Rennes
Chef-lieu de la Région Bretagne et du département d'Ille-et-Vilaine, dans le bassin de Rennes, à la confluence de l'Ille et de la Vilaine, à 344 km à l'O.-S.-O. de Paris.
- Population : 221 898 hab. (recensement de 2018)
- Nom des habitants : Rennais
- Population pour l'agglomération : 307 588 hab. (recensement de 2009)
GÉOGRAPHIE
Longtemps cantonnée aux fonctions de centre administratif, commercial, judiciaire (cour d'appel), intellectuel, religieux (archevêché) et militaire (siège d'une région militaire, École supérieure d'électronique de l'armée de terre), et caractérisée par une croissance lente (moins de 98 000 habitants en 1936), Rennes est devenue après 1950 le centre d'une grande agglomération, renforçant sa fonction tertiaire et affirmant peu à peu ses ambitions industrielles. En ville, trois emplois sur quatre se trouvent dans les services et le commerce. Devenue préfecture de Région, dotée de multiples services administratifs et économiques, la ville a accueilli diverses écoles supérieures (électricité, santé, sciences appliquées), des centres de recherche autour du technopôle de Rennes-Atalante (agronomie, surtout et plus récemment biomédical, technologies de l'information et environnement) et du campus universitaire de Ker Lann, à Bruz, au sud de la ville (mécatronique et biotechnologies), tandis que ses deux universités en font le plus grand centre universitaire de l'Ouest. L'équipement culturel des Champs libres, un édifice dû à Christian de Portzamparc et ouvert en 2006, réunit le musée de Bretagne, l'Espace des sciences et la bibliothèque. La ville accueille un festival musical (« Rencontres Trans Musicales »). Une ligne de métro, inaugurée en 2002, traverse Rennes du N.-O. au S.-E. L'industrialisation de l'agglomération (en particulier la construction automobile, plusieurs établissements électroniques) a permis de doubler les effectifs industriels après 1960 et de consolider le tissu traditionnel (imprimerie et grand quotidien régional, atelier ferroviaire, ancien arsenal, etc.). Tandis que les grands ensembles collectifs construits à la périphérie du centre regroupent désormais la majorité des Rennais, la population se redéverse de plus en plus sur les communes périurbaines dans un rayon de 30 km, entretenant un important flux de migrations alternantes et bouleversant un espace rural auparavant profondément agricole. La ville de Rennes est le centre de la communauté d'agglomération de Rennes Métropole, qui regroupe 37 communes. Cette expansion ne va pas sans aggraver les déséquilibres au sein de l'Ille-et-Vilaine et plus généralement de la Région Bretagne.
L'HISTOIRE DE LA VILLE
D'abord appelée Condate sous les Gaulois, autrement dit « confluent », parce que l'Ille et la Vilaine y mêlent leurs eaux, Rennes porta le nom de cité des Redons, du peuple dont elle était la capitale au temps de la conquête romaine.
Au iiie s., son sénat érige à l'empereur Gordien III une stèle votive dont l'inscription se lit encore sur la porte Mordelaise. Peu après, les Romains ceinturent la ville de remparts où les rangs de brique alternent avec la pierre. Pour cette raison, les Bretons appelleront Rennes la ville rouge.
On ne sait pas exactement quand la ville est évangélisée. Son premier évêque historiquement connu est Arthénius (?-465), mais le patron du diocèse est saint Mélaine (?-530). Vers le milieu du ve et au vie s., les Bretons de l'île de Bretagne, fuyant les envahisseurs saxons et pictes, se réfugient en Armorique. Bientôt, des luttes incessantes les opposent aux Francs. Pensant en finir, l'empereur Louis Ier le Pieux part de Rennes réduire ces remuants Bretons et institue Nominoë duc de Bretagne (837). Fidèle à l'empereur, Nominoë se révolte contre Charles II le Chauve, successeur de l'empereur Louis, et proclame l'indépendance de la Bretagne, qui le reconnaît pour roi (846). Son fils Erispoë, qui lui succède à sa mort (851), reprend Rennes en 854, qui devient et reste bretonne.
