Bologne

en italien Bologna

Francesco del Cossa, Portrait d'homme tenant une bague
Francesco del Cossa, Portrait d'homme tenant une bague

Ville d'Italie, capitale de l'Émilie et chef-lieu de province.

  • Population : 375 935 hab. (recensement de 2011)

GÉOGRAPHIE

Carrefour ferroviaire et routier, Bologne est une métropole régionale de l'Italie centrale, administrative, commerciale, culturelle et touristique, également industrialisée (mécanique).

L'HISTOIRE DE LA VILLE

Les documents archéologiques prouvent la présence humaine sur l'emplacement de Bologne dès le Néolithique. Au vie s. avant J.-C., une ville étrusque (Felsina) s'y élève, détruite ensuite par les Gaulois. En 189 avant J.-C., les Romains y placent un castrum (Bononia), qui devient un centre commercial et agricole notable. De nouveau détruite lors des invasions barbares, soumise à diverses dominations, réduite à l'état de misérable bourgade, Bologne renaît avec le mouvement communal médiéval. À la fin du xie s., elle devient, grâce à son université, un foyer culturel de rayonnement européen. Elle atteint son apogée au xive s. et compte alors 55 000 habitants.

Au xve s., elle tombe au pouvoir de la famille des Bentivoglio, que détrône en 1506 le pape Jules II. Dès lors, Bologne fait partie des États pontificaux, sauf entre 1797 et 1814, où elle est annexée à la France. Des mouvements libéraux y éclatent en 1831, 1848 et 1859, réprimés par les Autrichiens ; elle est néanmoins réunie au Piémont en 1860.

BOLOGNE, VILLE D'ART

Introduction

Bologne a été l'un des principaux foyers artistiques de l'Italie du Nord. Le noyau ancien de la ville actuelle garde à peu près intact son plan circulaire, ses rues rayonnantes le long desquelles des promenoirs à arcades plantent un décor de noble allure. Il doit sa couleur à l'emploi constant de la brique, souvent enrichie de marbres ou d'ornements moulés en terre cuite. Églises et palais, de même que les musées (Museo civico et Pinacoteca nazionale), abondent en œuvres d'art attestant l'éclat des écoles locales de sculpture et de peinture.

Bologne médiévale

De son passé de ville étrusque, puis romaine, de même que du haut Moyen Âge, Bologne n'a gardé que de faibles traces. Son histoire artistique commence avec la formation de la commune, dont l'apogée se situe au xiie et au xiiie s. C'est alors que Bologne acquiert une renommée internationale de ville savante grâce à son studio, la plus ancienne université d'Europe. L'art roman est représenté par le complexe de Santo Stefano, assemblage de plusieurs petites églises de tradition lombarde (xie-xiie s.). Vers la même époque, l'aristocratie commença à fortifier ses demeures au moyen de très hautes tours carrées (tours penchées degli Asinelli et Garisenda). La torre dell'Arengo est le témoin du palais que la commune se fit bâtir au début du xiiie s. et qui, transformé au xve s., devint le palais du Podestat ; vers 1245, la commune s'installa dans un nouveau palais, dit palazzo di Re Enzo, franchement gothique avec ses fenêtres en arcades subdivisées.

C'est aussi au xiiie s. que le style gothique s'empara de l'architecture religieuse sur l'initiative des dominicains et des franciscains. L'église San Domenico, transformée au xviiie s., garde un témoignage capital de la sculpture gothique, le tombeau, ou arca, du saint, par Nicola Pisano et ses aides. San Francesco conserve sa structure gothique d'influence française.

Le xive et le début du xve s. virent l'effacement de la commune au profit de tyrans successifs, mais l'épanouissement de l'art gothique se poursuivit. Antonio di Vicenzo (1350-1410) est l'auteur principal de quelques-uns des plus importants édifices de la ville : le palazzo di Notari, le gracieux palazzo della Mercanzia et surtout la basilique San Petronio, édifice colossal resté inachevé. Au début du xve s., c'est dans un style encore gothique que Fieravante Fieravanti éleva, face à San Petronio, la majeure partie du troisième et actuel palais communal.

Pendant cette période, Bologne eut aussi une brillante école de peinture, avec des artistes tels que Vitale degli Equi, Jacopo da Bologna, Simone de Grocefissi, Lippo Dalmasio.

