Montsoreau
Commune du Maine-et-Loire (arrondissement de Saumur), sur la rive gauche de la Loire, à l'est de Saumur.
- Population : 444 hab. (recensement de 2018)
- Nom des habitants : Montsorelliens ou Montesorelliens
Vins blancs. Église Saint-Pierre de Rest (chœur et transept de style gothique angevin 'Plantagenêt'de la fin du xiiie s. ; stalles sculptées provenant de l'abbaye de Fontevraud. La nef a été refaite au xviiie s.).
Port de Loire actif en son temps, la bourgade s'est assoupie. Située à mi-chemin entre Angers et Tours, au cœur du Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine, elle ne s'anime qu'à la belle saison, avec le retour des estivants.
HISTOIRE
À la limite entre Anjou et Touraine, cette petite cité s'est édifiée sur une limite qui n'a pas été modifiée depuis l'époque gauloise (frontière entre le territoire du peuple des Andégaves et celui des Turons).
Dès le vie siècle, une villa, appelée Rest, était installée au creux du vallon qui rompt le coteau dans la partie ouest du bourg. Mais c'est sans doute un des premiers seigneurs, un certain Sorel, qui laissera son nom à la localité dont le château est attesté en 1089 (castrum de mons Sorelli). En 1400, la seigneurie échut à la famille de Chambes qui dotera Montsoreau du château actuel.
Le château
L'imposant édifice de tuffeau qu'on peut admirer aujourd'hui fut achevé vers 1455 pour Jean de Chambes, serviteur du roi Charles VIII. Plusieurs membres de cette sigulière famille devaient par la suite s'illustrer de manières diverses. la fille de Jean de Chambes, Nicole, amante de Charles de Berry, frère de Louis XI, périt empoisonnée à Saint-Jean-d'Angély en 1471. Sa sœur Hélène, plus heureuse, épousa en 1472 le chroniqueur Philippe de Commines. Un siècle plus tard, un autre Jean de Chambes, arrière petit-fils du constructeur du château, fut le 'sinistre exécuteur de la Saint-Barthélemy angevine' ; l'année suivante, en récompense de cette vilaine besogne, la baronnie de Montsoreau fut érigée en comté, mais le comte de Montsoreau n'en profita guère, car il mourut assassiné dès 1575.
En 1576, son frère Charles qui lui succéda, épousa la belle Françoise de Maridor, la Dame de Montsoreau du roman d'Alexandre Dumas.
(Contrairement à la légende accréditée par Dumas, ce ne fut pas dans ce château que, le 19 août 1579, le comte de Montsoreau fit assassiner Bussy d'Amboise, qu'il soupçonnait d'être l'amant de sa femme (rebaptisée Diane de Méridor dans le roman). Le gouverneur de l'Anjou, que son comportement tyrannique avait fait détester de tous, périt en fait assassiné à Brain-sur-Allonnnes, au nord-est de Saumur.)
Quoique Dumas ait pu écrire, Charles de Chambes était de nature plus paisible que son aîné (il n'en expédia pas moins son rival sans autre forme de procès). Enfin, au début du xviie siècle, le comte René de Chambes fut compromis dans une affaire de faux-saunage et de faux-monnayage. Il ne dut son salut qu'à la fuite. Les descendants de la famille vendirent le château, alors passablement délabré, en 1804.
Le château de Montsoreau, qui était à l'origine entouré de douves, est l'un des premiers châteaux d'Anjou où l'on peut noter l'évolution de la forteresse médiévale vers la résidence d'agrément. Surplombant le confluent de la Vienne et de la Loire, la façade nord offre un aspect encore sévère avec son chemin de ronde à mâchicoulis et les deux énormes tours carrées découronnées, légèrement en saillie, qui l'encadrent. La façade sud, en revanche, est plus riante. Elle est flanquée de chaque côté de deux pavillons en retour d'équerre. Celui de l'est est, à l'extérieur, garni de créneaux et de mâchicoulis ; dans les angles rentrants s'élèvent à l'ouest une haute tourelle d'escalier hexagonale (xve siècle), et, en face, la tour de l'escalier d'honneur, ajoutée en 1520, et qui est parée de tous les charmes de la Renaissance : elle est percée d'une porte et de quatre étages de fenêtres en anse de panier encadrées d'élégants motifs et séparées par des sculptures en bas-relief.
Le château de Montsoreau abrite dans ses salles un musée des Goums marocains, avec des souvenirs de leur participation héroïque aux combats de la Seconde Guerre mondiale.