facteur atmosphérique se manifeste dans le parallélisme établi entre courants atmosphériques humides et reliefs montagneux ou côtiers. Une telle disposition interdit tout effet orographique, au point qu’une région maritime pourra être intégralement soustraite aux pluies si ces conditions se maintiennent toute l’année (cas de la partie la plus orientale des Somalies, où les moussons indiennes alternées demeurent parallèles à son front de mer).


Les facteurs géographiques

Le parallélisme des flux et des reliefs relève aussi de ces facteurs. Ceux-ci offrent, en outre, une gamme très étendue de dispositions : éloignement à l’égard des sources d’humidité maritime (effet de continentalité, réalisé dans le désert aralo-caspien) ; présence de barrières montagneuses interposées entre l’océan et les régions arides (d’où piémont sec des Rocheuses dans le Colorado, le Nouveau-Mexique, le Texas, déserts du Turkestan oriental et de Gobi) ; absence de reliefs (maintien de la sécheresse saharienne autour du massif du Hoggar, où l’on relève une certaine humidité) ; présence de hauts sommets qui pénètrent jusqu’au cœur des couches atmosphériques sèches d’altitude (déserts andins) ; écoulement des courants marins froids. Occasionnant l’inhibition pluviométrique à peu près totale, tout en assurant à l’air une forte humidité relative, ces courants marins sont responsables des déserts côtiers des latitudes subtropicales (Californie, Chili-Pérou, Sahara et Kalahari atlantiques, Australie occidentale).


Les facteurs cosmiques

Ils s’expriment par la radiation solaire. Là où celle-ci est maximale du fait d’une basse latitude, qui assure l’intensité des rayons, et d’une suffisante limpidité de l’air, qui en garantit l’arrivée jusqu’au sol, intervient une chaleur massive propice à l’évaporation. Les déserts chauds subtropicaux répondent aux conditions exprimées ci-dessus (Sahara-Arabie, Kalahari, Australie centrale). Or, ils sont justement le siège d’une considérable évaporation potentielle. Au demeurant, celle-ci est activée par la sécheresse de l’air, liée elle-même aux hautes pressions caractéristiques de ces régions.

L’aridité découle en fait, le plus souvent, de la combinaison de ces divers facteurs. La radiation solaire s’associe aux anticyclones* (facteur atmosphérique) pour donner les déserts chauds absolus. Les déserts côtiers subtropicaux résultent à la fois des courants froids et de l’action subsidente des bords orientaux d’anticyclones maritimes. À l’effet de continentalité s’ajoute souvent, en Asie centrale par exemple, celui des barrages montagneux, etc.


La répartition géographique de l’aridité

Avec 48 millions de kilomètres carrés, le domaine aride occupe à peu près 30 p. 100 des terres émergées. On y distingue les régions hyperarides, arides et semi-arides, quel que soit le critère d’aridité retenu. Ainsi, par référence à l’indice deuxième manière de Martonne, l’hyperaridité correspond aux valeurs comprises entre 0 et 5.