La Renaissance bolonaise

L'irruption du nouveau goût dans le milieu gothique de Bologne est attestée par les puissantes sculptures du portail de San Petronio, commandé en 1425 à Iacopo della Quercia. La Renaissance attendit cependant pour triompher la seigneurie de Giovanni Bentivoglio, qui, de 1463 à 1506, gouverna la ville en sage et en mécène. Bologne devint un point de rencontre pour des artistes venus de Toscane ou d'Italie du Nord. La plus belle demeure patricienne qui subsiste de cette époque est le palais Bevilacqua, de goût florentin par ses bossages de façade.

Niccolo de Bari (?-1494), surnommé dell'Arca à cause de ce travail, ajoute à l'arca de saint Dominique un groupe de statuettes qui sera complété par le jeune Michel-Ange ; sa Déploration du Christ, à Santa Maria della Vita, exprime la douleur avec une intensité qui rappelle l'art allemand et les peintres de Ferrare. Ceux-ci ont d'ailleurs joué un rôle capital dans le milieu bolonais : travaux de Francesco del Cossa, Ercole de Roberti, Lorenzo Costa, que complètent ceux du Bolonais Francesco Raiboldini dit il Francia dans une manière ombrienne plus douce. Des fresques et des tableaux d'autel dans les églises San Petronio et San Giacomo témoignent encore, en ce qui concerne L. Costa et Francia, de cette activité.

En 1506, le pape Jules II soumet Bologne, et le mécénat de G. Bentivoglio prend fin. Le style de la Renaissance s'épanouit dans un certain nombre de palais, tel le palazzo Fantuzzi, robuste édifice à bossages peut-être de Sebastiano Serlio. La Renaissance classique triomphe dans la seconde moitié du xvie s., souvent grâce à des architectes étrangers à la ville : Vignole fait les plans de plusieurs palais, et Palladio dessine le corps central du palazzo Ruini (actuel palais de justice). L'université occupe aujourd'hui le majestueux palais Poggi, de Bartolomeo Triachini (?-1587) et Pellegrino Tibaldi (1527-1597), décoré par ce dernier de fresques maniéristes. À l'esthétique maniériste appartient aussi la fontaine de Neptune, érigée en 1566 devant le palais communal (Tomaso Laureti et Giambologna).

Bologne baroque

Au xviie et au xviiie s., la primauté revient à la peinture. En réaction contre le maniérisme dont Denis Calvaert suivit les formules, l'académisme bolonais sut vivifier par l'étude du vrai, son éclectisme officiel. Dès 1585, les trois Carrache fondèrent l'Académie degli Incamminati, pépinière de peintres dont l'activité devait souvent déborder le cadre local (de nombreuses œuvres demeurent à la Pinacothèque de Bologne). Guido Reni, Domenico Zampieri (le Dominiquin), Francesco Barbieri (le Guerchin), Francesco Albani et aussi des figures secondaires comme Giacomo Cavedone ou Giovanni Donducci (il Mastelleta) représentent cette école dans la première moitié et le milieu du xviie s. La carrière d'un autre Bolonais, le sculpteur baroque Alessandro Algardi, est contemporaine.

Le xviiie s. offre, en architecture, l'ample scénographie de la Madonna di Santa Luca, sanctuaire élevé sur une colline par Carlo Francesco Dotti (vers 1670-1759), et le palazzo Montanari, conçu par Alfonso Torreggiani (1682-1764). La fastueuse salle du Théâtre est du dessin d'Antonio Galli, ou Bibiena (1700-1774), membre d'une famille d'artistes bolonais qui doivent leur célébrité à la décoration scénique. Pour la première moitié du xviiie s., les maîtres de la peinture sont le délicat Donato Creti (1671-1749), ou Giuseppe Maria Crespi (1665-1747), dont la touche vibrante exprime une sensibilité très personnelle. Plus tard, les Gandolfi, Ubaldo (1728-1781) et Gaetano (1734-1802), ont été de féconds et habiles décorateurs, influencés par Tiepolo.

LES MUSÉES DE BOLOGNE

Au Musée civique sont conservés bronzes, stèles funéraires typiques (de forme globulaire, ou en fer à cheval), urnes, etc., qui témoignent du lointain passé villanovien, étrusque, celte et romain de Bologne.

La Pinacothèque nationale est surtout consacrée aux peintres de l'école bolonaise du xviie s. (les Carrache, G. Reni, le Dominiquin, le Guerchin, l'Albane, Tiarini) et du xviiie s. (G. M. Crespi).