Le Mont-Saint-Michel (50116)
Commune de la Manche, sur un rocher granitique de près de 80 m de haut et de 900 m de tour, près de l'embouchure du Couesnon, dans la baie du Mont-Saint-Michel (entre les pointes du Roc et du Grouin).
- Population : 30 hab. (recensement de 2018)
Le site
Primitivement, la baie actuelle était une plaine boisée : la forêt de Scissy. L'envahissement par les eaux s'est fait soit progressivement, soit à la suite de la grande marée de 709. La délimitation reste d'ailleurs flottante : avancées de la mer, ensablement de la baie, déplacement du lit des rivières – d'où les surprises des trop fameux « sables mouvants ». Aux marées, 30 000 ha se découvrent, et le flot recule à 17 km, revenant à la vitesse moyenne de 45,80 m par minute (62,50 m aux grandes marées, avec dénivellation de 15,58 m).
Le Mont-Saint-Michel est à 2 km du rivage sud, auquel une digue le relie depuis 1879 ; il mesure 950 m de tour, et le rocher atteint 50 m de haut. En vue de rétablir son caractère maritime, ont été engagés en 2004 un ensemble de travaux qui se sont échelonnés jusqu'en 2015 : construction d'un barrage sur le Couesnon, puis réalisation, en amont et en aval, d'une série d'aménagements hydrauliques complémentaires ; construction d'un nouveau parc de stationnement, point de départ d'un service de navettes de transport public ; construction de nouveaux ouvrages d'accès, dont un pont-passerelle de 900 m environ ; enfin, destruction de l'ancienne digue-route.
L'Histoire et l'art
Ancien lieu privilégié du druidisme, consacré à l'Archange (→ saint Michel) en 710 par Aubert, évêque d'Avranches, l'îlot du Mont-Tombe servit de refuge contre les invasions normandes (ixe s.), puis, bien plus tard, de place forte contre les Anglais (1424-1425 et 1434 → guerre de Cent ans). Les chefs délégués à l'attaque et à la défense (W. de la Pole et Dunois) comme le nombre des assaillants (jusqu'à 20 000 Anglais) montrent assez l'importance symbolique attachée à cet enjeu. Et l'on comprend qu'après la délivrance, jugée miraculeuse, du Mont dédié à l'Archange, ce soit le même saint Michel qui soit apparu à Jeanne d'Arc…
Mais le Mont ne doit pas perdre sa signification originelle, bien plus universaliste que nationaliste. La vision inaugurale d'Aubert nous renseigne en effet sans ambiguïté sur le but recherché : rappeler que le monde n'est pas moins protégé de Dieu en l'ère chrétienne que durant l'Ancien Testament (où le peuple élu était sous la protection de saint Michel, au dire du prophète Daniel), et l'Occident aussi bien que l'Orient – dédié à l'Archange au mont Gargano, dans l'Italie du Sud sous influence grecque. Toujours des « monts », par conséquent, pour nous porter à « regarder vers le ciel ». L'idée est que ce lieu sacré devienne comme une « arche » entre mer et ciel, où viennent seulement « ceux qu'un ardent amour du bien élève vers les cieux et porte à l'adoration du Christ ».
Aussi le Mont-Saint-Michel fut-il dès l'abord une fondation offerte à des chanoines, puis, à partir de 966, à des moines (→ abbaye, monachisme). Ils en firent, non sans mal, et malgré les écroulements et les incendies, le prodigieux assemblage de merveilles que des touristes toujours plus nombreux viennent admirer : le Mont-Saint-Michel, site inscrit au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco en 1979, est aujourd'hui, avec plus d'un million d'entrées par an, le site culturel français le plus visité en dehors de ceux de l'Île-de-France.
Le noyau originel est un sanctuaire carolingien, restauré en 1960, au-dessus duquel a été bâtie une vaste église comportant une nef romane charpentée du xe s., un chœur flamboyant de la fin du xve s. et une façade de la fin du xviiie s. (élevée consécutivement à un raccourcissement de la nef). Au nord se dresse la Merveille, bâtiment de granite construit de 1203 à 1228, qui comprend trois niveaux de style gothique très pur, en bas celui du cellier et de l'infirmerie, puis celui de la salle « des Chevaliers » et de la salle « des Hôtes », enfin celui du cloître, remarquablement décoré, et du réfectoire. Au sud se trouvent des parties romanes de l'abbaye, le châtelet d'entrée, du xive s., et le logis abbatial, aujourd'hui utilisé par les moines. Le Mont a été muni au xve s. d'une enceinte fortifiée qui enclôt le village. Dans ce dernier subsistent une église paroissiale du xvie s., des maisons des xve et xvie s.
Chronologie des constructions
CHRONOLOGIE DES CONSTRUCTIONS | |
Notre-Dame-sous-Terre. Voûtée après | |
Cryptes : chapelle Saint-Martin. | |
Église romane et crypte de l'Aquilon. | |
Après | Reconstruction du mur nord de la nef ; promenoir des moines (muni d'une voûte gothique après l'incendie de |
La Merveille : travaux échelonnés de l'aumônerie (niveau inférieur, côté est) au cloître (3e niveau, côté ouest). | |
Après | Officialité, Belle-Chaise (siège de l'abbé) et bâtiments abbatiaux, à l'est (côté de l'entrée) et au sud-est. |
Clocher gothique en remplacement du clocher roman, incendié en | |
Après | Fortifications et grande citerne. |
Crypte aux gros piliers, puis reconstruction du chœur (écroulé en | |
Nouvelle façade de l'église après démolition des trois premières travées de la nef en |