Dès le ixe s., les pillards normands submergent la Bretagne, entrent à Rennes, ravagent et pillent l'abbaye de Saint-Mélaine, mais ne peuvent emporter le château. Alain II Barbe-Torte les chasse définitivement et les Bretons lui défèrent le titre de duc de Bretagne (938-952). Une nouvelle ère belliqueuse s'ouvre bientôt entre les comtes de Rennes et les comtes de Nantes dont l'enjeu est la dignité ducale. Les premiers finissent par s'imposer avec Conan Ier le Tort (970-992), Geoffroi Ier (992-1008) et Alain III (1008-1040), qui se font successivement couronner ducs de Bretagne à Rennes. Enfin, en 1084, Alain IV Fergent réunit le comté de Rennes au domaine ducal et la paix s'instaure.
Au xive s., la guerre de Succession agite le duché à la mort du duc Jean III en 1341. Rennes connaît des heures tragiques entre les armées de Charles de Blois-Châtillon, soutenues par le roi de France, et celles de Jean de Montfort, qui s'emparent de la ville dès l'ouverture des hostilités. L'année suivante Rennes se donne à Charles de Blois et subit un siège des Anglais, alliés de Jean de Montfort, qui ne parviennent pas à la faire capituler. En 1356, le duc de Lancastre l'investit de nouveau.
La guerre prend fin le 29 septembre 1364 avec la mort de Charles de Blois à la bataille d'Auray. Le fils de Jean de Montfort est reconnu duc et règne sous le nom de Jean IV (1365-1399). Le duché vit paisiblement pendant la première moitié du xve s. À la fin de ce siècle, Charles VIII l'envahit, assiège Rennes (15 novembre 1491), tragédie qui se termine en idylle par le mariage de la duchesse Anne et du roi (6 décembre).
En 1532, l'union avec la France est consommée, et le dauphin François reçoit solennellement la couronne ducale à Rennes le 14 août. Le 28 mars 1548, Henri II accorde un conseil municipal à la ville, qui obtient, en 1592, le droit d'avoir une « maison de ville » et un maire, lequel ne sera électif qu'en 1604, et même pour peu de temps. Il faudra attendre les lettres patentes données par Louis XVI le 15 juillet 1780, reconnaissant aux Rennais la liberté de se choisir une assemblée municipale présidée par un maire élu pour quatre ans. En 1554, Henri II crée le parlement de Bretagne, qui siège alternativement à Rennes et à Nantes, puis est transféré à Rennes définitivement par un édit de 1561.
Au début de la Ligue, le duc de Mercœur occupe la ville le 13 mars 1589, mais doit l'abandonner peu après. En 1598, à son retour de Nantes, où il a signé le 13 avril l'édit de pacification, Henri IV fait son entrée solennelle. La lune de miel commencée avec le roi Henri s'assombrit en 1675. De nouveaux impôts provoquent une révolte au cours de laquelle, le 17 juillet, on incendie le bureau du papier timbré. Le duc de Chaulnes, gouverneur de la Bretagne, châtie durement la province et exile à Vannes le parlement, qu'il accuse du soulèvement. La punition dure jusqu'en octobre 1689. Mais le parlement reste l'indomptable défenseur des libertés reconnues à la Bretagne, et, quand le comte de Bissy veut faire enregistrer de force, le 10 mai 1788, des édits qui y portent atteinte, des manifestations se déploient dans toute la ville. La réunion des états, au début de 1789, relance l'agitation ; le 27 janvier, c'est l'émeute, à laquelle prennent part les étudiants en droit, menés par Moreau, leur prévôt, le futur général. Comme le remarquera Chateaubriand, « les premières gouttes de sang versées par la Révolution coulèrent à Rennes ». Cependant, la Terreur s'y fait moins sentir qu'en bien d'autres villes malgré le passage de Jean-Baptiste Carrier. En 1795, des pourparlers de paix ont lieu entre les chouans et Hoche au manoir de La Mabilais, non loin de Rennes.
Avec le Consulat, la ville retrouve le calme. Le second Empire laissera le souvenir de la visite de Napoléon III et de l'impératrice (20 août 1858).
Lors de la Seconde Guerre mondiale, les bombardements causent de grands dégâts à la ville.
RENNES, VILLE D'ART
De l'antique cité de Condate ne subsistent plus que des céramiques, des fragments lapidaires et des traces de l'enceinte gallo-romaine, quai Duguay-Trouin. La ville médiévale n'a survécu qu'en partie à l'incendie de 1720. La porte Mordelaise, qui servait aux entrées solennelles, et la tour Duchesne rappellent l'enceinte du xve s. La tour de Saint-Mélaine (aujourd'hui Notre-Dame) et les chapiteaux de son cloître (au musée de Bretagne) permettent d'évoquer l'art roman, tandis que le chœur et la nef de cette église, la chapelle Saint-Yves, l'église Saint-Germain malgré sa façade classique montrent le développement du style flamboyant dans la cité. Des maisons à pans de bois, certaines avec des sculptures comme celle dite « de du Guesclin », demeurent dans la vieille ville autour de la cathédrale.
La fortune artistique et monumentale de Rennes est liée à l'installation du parlement de Bretagne dans la ville. Son palais, aujourd'hui palais de justice (gravement endommagé par un incendie en 1994), fut construit à partir de 1618 par Germain Gautier, ou Gaulthier, dont les plans furent revus par Salomon de Brosse. L'édifice s'assoit sur un rez-de-chaussée de granit à décor de bossages. La décoration intérieure se poursuivit pendant toute la seconde moitié du xviie s. avec le concours des peintres Charles Errard le Jeune (vers 1606-1689), Jean-Baptiste Jouvenet (1644-1717), Ferdinand Elle (1648-1717). La Grand-Chambre est particulièrement riche, avec ses boiseries sculptées par Pierre Dionis et son plafond peint par Noël Coypel. En même temps que le palais du parlement s'élevèrent de nombreux hôtels particuliers pour les conseillers, la façade à deux tours de la cathédrale, les bâtiments abbatiaux de Saint-Georges, le nouveau cloître mauriste de Saint-Mélaine et le collège des Jésuites, dont la chapelle, maintenant église de Toussaints, est attribuée aux architectes Martellange (1569-1641), François Derand (1588-1644) et Charles Tourmel et dont l'intérieur s'enrichit d'un retable exécuté par deux artistes de Laval, Martinet et François Houdaut.
Après l'incendie de 1720, de nouveaux plans de la ville furent dressés par l'ingénieur Robelin, auquel succéda Jacques V Gabriel, qui modifia la façade du parlement pour l'adapter à une place royale, avec des édifices à arcades au rez-de-chaussée et un décor d'ordre ionique colossal au-dessus. Une statue de Louis XIV (disparue) par Antoine Coysevox y fut inaugurée en 1726. Vers 1730, Gabriel conçut l'actuelle place de la Mairie, avec la tour de l'horloge, dite « le gros », entre deux ailes incurvées et avec une niche pour la statue en pied de Louis XV par Lemoyne, inaugurée en 1754 (il en subsiste la maquette en terre cuite au musée). De nouveaux hôtels s'élevèrent, comme l'hôtel de Blossac. À la même époque, Rennes développa une production de faïences qui sont devenues aujourd'hui très rares.
La cathédrale, sauf la façade, fut reconstruite après la Révolution et ornée de stucs par Charles Langlois. L'art du xixe s. fut aussi illustré par une audacieuse ossature métallique conçue par Labrouste pour l'ancien grand séminaire.
LES MUSÉES DE RENNES
Le musée de Bretagne est consacré à l'archéologie, à l'évolution de la société et aux arts populaires bretons (costumes et meubles). – Le musée des Beaux-Arts est riche en peintures : école de Fontainebleau, Nouveau-Né de G. de La Tour, Le Nain, Champaigne, Chardin, école de Pont-Aven, quelques œuvres maîtresses de Véronèse, Jordaens, Rubens, Tiepolo, etc. Deux bas-reliefs de Coyzevox sont également à signaler. Le cabinet des dessins, qui trouve son origine dans la saisie des collections du président de Robien sous la Révolution, est l'un des plus riches de France : Botticelli, Léonard de Vinci, le Pontormo, Puget, Rubens, Rembrandt, Watteau, etc. Une petite section archéologique (égyptienne et gréco-romaine) est également issue du fonds Robien. Collection de céramique (faïences de Rennes).